Ils l’ont expulsé de ses propres murs. Ils ont cru qu’un homme seul, un octogénaire, serait une proie facile. Un self-made man, autodidacte, qui a bâti son empire à la sueur de son front, se retrouve aujourd’hui face à des fossoyeurs en costume-cravate. Son nom est Bocar Samba Dièye. Et son combat est désormais le nôtre.
Son crime ? Avoir cru aux règles, à la parole donnée, et avoir osé contester une dette qu’il affirme ne pas devoir. En réponse, la machine s’est mise en branle : une expulsion forcée de trois de ses bâtiments à Dakar, un Tribunal qui se déclare incompétent, et une Justice qui semble, une fois de plus, broyer l’individu au profit du plus fort.
Honorer la mémoire de nos bâtisseurs
Que reste-t-il d’une société qui ne respecte plus ses aînés, ceux-là mêmes qui ont posé les pierres de notre présent ? Bocar Samba Dièye est l’archétype de cette génération qui a tout sacrifié pour construire. Il incarne le travail, la persévérance et la réussite par le mérite. Aujourd’hui, on le traite comme un gêneur. On veut faire de lui un exemple, un vieux lion abattu pour rassurer les troupeaux.
Mais ils ont oublié l’essentiel : on peut prendre ses biens, mais on ne peut pas briser sa dignité.
La lâcheté ordinaire et le courage solitaire
Pendant ce temps, une autre foule se lève. Celle qui bat le macadam pour soutenir des personnalités mises en cause dans de lourds dossiers judiciaires. Où sont-ils donc aujourd’hui pour Bocar ? Où sont ces hurleurs avec les loups, ces défenseurs à géométrie variable de la «Justice» ?
Ils sont silencieux. Parce que le combat d’un vieil homme seul ne fait pas la une des journaux people. Parce que prendre le parti d’un David contre Goliath demande un courage qui ne se monnaie pas. C’est un combat de principe, et les principes, en ces temps, sont une denrée rare.
Nous sommes tous Bocar Samba Dièye
Ce n’est pas seulement l’histoire d’un homme. C’est l’histoire de tout un chacun qui pourrait se faire spolier demain. C’est le combat de tout père de famille qui veut transmettre un héritage à ses enfants. C’est la lutte de tout entrepreneur contre l’arbitraire des puissants.
Son combat solitaire est un miroir tendu à notre société. Allons-nous laisser faire ? Allons-nous accepter que ceux qui ont tout bâti soient jetés comme de vieilles choses inutiles ?
La réponse est non.
Il est temps de rompre ce silence complice. Il est temps de dire à Bocar Samba Dièye qu’il n’est plus seul. Partager son histoire, c’est déjà lui tendre la main. Exiger que la lumière soit faite sur son affaire, c’est se tenir à ses côtés.
Honorons le combattant, pas les fossoyeurs.
Sa résistance est un principe. Son courage, une leçon. Sa cause, notre devoir.
Nous sommes tous le vieux Bocar Samba Dièye
Le Patriote Bocar
KOUNDOUR
bocark@gmail.com