C’est une guerre syndicale. La polémique suscitée par la demande du Pr Ismaïla Madior Fall d’être affecté à l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan) est en train de se transformer en guerre entre le Saes et le Sudes/Esr. Suite à la réaction du Pr Fall et du porte-parole du Recteur de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad), le Sudes/Esr est revenu à la charge en persistant sur la supposée violation flagrante du décret 84-1184 du 13 octobre 1984 portant organisation et fonctionnement de l’Institut fondamental d’Afrique noire. Selon les membres dudit syndicat, le Recteur de l’Ucad avait consulté le directeur de l’Ifan pour une affectation du Pr Fall dans cet institut.

Ce dernier a informé l’Assemblée des chercheurs de l’Ifan le 30 avril 2024, et non le 6 mai. A en croire les syndicalistes du Sudes/Esr, ces démarches violent le décret susmentionné. Et d’expliquer : «L’As-semblée de l’Ifan, au vu des articles 10 et 11 du décret susmentionné, n’est pas un organe habilité à statuer sur les questions liées à l’affectation de Per, qui relèvent du comité scientifique, comme le stipule l’article 8 du même décret.»

Si le Sudes/Esr parle de violation des règles dans cette affaire, la Coordination du Saes Campus de Dakar soutient le contraire. Dans un communiqué, elle «porte à la connaissance de la communauté universitaire et de l’opinion publique qu’à ce jour, aucun acte de procédure n’a été déposé à I’Ifan et encore moins examiné par le comité scientifique de cet institut, seule instance habilitée à émettre un avis sur le détachement d’un enseignant ou l’affectation d’un chercheur dans un établissement d’enseignement ou de recherche».

Dans la même veine, les auteurs du document rappellent que le décret 84-1184 du 13 octobre 1984 en vigueur, en son article 24, dispose que «des membres du personnel enseignant des facultés peuvent être affectés à I’Ifan pour une durée de trois ans renouvelables, par arrêté du ministre chargé de l’Enseignement supérieur, sur proposition du comité scientifique et après avis de l’Assemblée de l’université». Poursuivant leurs explications, ils soulignent qu’à ce jour, «le directeur de l’lfan, consulté par le Recteur sur l’affectation du camarade Ismaïla Madior Fall, n’a fait qu’informer l’Assemblée d’établissement lors de sa session du mardi 30 avril 2024, dans l’attente du déclenchement de la procédure telle que prévue à l’article susmentionné». Prenant la défense de l’ancien ministre de la Justice et des Affaires étrangères, et aussi celle de l’Ifan, le Saes précise que ledit institut «a une longue tradition d’accueil de collègues mus par le désir de promouvoir la recherche au sein de I’Ucad au regard du caractère prestigieux de l’institut, qui n’a rien d’un établissement servant à caser des personnes». Aussi, déplorent les membres du Saes de l’Ucad, «considérons-nous qu’il est intolérable que des délits d’opinion soient soulevés ces derniers jours à l’endroit du camarade Ismaïla Madior Fall et que cela puisse contribuer à semer le doute : d’une part sur la crédibilité des instances de I’Ifan principalement habilitées à statuer sur la question comme il l’a déjà fait dans le passé, d’autre part sur le respect de la liberté accordée à tout enseignant-chercheur d’imprimer à la gestion de sa carrière l’orientation qu’il souhaite y apporter». Ce, précisent-ils, d’autant plus que «l’intéressé a déjà été réintégré dans ses fonctions de professeur titulaire à la Fsjp par arrêté numéro 00001199 du 03 mai 2024».

En définitive, fait savoir le Saes, «il appartiendra au Comité scientifique de l’Ifan, une fois saisi en bonne et due forme, de prendre les décisions appropriées sur l’acceptation ou non du collègue en cause».

Ainsi, le Saes, qui estime que cette polémique n’a pas sa raison d’être, «appelle la communauté universitaire à davantage de retenue afin d’éviter de faire de I’Ucad un enjeu politique, un terrain de règlement de comptes personnels». Par ailleurs, «la Coordination du Saes Campus de Dakar réaffirme son engagement pour la défense des intérêts matériels et moraux des militants, et entend jouer pleinement son rôle d’avant-gardiste et de veille dans l’application des textes qui régissent la communauté universitaire».
Par Dieynaba KANE – dkane@lequotidien.sn