Le Sénégal va disposer de la plus grande centrale à gaz de l’Afrique de l’Ouest. Un fait d’autant plus inédit que le projet découle de la synergie d’opérateurs locaux qui ont décidé, à travers la structure West Africa Energy (Wae), de participer à l’essor du contenu local en investissant dans ce secteur porteur. C’est au final une puissance de 300 Mw qui va être injectée à partir de juin 2022 dans le réseau de la Senelec, qui se voit renforcer dans ses politiques de mix énergétique et d’accès universel à l’électricité.

Le compte à rebours pour la réception de la plus grande centrale à gaz de l’Afrique de l’Ouest a été déclenché hier, à l’occasion de la pose de la première pierre de l’infrastructure portée par des acteurs du privé local. «Avec une capacité installée de 300 Mw, cette centrale sera la première de cette taille construite au Sénégal, mais aussi en Afrique de l’Ouest. Elle est en plus entièrement financée par des fils de ce pays», s’est félicitée Sophie Gladima, ministre du Pétrole et des énergies. «Ce projet permettra de conforter nos capacités de production tout en réduisant les consommations de combustible, grâce aux performances attendues du fonctionnement des unités de production au gaz. Il jouera également, un grand rôle dans notre empreinte carbone», a poursuivi Mme Gladima, faisant savoir que le gaz local attendu à partir de 2023 des projets Gta de Sangomar et de Yakaar Teranga vont particulièrement assurer son fonctionnement. «Des privés sénégalais ont su mobiliser en tout, pour son financement, 350 millions euros (230 milliards de francs Cfa) dans un cadre juridique approprié du contenu local défini par le président de la République», a indiqué Samuel Sarr, Directeur général de West african energy (Wae). C’est cette structure indépendante, composée, outre le Directeur général, de quatre autres Sénégalais, qui a initié ce projet grâce notamment au soutien d’investisseurs étrangers. «West Africa energy a pu obtenir un financement avec ses partenaires financiers Africa finance corporation (Afc) à hauteur de 200 milliards de francs Cfa dont 85 milliards de francs provenant de Afc et le reste par une syndication avec deux partenaires financiers dont la prestigieuse Afrixim bank», a détaillé l’ancien ministre sous Abdoulaye Wade pour le montage financier du projet. «Grâce à l’engagement des autorités sénégalaises et la disponibilité de nos partenaires, nous avons pu faire le développement et trouver le financement en 12 mois», s’est félicité M. Sarr, par ailleurs ancien Dg de la Senelec. Il a fait état de 450 emplois directs et 600 autres indirects que va générer ce projet. «Cette centrale va contribuer à la réduction des coûts de production de Senelec de 40% dans le cadre de la politique gas to power», a encore noté Samuel Sarr, qui fait de ce projet une réponse à l’appel du Président Macky Sall pour l’essor du contenu local.
Le Directeur général de la Senelec a salué l’engagement des promoteurs qui ont choisi un «domaine aussi pointu et exigeant que celui de la réalisation d’ouvrage sophistiqué à l’image d’une centrale à gaz de cette taille» pour répondre à l’appel du chef de l’Etat. Ainsi pour Pape Mademba Bitèye, la réalisation de la centrale Ipp du Cap des biches est un virage salvateur dans le domaine énergétique. «Le Sénégal réussira son pari de faire du mix énergétique un levier de son développement socio-économique. Il nous restera alors l’ultime bataille du secteur de l’énergie qui est l’accès universel à l’électricité», a décliné le Dg de la Senelec dont l’entreprise a signé un contrat d’achat pour l’énergie produite par la centrale de Wae. Le dossier de prise remis par les organisateurs fait état d’un coût du Kwh très compétitif par rapport aux centrales existantes de Senelec et des Ipp. «Le coût sera de l’ordre de 56, 65f/Kwh au gaz en cycle combiné au gaz», renseigne le document, faisant en outre savoir que la puissance additionnelle permettra à Senelec d’accroître la fiabilité de son parc de production et de mettre en œuvre la stratégie Gas to power. «Le besoin est plus que présent au niveau national avec 1600 Mw à développer d’ici 2035. Au-delà de nos frontières dans le marché ouest-africain de l’électricité, le besoin est évalué à plus de 10 mille 10 giga», a posé M. Bitèye, qui ne manque pas d’ambition pour un positionnement de la Senelec pour les marchés hors du pays.