C’était un argument qui avait son pesant d’or. Aux premières heures de la déferlante de l’opposition aux dernières élections locales, le maire de Dakar disait ne pas voir l’intérêt de se conformer à une loi que l’Assemblée nationale se faisait un plaisir de bafouer. Barthélemy Dias, fraîchement porté à la tête de la Ville de Dakar, avait pointé du doigt la composition du Bureau de l’Assemblée nationale pour maintenir Abass Fall comme son premier adjoint contre les dispositions de la loi sur la parité. En odeur de sainteté alors avec le parti Pastef, Taxawu Senegaal s’était investi dans une défiance sans commune mesure. Hier, l’acte final du divorce entre les deux plus grandes formations de la Coalition Yewwi askan wi a été scellé. Le Conseil municipal de la Ville de Dakar a finalement opté pour le respect de la loi, enjoint par la Cour d’appel. Comme l’avait prédit le journal Le Quotidien, Barth’ a affirmé ceci : «Mon avis n’est pas important. C’est la décision de la Justice et nous sommes obligés de nous y conformer.» Par conséquent, Abass Fall du parti dissous Pastef n’est plus le premier adjoint au maire de la Ville de Dakar. Le poste a échappé aux «Patriotes». La tentative de Marie Rose Faye de conserver le poste a été sanctionné par 20 voix. Ngoné Mbengue de Taxawu Senegaal devient la première adjointe au maire de Dakar.

Devant le fait accompli, Abass Fall a ravalé sa fierté et devient, à la limite, fataliste. «A tous les «Patriotes» d’ici et d’ailleurs, l’éviction du parti Pastef du Bureau municipal de la Ville de Dakar n’est pas une actualité. La seule bataille à mener, c’est celle de la candidature du Pros et la libération des détenus politiques. Focus sur ces objectifs. 2024, c’est dans 6 mois, InchaAllah. Merci à tous pour votre soutien», s’est contenté de déclarer l’ancien allié et premier adjoint au maire de Dakar.

Les conséquences d’un divorce
Cette éviction de Abass Fall, quoi que légale, vient acter le divorce entre l’ex-parti Pastef et Taxawu Senegaal. En effet, rien n’empêchait les lieutenants de Khalifa Sall de servir le poste sur un plateau d’argent à Marie Rose Faye, si les intérêts continuaient à converger.

Les «Patriotes» ont été les premiers à ouvrir les hostilités. Ousmane Sonko, pourtant au courant des rencontres nocturnes entre le Président Macky Sall et Barthélemy Dias, n’avait pas jugé nécessaire de se démarquer d’une telle initiative aux premières heures. Sachant que les jeux étaient faits, le maire de Ziguinchor a sorti le discours populiste pour jeter Khalifa Sall et Barth’ en pâture. Il espérait en tirer un gain politique. La situation ayant évolué, la fracture a empiré.

En voulant jouer sur les deux tableaux, le «Patriote» en chef a tout bonnement perdu sa mise. Rattrapé par ses positions sur les candidatures de Khalifa Sall et Karim Wade et sentant la sienne s’éloigner, Sonko se radicalise. La révélation de la Présidentielle en se classant 3ème pour sa première participation en 2019, il est le grand perdant de la Coalition Yewwi askan wi. Taxawu Senegaal a su tirer le maximum de la popularité de Sonko pour s’étendre sur le territoire national. Du fond de sa cellule, il va apprendre à ses dépens que la politique a ses règles.
Par Malick GAYE – mgaye@lequotidien.sn