N’occupant que peu de postes au sein de l’Administration : Les femmes cherchent à refaire leur retard !

Les femmes constatent leur faible représentativité au sein de l’Administration sénégalaise, malgré la loi sur la parité. C’est ainsi qu’elles comptent remédier à cela à travers l’Académie de leadership pour la promotion de l’égalité et l’équité de genre dans les hautes fonctions de l’Administration publique sénégalaise, qui a fait hier l’objet d’un séminaire de partage.Par Amadou MBODJI –
Le vote de la loi sur la parité a permis au Sénégal de franchir un nouveau palier avec une proportion record de députées dans le Parlement récemment élu. Mais, il reste toujours d’autres pas à franchir pour garantir l’égalité entre hommes et femmes en ce qui concerne certains postes de responsabilité au niveau de la Fonction publique. «Au 31 décembre 2019, les femmes ne représentent que 23% des effectifs globaux de l’Administration publique du Sénégal, au regard des chiffres produits par le rapport annuel de la Fonction publique. Avec le remaniement gouvernemental de septembre 2022, 8 des 38 postes ministériels sont actuellement occupés par des femmes», renseigne Mme Thioro Mbaye Sall, directrice de Cabinet du Ministre de la Fonction publique et de la transformation du secteur public (Mfptsp), lors de l’atelier de partage sur l’Académie de leadership pour la promotion de l’égalité et l’équité de genre dans les hautes fonctions de l’Administration publique sénégalaise tenu hier.
La mise en place d’une Académie de leadership pour la promotion de l’égalité et l’équité de genre dans les hautes fonctions de l’Administration publique sénégalaise trouve sa pertinence dans un tel état de fait. «Le ministère de la Fonction publique et de la transformation du secteur public, en rapport avec le Bureau opérationnel de suivi (Bos) du Pse et les autres parties prenantes, a lancé la structuration de la réforme Modernisation du service public», au courant de cette année 2023.
C’est dans ce cadre que l’Atelier d’orientation stratégique (Aos) a permis d’identifier un certain nombre de mesures phare, parmi lesquelles «la mise en place d’une Académie de leadership pour la promotion de l’égalité et l’équité de genre dans les hautes fonctions de l’Administration publique sénégalaise», surligne la directrice de Cabinet du ministre de la Fonction publique. Mise en place «avec la coopération technique allemande, à travers le projet «Doolel Admin», «l’Académie de leadership a l’objectif de créer un cadre fédérateur où les femmes de l’Administration seront renforcées, capacitées et outillées de sorte qu’elles puissent exercer un leadership transformationnel et affronter avec sérénité et assurance les défis de leurs vie professionnelle», à en croire la directrice de Cabinet. «De plus, grâce à la loi sur la parité votée le 14 mai 2010 par l’Assemblée nationale, adoptée par le Sénat le 19 mai et promulguée le 28 mai 2010, le Sénégal s’est retrouvé, à l’issue des élections législatives de juillet 2022, avec 77 sièges occupés par des femmes, sur un total de 165 (environ 44%)», rappelle la directrice de Cabinet, avant de mentionner qu’«au cours des dernières années, ces progrès fort louables ont contribué à favoriser la participation des femmes à la gouvernance, mais demeurent toutefois en deçà des attentes ; l’égalité des sexes dans l’Administration publique accuse un retard considérable». «En ce qui concerne la règlementation nationale, la Constitution de la République du Sénégal consacre dans son Préambule, son adhésion à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples…, proclame l’accès de tous les citoyens, sans discrimination, à l’exercice du pouvoir à tous les niveaux, l’égal accès de tous les citoyens aux services publics, le rejet et l’élimination, sous toutes les formes, de l’injustice, des inégalités et des discriminations», fait-elle remarquer.
A cet effet, la directrice de Cabinet du ministre de la Fonction publique invite à «réfléchir ensemble à la mise en place d’un mécanisme de réseautage entre femmes leaders confirmées qui pourront échanger avec leurs cadettes sur leurs expériences de vie et influencer positivement leur trajectoire professionnelle».
Sa conviction, souligne-t-elle, «est que l’Administration du futur, c’est également une Administration qui reflète de par sa composition, l’égalité et l’équité de genre en parlant des hommes et des femmes». «C’est une Administration qui, consciente de la charge de travail traditionnellement dévolue aux femmes, investit dans des mesures préventives et correctrices qui prennent en compte les contraintes de genre et les besoins socio-spécifiques», affirme-t-elle. L’autre défi, c’est de voir, selon la Dc du ministre de la Fonction publique, «surtout une Administration qui pourra réussir le pari de changer la donne pour faire éclore une nouvelle génération de femmes leaders».
ambodji@lequotidien.sn