L’année scolaire 2018-2019 risque de connaître des perturbations. C’est l’avertissement du Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal (Sudes). Le Sudes qui dénonce la mauvaise gestion des problèmes de fond dans le secteur de l’éducation par le gouvernement l’appelle à prendre les mesures nécessaires pour une année scolaire apaisée.
Le tableau dressé par le Sudes sur la situation de l’école à 24h de la rentrée n’est pas reluisant. Le Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal (Sudes) a fait savoir dans une déclaration que la rentrée «est malheureusement placée sous de mauvais auspices à cause de la mauvaise gestion des problèmes de fond dans le secteur de l’éducation». Dans son document, le syndicat dirigé par Amadou Diaouné souligne que «sur fond d’une année électorale grosse de difficultés, de tensions et de troubles possibles, le gouvernement ne semble pas avoir respecté l’application des accords du 30 avril qu’il a signés avec le G6». A cela s’ajoute le fait que «les syndicats d’enseignants dits non représentatifs (sont) marginalisés, mis quasiment hors la loi avec le déni par le gouvernement de leur raison d’être». Mais le plus grave, estiment ces syndicalistes, c’est «le criard déficit structurel d’enseignants dans tous les cycles d’enseignement public». D’après eux, ce problème «va sérieusement plomber le bon déroulement des enseignements-apprentissages».
Analysant cette question, le Sudes soutient que le gouvernement, en refusant de négocier avec le Syndicat des inspecteurs de l’éducation nationale du Sénégal (Siens), en lutte depuis quatre mois, «a sérieusement hypothéqué la formation initiale des élèves-maîtres dans les Centres régionaux de formation des personnels de l’éducation (Crfpe)».
Jugeant le temps de formation de cette promotion insuffisant, les syndicalistes de cette organisation font savoir «qu’il ne peut être question d’envisager l’organisation des examens de fin de formation pour ces élèves-maîtres». Cette situation aura comme conséquence, soulignent les syndicalistes, le déficit en personnels qui «sera tout aussi manifeste dans les cycles d’enseignement moyen et secondaire pour lesquels le faible quota d’élèves professeurs en formation à la Fastef, recrutés à la va-vite en avril passé, sera loin de couvrir les besoins en temps voulu».
Autre conséquence, d’après le Sudes, c’est «la dégradation accentuée des conditions de travail : effectifs pléthoriques, surcharges horaires, difficultés dans les évaluations, redéploiements etc.» Dans la même veine, il déclare que «le refus inacceptable de trouver des accords avec le Siens aura pour conséquence le chamboulement total des échéances dans le programme des examens pratiques du Cap qui concernent des milliers de maîtres».
Le syndicat qui rappelle que «tout cela fait l’objet d’accords signés» exige, pour l’intérêt du système éducatif, le respect de la durée indispensable pour une formation initiale de qualité. Et aussi pour la paix sociale un «accord satisfaisant pour tous, sur la révision du système de rémunération et de motivation des agents de la Fonction publique».
Recours à l’Uvs et aux Instituts privés pour l’orientation
des bacheliers : un dangereux pis-aller
Parlant de la situation dans l’enseignement supérieur public, le Sudes trouve «scandaleux que depuis trois ans, l’ouverture des universités publiques de Diamniadio et de Kaolack ainsi que celle des Isep en chantier soit toujours renvoyée à plus tard». Ce qui, d’après les membres de cette organisation, rend «l’orientation plus que de raison de milliers de nouveaux bacheliers à l’Uvs et dans des structures privées d’enseignement supérieur, un dangereux pis-aller auquel il faut mettre fin». Le Sudes dénonce aussi «l’insuffisance notoire d’enseignants-chercheurs qui fait que dans toutes les universités publiques, l’Etat a recours à des milliers de vacataires à l’emploi précaire, sans droit et exploités, ne bénéficiant d’aucune considération et traitement à la mesure de leur contribution au fonctionnement de ces institutions universitaires».
Au regard de toutes ces difficultés notées dans l’enseignement d’une manière générale, le Sudes prédit une année scolaire et universitaire pleine de dangers «à cause de l’incurie du gouvernement face aux questions d’éducation et dans la gestion des relations professionnelles». Pour relever ces défis, cette organisation syndicale appelle ses membres ainsi que les travailleurs en général à la mobilisation.
dkane@lequotidien.sn