La libération immédiate de Moudi Moussa, Halidou Mounkaila et Maïkoul Zodi, trois défenseurs des droits humains au Niger, arrêtés le 15 mars dernier : Telle est la revendication d’Amnesty international auprès de Niamey.

Au Niger, le sort des trois défenseurs des droits humains Moudi Moussa, Halidou Moun­kaila et Maïkoul Zodi demeure une préoccupation pour Amnesty international (Ai). L’Ong de défense des droits humains exige des autorités de Niamey d’«abandonner les accusations forgées de toutes pièces et (de) libérer immédiatement» ces derniers. Dans un communiqué, Amnesty international souligne que ces défenseurs des droits humains sont «incarcérés depuis 100 jours parce qu’ils ont réclamé la tenue d’une enquête sur les détournements de fonds dont se serait rendu responsable le ministère de la Défense». «Depuis près de deux ans, au Niger, les journalistes et les militants (es) des droits humains sont la cible d’arrestations arbitraires répétées du fait du durcissement de la répression exercée contre les voix dissidentes», a déclaré Samira Daoud, directrice pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale à Amnesty international. Qui poursuit : «Ces militants ont été arrêtés pour des accusations globalement forgées de toutes pièces en vue de saper l’exercice pacifique de leurs droits fondamentaux et leurs revendications en matière d’obligation de rendre des comptes. Il faut libérer immédiatement Moudi Moussa, Halidou Mounkaila et Maïkoul Zodi.»
Ai fait état par ailleurs de 27 arrestations de militants (es), syndicalistes, journalistes et dissidents (es) au Niger, depuis le début de l’année, «dont 17 (qui) sont des militants (es) anti-corruption qui se sont faits l’écho des accusations visant le ministère de la Défense». Aux yeux d’Amnesty international, «l’arrestation et la détention de Moudi Moussa, Halidou Mounkaila et Maïkoul Zodi mettent en lumière la détérioration inquiétante de la situation des droits civils et des libertés» que l’Ong de défense des droits humains «observe et dénonce au Niger ces dernières années». «La répression s’est durcie depuis quelques mois, une dizaine de militants, journalistes, enseignants et défenseurs des droits humains ayant été arrêtés ou poursuivis en justice, parfois sur la base de conversations privées échangées sur les réseaux sociaux», ajoute le communiqué d’Ai.
L’adoption en 2019 d’une loi controversée sur la cybercriminalité de même qu’une sur l’interception des communications électroniques «qui risque de rogner l’espace civique dans le pays» font accroître les inquiétudes d’Amnesty international.
L’arrestation de ces militants a eu lieu le 15 mars dernier. C’était à la suite de l’organisation «d’un rassemblement non autorisé, complicité dans la dégradation de biens publics, incendie volontaire et homicide avec circonstances atténuantes, à la suite d’une manifestation qu’ils ont organisée dans la capitale Niamey». Ces derniers réclamaient, en effet, «la tenue d’une enquête sur les allégations de détournement de fonds révélés par l’audit des contrats du ministère de la Défense en février et dénonçaient l’ingérence de l’Exécutif dans cette procédure».
Autre préoccupation pour Ai : l’arrestation le 10 juin de la journaliste et blogueuse Samira Sabou, «à la suite d’une plainte en diffamation déposée par le fils et chef de Cabinet du Président nigérien». Au sujet de cette dernière, l’Ong de défense des droits humains constate que son incarcération «marque une nouvelle phase dans la volonté de faire taire celles et ceux qui dénoncent la corruption. Samira Sabou est inculpée de ‘’diffamation par un moyen de communication électronique’’ pour une publication sur Facebook, et un commentaire ajouté à ce post par un autre utilisateur de Facebook».
«L’arrestation et la détention de Samira Sabou sont arbitraires et s’inscrivent dans le cadre du harcèlement acharné contre les militants (es) de la société civile et les journalistes. Il faut abandonner tous les chefs d’accusation portés à son encontre et la libérer immédiatement et sans condition», plaide Samira Daoud.
Samira Sabou «se trouve en détention provisoire à la prison de Niamey qui se caractérise par une surpopulation et de mauvaises conditions de détention exacerbées en cette pandémie de Covid-19. Son état de santé se dégrade depuis son arrestation. Si elle est reconnue coupable, elle encourt jusqu’à trois ans de prison et une amende pouvant atteindre trois millions de francs Cfa (environ 4 500 euros)».