Le secret a été bien gardé. A la surprise générale, Nicolas Sarkozy sort ce vendredi 24 juillet un nouveau livre. Intitulé «Le temps des tempêtes», l’ouvrage a été rédigé par l’ancien Président, essentiellement pendant le confinement. Réussira-t-il à réitérer l’exploit de l’été dernier, quand il avait vendu plus de 300 mille exemplaires de son livre «Passions» ? L’ouvrage représente en tout cas une mine d’anecdotes pour les amateurs de politique française et internationale.

«George Bush était allongé, un oreiller placé sous la tête, blanc comme un linge» : anecdotes et secrets diplomatiques rythment les 500 pages du nouveau livre de Nicolas Sarkozy, comme lorsqu’il raconte cette rencontre surréaliste, quelques semaines après son entrée en fonction, avec le Président américain qui venait tout juste de faire un malaise, pour parler de l’Afghanistan. Fidèle à son tempérament, Nicolas Sarkozy aborde plusieurs des épisodes forts de sa présidence en évoquant la manière dont lui, l’homme, et pas seulement le Président, a vécu les événements. A propos de la libération de Ingrid Betancourt, l’ancien chef d’Etat se remémore l’admiration qu’il eut pour les voyages dantesques de l’émissaire envoyé dans la jungle colombienne. De Angela Merkel, Nicolas Sarkozy retient le courage, la détermination, la capacité de travail, mais aussi la résilience, «à l’image de sa coiffure qui ne change jamais», s’amuse-t-il.
Dans ce livre tiré à 250 mille exemplaires, l’ancien Pré­sident dresse des portraits ciselés de plusieurs dirigeants internationaux, de Vladimir Poutine au colonel Kadhafi, et amorce des mea-culpa comme lorsqu’il revient sur le discours de Dakar. En déplacement au Sénégal en juillet 2007, Nicolas Sarkozy avait choqué en évoquant un homme africain «pas encore entré dans l’histoire». «C’était une erreur, comment le contester», écrit-il, treize ans plus tard.

Un écho à la crise économique que
traverse la France
Le titre du livre, Le temps des tempêtes, fait écho à la crise économique historique que traverse aujourd’hui la France. Mais de quelles tempêtes parle Nicolas Sarkozy dans ce livre ? Il y a les tempêtes personnelles, avec le récit de son divorce en catimini à l’Elysée, les tempêtes politiques, médiatiques – l’ancien Président revient longuement par exemple sur les circonstances de la désastreuse séquence pour lui du «casse-toi pauvre con !» – mais surtout la tempête financière de l’année 2008. Le premier tome couvrant ses 18 mois de présidence. Nicolas Sarkozy n’aborde cette crise que dans les 40 dernières pages. Beaucoup de fierté et pour cause, sa gestion de la crise a été saluée par tous ses pairs étrangers. De la décision de soutenir les banques, de ne pas faire perdre le moindre euro d’épargne aux Français, à sa pression au niveau européen, puis international.
Nicolas Sarkozy reprend le fil des 6 mois qui aboutiront à la faillite de Lehman Brothers en racontant plusieurs scènes jusque-là tenues secrètes comme lorsqu’il est réveillé en pleine nuit par le secrétaire général de l’Elysée, car il faut impérativement décider avant l’ouverture de la bourse si l’Etat évite la faillite d’une grande banque française ou comme lorsqu’il va à la rencontre d’un George Bush affaibli, en fin de mandat, pour lui arracher la création d’une instance diplomatique mondiale qui deviendra le G20.

Un retour en
librairie et un retour en politique ?
Une manière de réaffirmer son image de capitaine dans la tempête. Nicolas Sarkozy termine d’ailleurs par deux pages sur la crise du Covid-19. Sans émettre la moindre critique directe sur Emmanuel Macron, Nicolas Sarkozy se permet quelques leçons entre lignes. «La vie d’après ressemblera à la vie d’avant», écrit-il. Autre critique à peine voilée sur les experts : «Ce sont le Président et les élus qui ont la légitimité du suffrage universel, et elle sera toujours supérieure à celle que peuvent conférer les titres universitaires ou le tirage au sort.» L’ancien Président, interrogé dans Le Figaro, l’a encore répété : «Je ne suis pas en campagne, personne ne me croit, mais c’est la vérité.» Pas un retour en politique, mais plutôt une carte postale de plus de la part d’un homme qui le dit dans ses mémoires : il a toujours cherché à être au centre du jeu. Un jeu qui à droite est bien vide depuis l’élection de Emmanuel Macron.

Rfi