Alors que l’Etat sénégalais cherche par tous les moyens à obtenir l’onction du Fmi afin de décrocher des financements, les agences de notation estiment que le niveau d’endettement du pays présente beaucoup de risques. Ainsi, Moody’s Ratings a dégradé hier les notes d’émetteur en devises étrangères. L’agence d’information financière investing.com a publié hier une information expliquant le déroulé du processus.

Moody’s Ratings a abaissé les notes d’émetteur en devises étrangères et locales à long terme du Sénégal de B3 à Caa1, tout en maintenant une perspective négative, a annoncé l’agence vendredi. Cette dégradation reflète les risques accrus concernant la trajectoire de la dette du Sénégal et sa position de liquidité depuis février 2025. Un récent exercice de rapprochement a révélé une dette publique estimée à 119% du Pib pour 2024, compliquant considérablement les efforts d’ajustement budgétaire malgré les avantages de l’appartenance à l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Le ratio d’endettement du Sénégal de 581% des recettes publiques en 2024 dépasse largement la médiane de 283% pour les émetteurs souverains notés B et de 355% pour les pairs notés Caa, ce qui en fait l’un des plus élevés parmi les marchés émergents et frontières à l’échelle mondiale.
L’agence de notation a souligné des progrès plus lents que prévu pour obtenir un nouveau programme du Fonds monétaire international (Fmi), laissant le gouvernement dépendant du marché régional, plus coûteux, pour répondre à ses besoins de financement élevés. Cette situation a augmenté les risques de liquidité et contribué à la détérioration de la soutenabilité de la dette. Bien que le scénario de base de Moody’s suppose un soutien éventuel du Fmi sans restructuration de la dette, la confiance dans ce résultat a diminué. Les négociations formelles avec le Fmi doivent débuter mi-octobre, Moody’s prévoyant un accord sur le programme d’ici mi-2026.
Entre-temps, le Sénégal fait face à des besoins de financement bruts élevés, d’environ 26% du Pib cette année et en 2026. Les paiements d’intérêts devraient atteindre environ 27% des recettes publiques en 2026. Le gouvernement s’est fortement appuyé sur le marché de l’Uemoa, émettant des bons et obligations du Trésor combinés équivalant à 8% du Pib jusqu’à fin septembre à des taux compris entre 6, 75% et 7, 75%.
Moody’s a maintenu la perspective négative, citant les risques persistants pour la liquidité du gouvernement. Des retards supplémentaires dans la conclusion d’un accord avec le Fmi pourraient affaiblir le soutien financier externe et accroître la dépendance au marché régional, avec des contraintes potentielles d’absorption. L’agence a également abaissé les plafonds nationaux en monnaie locale et en devises étrangères du Sénégal à Ba3 et B1, contre Ba2 et Ba3 respectivement.
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