Le Premier ministre veut en finir avec les recrutements pléthoriques de certains agents non fonctionnaires. Il a demandé à tous les ministères et services de l’Etat de ne pas reconduire les Cdd et contrats spéciaux des agents non fonctionnaires.

Le Plan de redressement qui sera présenté aujourd’hui va, on peut l’imaginer, comprendre des mesures de restriction et de compression dans beaucoup de domaines. On le saura peut-être à la fin de la journée, une fois que le document sera rendu public. Mais si les dirigeants du pays sont en cohérence avec leurs décisions jusqu’à ce jour, les Sénégalais devraient se préparer à faire un trou supplémentaire à leur ceinture.

On se rappelle encore la note circulaire signée le 29 août 2024, dans laquelle le Premier ministre donnait des mesures de «rationalisation dans l’aménagement et l’occupation de l’espace de travail». Il y recommandait, entre autres, la réduction de certains consommables dans certains services, comme les imprimantes. En plus de cela, il veillait à l’installation et l’utilisation parcimonieuses de réfrigérateurs, micro-ondes, téléviseurs, machines à café et autres, dans les espaces de travail.

L’idée à la base de cette circulaire était de mettre en avant dans l’Administration publi­que, un «souci de rationalisation et d’économie», afin que l’Administration sénégalaise «s’aligne aux meilleurs standards». Quelques semaines après, éclatait la bombe des chiffres falsifiés, et la mise au jour d’une dette abyssale et d’un pays «au quatrième sous-sol». Cette «découverte» aura permis de justifier toutes les mesures de restriction économique.

Le Plan de redressement qui vient va permettre de rendre publiques des mesures draconiennes dont tout le monde espère qu’elles ne vont pas achever une économie déjà exsangue. Toutefois, certains services de l’Etat en ont déjà eu un avant-goût.

Non-renouvellement des contrats
Dans certains services ministériels, il est fait état d’une directive de la Primature qui a décidé de ne pas renouveler les contrats de certains agents ou employés qui ne sont pas des fonctionnaires. La mesure ne concerne pas que les ministères, mais également des agences, directions ou offices publics ou parapublics.

Des agents parlant sous le sceau de l’anonymat indiquent que tous les agents embauchés en Cdd (Contrats à durée déterminée) ou par contrats spéciaux, et qui arriveraient au terme de leur contrat, se voient systématiquement demandés d’arrêter leurs prestations. Pour certains services, même les indemnités de fin de service ne sont pas versées aux personnes libérées. Or parfois, selon les services, ces indemnités peuvent représenter jusqu’à 6 mois de salaire.

Ces décisions visant à faire des économies de bout de chandelle ne datent pas de Sonko, même si ce dernier semble vouloir les appliquer avec détermination. Un inspecteur du Travail souligne que l’Admi­nistration a fini par se retrouver avec un nombre insoutenable de contrats spéciaux. «Des ministères ont recruté à un grand nombre d’emplois, plus qu’ils n’étaient en mesure d’absorber.» Et pour blinder une certaine clientèle, «des ministres et des directeurs généraux se sont empressés de signer des Cdi ou Cdd à ces nouveaux recrutés. L’ennui étant que certains n’avaient pas de tâches à leur confier, et parfois même pas de bu­reaux».

Mieux, ou pire, dans certains services, les nouveaux dirigeants se sont empressés eux aussi de recruter leur propre clientèle, en sabrant les plus faibles de ceux qu’ils ont trouvés. «On a vu des personnes embauchées, et à qui leur patron a demandé de rester chez elles.»

Cette situation est due au fait que les recrutements, depuis l’époque de Wade, ne se sont plus opérés de manière orthodoxe. Souvent même, le ministère de l’Emploi est mis devant le fait accompli et ne connaît plus le besoin réel des différents ministères. La mesure de Sonko, d’arrêter le renouvellement des contrats, ne va pas nécessairement remettre les choses sur les rails, mais réduire quelque peu l’hémorragie financière. Il semblerait même que dans certains services, même des Cdi ont été arrêtés, sous différents prétextes. Même si dans certains cas, les personnes déflatées ont pu être remplacées très rapidement…
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