A Casablanca, la Villa Carl Ficke, entièrement restaurée par l’architecte marocaine Salima Naji, accueille désormais un Musée de la mémoire de la ville. Cette maison, construite en 1912, accueille un espace dédié à l’histoire de Casablanca et à la promotion de son patrimoine architectural. C’est une villa aux tons rose-orangé qui surplombe le quartier de Mers Sultan. La demeure appartenait à un riche commerçant allemand qui a connu un destin tragique au moment des luttes d’influence au Maroc entre la France et l’Allemagne. «Il a été condamné à mort, fusillé, juste à côté de la villa, dans un fort qui s’appelle Fort Provost, avec son assistant. Il avait été accusé d’espionnage par le protectorat français», rappelle Hajar el-Bakkari, conservatrice adjointe du musée. Avec ses marbres et ses mosaïques, cette maison bourgeoise du début du XXe siècle, rénovée avec soin, est un symbole de la diversité architecturale de Casablanca, que ce nouveau musée entend promouvoir.

Mettre en valeur le patrimoine de Casablanca
A l’étage, des photographies et des plans d’époque permettent de retracer la spectaculaire évolution urbanistique que la ville a connue au XXe siècle, avec deux extensions successives autour de la traditionnelle médina, l’avènement des bâtiments de style art-déco et le plan d’urbanisme de Michel Ecochard. «C’est vrai qu’à cette époque-là, juste avant l’indépendance, on voit la construction de beaucoup de villas et de bâtiments luxueux, prestigieux, de la bourgeoisie… Mais lui, il pensait quand même à la communauté qui n’a pas ce luxe des bourgeois, et il leur a établi beaucoup de projets qui favorisent l’habitat social pour les communautés casablancaises. Il est grand temps que nous prenions la mesure de l’importance de notre patrimoine et que les autorités, en collaboration avec la Société civile, agissent pour empêcher sa disparition», note Hajar el-Bakkari. Les visiteurs de tout âge découvrent avec plaisir ce mille-feuille patrimonial dont l’histoire est souvent méconnue, loin des klaxons et de la fureur de la capitale économique. Au rez-de-chaussée, une vaste fresque retrace l’histoire de la cité, ancien repaire de corsaires, entièrement détruite par les Portugais, lorsqu’elle était encore appelée Anfa. «Le musée a pour mission principale de préserver la mémoire collective de toutes les communautés, à travers ses bâtiments qui sont des témoins de l’évolution urbanistique et sociale de la ville», précise la conservatrice du musée. L’entrée du musée est gratuite jusqu’à la fin du Ramadan, elle le restera les vendredis pour tous les Marocains et les mercredis pour les élèves et étudiants.
Rfi