Non monsieur le maire, vous n’avez pas le droit

Diantre ! Le maire de la Médina, bras droit, fervent défenseur, bouclier et premier rempart du député-maire Khalifa Ababacar Sall, flirterait avec les prairies marron beige.
Une expression classique me vient subitement à l’esprit : «Le temps dans sa marche immuable détruit tout, il modifie même les idées des hommes.»
Non, c’est faux, c’est de la politique fiction, un fantasme que les partisans du régime au pouvoir essaient d’entretenir pour semer le doute dans les esprits des observateurs les plus avertis, mais j’avoue que cette scène «théâtrale» semble se transformer en une représentation vraiment cocasse.
Au fait, si cette songerie et cet onirisme fantasques ne sont pas devenus une chimère qui passe, repart et repasse telle une vague tourbillonnante et à l’image des rumeurs qui surgissent tous les matins dans notre microcosme bruyant, M. le maire, vous n’avez pas le droit.
Vous n’avez pas le droit d’abdiquer face aux pourfendeurs les plus radicaux de votre maître à penser et leur leader, lequel a cautionné les maléfiques souhaits de votre ex Sg pour incarcérer votre mentor qui croupit en geôle depuis presqu’une année, avant le début d’un procès inéquitable que vous avez toujours qualifié de politique. Votre parrain que vous avez accompagné partout, conseillé, avec qui vous avez combattu dans toutes les batailles dans votre propre parti d’abord. Et comble de ridicule, c’est au moment où votre futur ex-leader aura plus besoin de vous que vous êtes sur le point de le lâcher et de lui asséner un coup fatal dans le dos et sans défense.
Vous n’avez pas le droit M. le maire, car vous êtes à la tête d’une mairie très stratégique, populaire, gagnée certes grâce à vos talents d’homme politique avéré, de rassembleur sans commune mesure, et de votre stratégie de communication juste, fut-elle maladroite quelquefois, c’est normal, on ne vous en tient pas rigueur, l’art oratoire ne s’apprend pas dans les rues médinoises. Mais vous ne pouvez pas nier que AKS a été un pion essentiel dans votre réélection en tant qu’édile, surtout avec l’avènement de l’Acte 3 de la décentralisation.
Vous n’avez pas le droit M. le maire ! Pensez à ces honnêtes citoyens de la ville de Dakar, en particulier de la Médina, qui ont voté avec conviction pour vous et votre coalition en échange d’un «Espoir» certain que vous incarniez à travers AKS, lequel vous avez voulu installer à la Magistrature suprême ! Ne brisez pas l’idéal et l’espérance de ces milliers de militants et de sympathisants qui sont derrière vous et ne vous suivront pas systématiquement pour aller dans d’autres prairies, fussent-elles plus fleuries, herbeuses et légumineuses !
Vous n’avez pas le droit M. le maire ! L’adversaire politique que vous avez tant décrié et traité de tous les noms d’oiseaux pour défendre votre mentor ne mérite point que vous descendiez aussi bas pour vous décrédibiliser et de ce fait déconsidérer et discréditer toute la classe politique encore une fois. Ce qui supposera encore que nos (hommes et femmes) politiques au Sénégal n’ont pas de convictions, mais n’ont que des intérêts. Pensez à ces jeunes diplômés prêts à faire le grand saut pour entrer dans ce marigot de caïmans pourtant supposé être un lac de fleurs et de pétales roses, malgré quelques épines, dards, griffes et aiguilles !
Et enfin, vous n’avez pas le droit M. le maire ! Au regard de vos honorables prénoms que vous portez fièrement (à raison bien sûr), vous devez continuer d’assumer les valeurs cardinales, religieuses et intellectuelles de votre guide spirituel et homonyme aux qualités extraordinaires reconnues dans le monde.
Si vous marchez tout droit pour coaliser avec votre adversaire d’hier, je vous suggère que cela n’en vaut guère la peine mon cher maire. Même si l’élargissement de AKS vous est assuré et que la mairie de la capitale vous sera offerte sur un plateau d’argent juste après l’élection présidentielle de 2019, l’éthique, la loyauté, le patriotisme, la dignité et la combativité demeurent les plus jolis mots qu’un politique espère entendre dans ce landerneau et là vous avez une belle occasion de rentrer dans l’histoire politique. A vous de l’écrire !
Pour en finir avec mon baratin oups, mon laïus, je termine avec ces mots de Anne Barratin : «Heureusement qu’il faut mourir, sans cela, que de bêtises de plus on ferait.»
Baïdy Bocar SY
Citoyen sénégalais
baidybocar@yahoo.fr