NGOUNDIANE – Réforme de l’hydraulique rurale : Ofor indésirable à Séokhaye

«Touche pas à ma propriété !» Une lamentation qui reste un véritable cri du cœur des populations des 9 villages qui entourent la localité de Séokhaye, commune de Ngoundiane, qui trouvent impertinente la réforme initiée dans le secteur de l’hydraulique rurale, étant donné qu’elles disposent déjà d’un forage fonctionnel, offert par l’Ong Plan Sénégal avec la contribution des populations. En sit-in ce dimanche, elles disent «non» à cette réforme qui freine «l’émergence locale».
«La privatisation de l’eau sera une contrainte économique et sociale pour les populations avec les augmentations de prix annoncées, mais également un frein au développement local impulsé par le Pudc.» Les populations des villages de Séokhaye, Keur Ibra Kane, Sine, Thiallé, Khourewa, Keur Malamine, Diané, Daraay Serigne Mbacké Madina, Ndioufène, Keur Khollé, Keur Mory Dione, Keur Ibra Faye, commune de Ngoundiane, s’indignent de la privatisation de l’eau au lendemain de la visite d’Aquatech et de l’Office des forages ruraux (Ofor) pour la passation de services. Ayant allumé la flamme de la contestation ce dimanche, elles demandent aux autorités compétentes de réagir face à ce problème avant qu’elles ne prennent en charge sa résolution. En effet, c’est le 1er juillet 2015 que la réforme dans le secteur de l’hydraulique rurale est entrée en vigueur. L’objectif étant de connecter 1 000 km de réseau de la localité Gorom Lamsar à Palmarin, «donner à la population rurale de l’eau potable à un prix accessible et surtout assurer une continuité de services». Toutefois, aux yeux des populations, «la réforme est impertinente». Ce, d’autant dit le porte-parole du chef de village de Séokhaye, «nous disposons déjà et ce, depuis 2004, d’un forage fonctionnel par le biais de l’Ong Plan Sénégal avec la contribution des populations des 9 villages couverts par celui-ci à hauteur de 1 500 F par personne». Serigne Kandji précise : «Rien qu’à Séokhaye, on avait recensé 1 800 personnes ; ce qui fait qu’on avait contribué pour la construction du forage à hauteur de 1,7 million de francs Cfa.» Il s’étrangle devant une foule de rouge vêtue : «Macky Sall avait dit au lendemain de son accession au pouvoir qu’il allait augmenter l’emploi des jeunes, mais cette réforme va dans le sens contraire.» M. Kandji alerte ainsi l’opinion publique et le gouvernement sur «les conséquences désastreuses» qui découleront de l’application de cette réforme dans la localité et environs, surtout que «depuis la construction du forage, une nouvelle ère s’est ouverte pour les populations et surtout les femmes qui peinaient à trouver le liquide précieux». Il rappelle : «On avait institué, sur exigence du partenaire, le principe de la gratuité de l’eau dans les édifices publics, à savoir les mosquées, les écoles…» Mieux, ajoute M. Kandji, «en 2013, une dynamique nouvelle a été impulsée par une équipe de jeunes à la tête de l’Association des usagers du forage (Asufor). Laquelle a permis des améliorations notoires, notamment la mise en place d’un système de gestion rigoureux et transparent par la création d’un logiciel de gestion d’un forage par un jeune du village. Aussi, la réduction du prix du mètre cube d’eau de 350 à 200 francs Cfa pour les ménages et 150 francs pour le maraîchage, l’entretien périodique du réseau de distribution». Sans compter la participation au développement de l’éducation par des actions concertées avec les acteurs éducatifs, notamment l’adduction d’eau au niveau du Cem, la dotation de matériels didactiques, l’électrification de deux salles de classe de l’école primaire. Aussi la gestion de l’approvisionnement en eau du foirail annuel de la Tabaski sans subvention, l’érection d’un système d’alimentation double carburant/électricité, permettant la fourniture continue des populations en eau, le renouvellement complet des colonnes d’exhaure pour l’ancien forage, entres autres performances qui ont fait du forage «un modèle de gestion unique pour beaucoup de forages de la région de Thiès qui nous consultent». En plus de sa vocation de fournir de l’eau aux ménages, «le forage est devenu un levier économique et source de revenus pour les populations», souligne M. Kandji qui fera remarquer que «le Programme d’urgence de développement communautaire (Pudc), implanté sur un périmètre agricole de 5 ha dans notre village, a réussi grâce à la collaboration entre le comité de gestion de l’eau, la Société agricole rurale (Sar) et les intervenants du projet par une tarification souple de 150 francs le mètre cube». Un programme qui a permis «aux jeunes de retourner vers la terre». Outre le Pudc, le forage appuie également les agriculteurs par une baisse du tarif du mètre cube. «Ce qui fait que le maraîchage constitue un secteur d’activités très important pour les usagers du forage. Ce qui est visible à travers l’essor de plusieurs fermes autour du village», renseigne le porte-parole des jeunes, Serigne Kandji, qui indique que «ces activités maraîchères ont fortement contribué à réduire l’exode rural». Toutes raisons qui font que les populations de Séokhaye et environs sont contre la réforme de l’hydraulique rurale. Ainsi invitent-elles le gouvernement «à reconsidérer cette réforme qui ne contribue pas dans une grande proportion à l’amélioration des conditions de vie des populations du monde rural qui sont sans voix».
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