A l’issue de sa réunion d’aujourd’hui, le Conseil d’administration du Fmi va probablement annoncer les étapes de la reprise de la coopération avec le Sénégal. Il semblerait que cela ne soit qu’une question de temps, si l’on en croit la directrice de la Communication du Fonds. Mme Julie Kozack s’est voulue particulièrement rassurante hier, ce qui ne lui était pas arrivé depuis un moment.

On va sans doute bientôt entendre les thuriféraires du régime en place, et probablement aussi le ministre de l’Economie, M. Abdourahmane Sarr, plastronner que le coup de gueule du Président Bas­sirou Diomaye Faye a pour une fois produit un rapide effet. Il y a juste une semaine, le vendredi 26 septembre dernier (une date funeste pour ce pays, sur plusieurs points : Ndlr) que le chef de l’Etat, parlant de l’état des négociations, avec un média audiovisuel français, a déclaré, en marge de l’Ag des Nations unies à New York, que «le Fmi est libre de faire les démarches additionnelles qui le rassurent par rapport aux données sur lesquelles il veut travailler», a convenu Bassirou Diomaye Faye. Il a néanmoins ajouté : «Mais nous voulons que le Fmi presse un petit peu le pas pour que nous sachions sur quel pied danser avec lui, a-t-il indiqué. Il y a des partenaires qui attendent son signal pour continuer à travailler avec le Sénégal.»
A la question des journalistes sur l’intérêt d’avoir mené les audits qui ont conduit à la suspension du programme avec le Fonds, Bassirou Diomaye Faye a déclaré : «Les autorités sénégalaises n’ont pas fait faire cet audit pour le Fmi : nous l’avons fait pour la crédibilité des dirigeants que nous sommes, vis-à-vis de notre Peuple, pour la crédibilité du Sénégal vis-à-vis de ses partenaires.»
Depuis cette sortie présidentielle, le Fonds semble être resté de marbre, se limitant à dérouler son propre calendrier. Ce n’est qu’hier, au cours de son briefing régulier avec la presse, que la directrice du département de Commu­nication, Mme Julie Kozack, a pris la parole, pour donner, pour une fois, du baume au cœur des Sénégalais.
Elle a affirmé que les équipes du Fmi reconnaissent le travail remarquable du gouvernement pour clarifier la situation concernant les «données erronées» mises à jour par le gouvernement. Par conséquent, a-t-elle informé, «le Conseil d’administration va se réunir demain (aujourd’hui) pour discuter du cas du Sénégal, et nous pensons pouvoir rendre publics les résultats de cette discussion, dans la même journée». Ce qui justifie l’optimisme derrière ces propos, c’est la déclaration qui les précède. Mme Kozack a en effet affirmé que son institution et le gouvernement du Sénégal «ont en commun un engagement fort pour en finir de manière constructive avec les données erronées des finances du Sénégal. Et je tiens à reconnaître les efforts réalisés par les dirigeants sénégalais, qui ont réalisé des audits fructueux sur la dette publique. Il y a eu notamment les audits réalisés par l’Inspection générale des finances (Igf), suivie par la Cour des comptes, avant l’audit récent mené par un cabinet de réputation internationale (Forvis Mazar. Ndlr).» Elle s’est félicitée que le gouvernement a accepté de mettre tous ces audits à la disposition des équipes du Fonds. Il faut rappeler que depuis septembre 2024, ce ne sont pas moins de 5 missions du Fmi qui se sont rendues au Sénégal pour dénouer l’équation de ces révélations et de la suspension du programme en cours que le Fmi avait avec le Sénégal.
Il faut croire que tout cela a fini par payer, si l’on en croit Julie Kozack, qui a ajouté hier : «Partant de ce travail si détaillé que nous avons réalisé ensemble, du travail considérable mené par les autorités sénégalaises, ainsi que des informations actuellement disponibles, nos équipes sont prêtes à passer à l’étape suivante de nos engagements. Le premier point sera de discuter d’un programme, ce que nous pensons pouvoir entamer durant les prochaines rencontres annuelles d’automne.» Ces rencontres conjointes se tiendront cette année, du 13 au 18 octobre, à Washington.
Se voulant encore plus rassurante, Julie Kozack a tenu à ajouter que «le Fmi est totalement engagé à coopérer avec les autorités sénégalaises pour obtenir un programme destiné à assurer la stabilité économique, la résilience et une croissance inclusive pour le bénéfice de la population sénégalaise».
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