Nous y sommes Le nouveau ministère : une ère de renouveau pour la culture

Le récent remaniement ministériel porteur d’espoir pour la culture voit Khady Diène Gaye quitter le portefeuille ministériel qu’elle dirigeait, au profit de Amadou Ba. Cette nomination est perçue comme un signal fort de la part des plus hautes autorités, une reconnaissance de l’importance de la culture dans la vie de la Nation. Lors des élections législatives de novembre 2024, au cours d’un meeting de Pastef tenu au Stade Amadou Barry de Guédiawaye, le Premier ministre Ousmane Sonko avait déjà souligné l’importance de ce secteur. Ces propos ont été suivis de deux Conseils des ministres au cours desquels le président de la République a insisté sur la nécessité de re-dynamiser la culture au Sénégal. C’est devenu chose faite et une réalité pour nous artistes, créateurs et diffuseurs de spectacles.
Une articulation stratégique : Culture, Artisanat et Tourisme
L’articulation du nouveau ministère, qui regroupe la Culture, l’Artisanat et le Tourisme, est une rectification attendue. Elle reflète la conviction que ces trois secteurs sont intrinsèquement liés et peuvent se renforcer mutuellement. De la troisième position en termes de préséance dans l’ancien gouvernement, la culture passe en première place dans ce nouvel ensemble, ce qui témoigne de l’importance qui lui est désormais accordée. Cette nouvelle organisation marque un tournant stratégique. L’artisanat, porteur de notre patrimoine et de notre créativité, et le tourisme, vecteur de visibilité internationale et de développement économique, sont des alliés naturels de la culture. En les regroupant sous un même ministère, l’Etat reconnaît leur interdépendance. Cette synergie promet de transformer les créations artistiques en produits touristiques, et l’artisanat en un pilier de l’attractivité du pays.
L’articulation du ministère de la Culture, de l’artisanat et du tourisme est une décision stratégique qui reconnaît la synergie profonde entre ces trois secteurs. Ce n’est pas un simple regroupement administratif, mais une vision de développement cohérente et mutuellement bénéfique.
La Culture est l’âme d’une Nation. Elle est le fondement de l’attractivité. Elle englobe le patrimoine immatériel, l’histoire, les traditions, les arts et les modes de vie. Elle est la première motivation des voyageurs en quête de sens et d’authenticité. Un pays sans une offre culturelle riche et accessible a peu de chance de se démarquer sur la scène touristique mondiale. Par exemple, un festival de musique traditionnelle ou un site historique bien préservé n’attire pas seulement des visiteurs ; il raconte une histoire, crée un lien émotionnel et donne au tourisme sa valeur unique. (Je prends l’exemple de l’île Gorée, la Place de la Renaissance etc.).
L’Artisanat est le pont tangible entre la culture et le tourisme. Il matérialise l’identité d’un Peuple. C’est la culture qui prend forme, que ce soit à travers la poterie, le textile ou les objets d’art. Les produits artisanaux sont le souvenir qu’un touriste ramène chez lui, mais ils sont aussi le reflet d’un savoir-faire ancestral. En liant l’artisanat à la culture, on assure la préservation de techniques traditionnelles et on crée une chaîne de valeur économique directe pour les communautés locales. Les ateliers d’artisans deviennent des attractions touristiques, et les touristes, en achetant, contribuent directement à l’économie locale.
Le Tourisme est le levier économique qui permet de monétiser la culture et l’artisanat. C’est le moteur de la valorisation. C’est le secteur qui organise l’accueil des visiteurs, la promotion des destinations et la création d’expériences mémorables. Sans une infrastructure touristique bien développée (hôtels, guides, transport), les trésors culturels et les produits artisanaux resteraient inaccessibles. En plaçant ces trois domaines sous une seule bannière ministérielle, l’Etat crée un cercle vertueux : la culture et l’artisanat attirent les touristes, et le tourisme génère les revenus nécessaires pour préserver et promouvoir la culture et l’artisanat.
En mettant en place cette articulation pour le secteur de la culture et des filières des industries culturelles, l’Etat démontre une fois encore qu’on peut réellement maximiser l’impact économique en combinant ces trois secteurs. Il s’agit d’une approche politique visant à transformer la culture et le patrimoine en de véritables leviers de développement national.
Pour ma part, à l’heure d’aujourd’hui, L’Etat perçoit désormais la culture, l’artisanat et le tourisme comme les maillons d’une même chaîne de valeur. La culture n’est plus considérée comme une simple dépense, mais comme un actif stratégique capable de générer des revenus. L’artisanat offre des produits concrets qui découlent directement de l’identité culturelle, tandis que le tourisme sert de canal pour attirer les consommateurs et les investisseurs. En regroupant ces trois secteurs, l’Etat cherche à créer un écosystème où chaque élément nourrit l’autre, permettant de capter et de monétiser la richesse du patrimoine national pour en faire un moteur de croissance et de création d’emplois.
C’est une manière d’assurer la cohérence et l’efficacité administrative. Cette articulation vise également à résoudre des problèmes d’efficacité administrative. Auparavant, les questions liées à la culture, à l’artisanat et au tourisme étaient souvent réparties entre différents ministères. Cette fragmentation entraînait des conflits de compétence, des lenteurs bureaucratiques et un manque de vision unifiée. En les plaçant sous une seule autorité, l’Etat garantit une meilleure coordination des politiques publiques. Le même ministre est chargé de la promotion des festivals, de la régulation de l’artisanat et de la promotion des destinations, ce qui assure une cohérence dans les messages et les actions.
Enfin, cette décision traduit une vision de développement plus complète. L’Etat reconnaît que le progrès ne se mesure pas uniquement par la construction de routes ou d’usines. Un développement durable doit intégrer la dimension humaine et identitaire. L’articulation permet de promouvoir un développement holistique, un tourisme plus responsable, centré sur la découverte culturelle plutôt que sur le seul tourisme de masse. L’objectif est de préserver le patrimoine tout en le valorisant économiquement, créant ainsi un équilibre entre tradition et modernité pour le bien-être de la Nation.
Les défis du nouveau ministre : entre héritage et nouveauté
Amadou Bâ, acteur actif et homme politique reconnu pour son charisme et sa capacité à rassembler, hérite d’un portefeuille aux missions complexes. Ses qualités d’éloquence et sa pertinence, déjà démontrées au sein de son parti Pastef ainsi qu’au niveau de l’Assemblée nationale, lui seront précieuses pour relever les défis qui l’attendent.
Afin de garantir un démarrage efficace, il serait judicieux que le nouveau ministre prenne contact directement avec les acteurs des différents secteurs artistiques. S’entourer d’une équipe aguerrie, composée d’hommes et de femmes expérimentés, est un autre conseil essentiel pour lui prodiguer de bons conseils.
Son parcours et les premières déclarations des autorités nous réconfortent dans la conviction que la culture retrouvera la place qui lui est due dans le développement de notre Nation.
Qu’il soit assuré que les acteurs des arts et de la culture se tiennent à sa disposition. Nous sommes prêts à l’ accompagner dans ses missions et à mettre notre expertise au service de ses ambitions pour notre secteur. Nous sommes convaincus que, par un dialogue constructif et une collaboration fructueuse, nous pourrons relever les grands défis et bâtir un avenir meilleur pour la culture.
Mais, nous voulons insister sur le fait, Monsieur le ministre, qu’il est crucial de clarifier les missions du Secrétaire d’Etat à la Culture, au patrimoine et aux industries créatives, ainsi que de la Direction générale de la Culture. Une définition claire des rôles permettra d’éviter les chevauchements et les cacophonies. Il est également nécessaire d’accorder une importance aux dossiers en attente, tel que le Plan stratégique pour le développement du théâtre (Psdt), qui a fait l’objet de longues années de réflexion et qui n’a pas été pris en compte par le ministre sortant.
Pape Meissa GUEYE
Artiste Indépendant