La nomination des 12 membres du nouvel Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), suite à un décret pris par le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, est effective depuis hier. Moustapha Ka et Birahim Seck sont le président et le vice-président de la structure composée de nombreux autres magistrats. Cette réforme fait suite à l’adoption d’une nouvelle loi sur l’Ofnac et marque une refondation de l’organe anti-corruption.

C’est la fin de mission pour Serigne Bassirou Guèye et Cie. La nomination des douze membres du nouvel Office national de lutte contre la Fraude et la Corruption (Ofnac), le 27 novembre 2025, par le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, marque un tournant institutionnel majeur au Sénégal, symbolisant une volonté de «reset» dans la lutte contre la corruption. Cette recomposition s’inscrit dans le cadre d’une réforme législative globale (notamment les lois 2024-06 et 2025-12) visant à doter l’Ofnac de pouvoirs renforcés et d’une indépendance accrue. L’aspect le plus symbolique de cette nomination réside dans le processus de sélection : le premier appel à candidatures public jamais organisé pour nommer les membres de la structure. Auparavant, les membres étaient nommés discrétionnairement par le chef de l’Etat. Ce changement est une réponse directe aux critiques antérieures concernant le manque d’indépendance de l’Office et le risque de clientélisme ou de népotisme.
La réception de 233 dossiers et leur analyse par un comité indépendant soulignent l’engagement à privilégier la compétence technique et les garanties éthiques requises par la loi. Bien que le processus soit plus ouvert, le défi crucial reste
l’indépendance réelle de ces nouveaux membres vis-à-vis du Pouvoir exécutif qui, in fine, les nomme par décret. La Société civile et l’opinion publique attendront des actes concrets pour valider cette indépendance.
Moustapha Ka, magistrat aguerri, titulaire d’une Maîtrise en droit des affaires, avec plus de deux décennies d’expérience dans la Justice sénégalaise (Substitut du procureur, Avocat général, directeur des Droits humains, etc.), succède à Serigne Bassirou Guèye. Il revient par une autre porte après avoir été limogé à la Direction des droits humains, promettant que M. Karim Wade sera réhabilité lors du passage du Sénégal devant le mécanisme d’évaluation du Comité des droits de l’Homme onusien. Le vice-président, Birahim Seck, est l’ancien coordonnateur du Forum civil, une figure reconnue de la Société civile et de la lutte contre la corruption.
La sélection des deux figures-clés envoie des signaux forts sur la nature de la nouvelle version de l’Ofnac.
Le tandem Ka-Seck vise à fusionner l’expertise judiciaire (Ka) avec la légitimité et l’engagement citoyen (Seck), cherchant à inspirer confiance tant dans la rigueur des enquêtes que dans l’impartialité de l’institution.
Ces nominations s’opèrent dans un contexte de réforme profonde de l’Ofnac, lui conférant des outils d’action beaucoup plus incisifs. La nomination de ce nouveau collège de 12 membres, dirigé par un magistrat technique et une figure de la Société civile, est une étape concrète de la «refondation» promise par le Président Faye.
Elle combine une méthode de recrutement transparente et des profils de haut niveau pour répondre à la nouvelle loi sur l’Ofnac. Le succès de cette nouvelle équipe se mesurera à sa capacité à exercer ses nouveaux pouvoirs d’investigation sans instrumentalisation politique, à traiter les dossiers sensibles sans distinction d’appartenance et à publier un rapport d’activités qui démontre une efficacité réelle dans la lutte contre l’impunité.
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