33 ministres et 4 secrétaires d’Etat. Et puis l’entrée de Rewmi et des dissidents du Pds. Mais c’est un remaniement plus politique puisque Idrissa Seck fait son retour au pouvoir avec sa nomination à la tête du Conseil économique, social et environnemental. Un gouvernement élargi. Une majorité élargie aussi qui fait l’affaire de Macky Sall en direction des Locales. C’est le remariage.

En politique, il ne faut jamais dire jamais ! Et c’est la leçon qu’offrent Macky Sall et Idrissa Seck dans ce grand chamboulement du 1er novembre. Il est vrai que la météo politique affichait un climat assez clément entre les deux nouveaux «amis», «ennemis» d’hier. Dans l’enveloppe du «gouvernement d’unité et d’ouverture», le chef de l’Etat a glissé, Ô surprise !, l’entrée de Rewmi. Et surtout dans les décrets qui ont suivi la liste du gouvernement, le nom de Idrissa Seck. L’ancien Premier ministre de Abdoulaye Wade a accepté de prendre la présidence du Conseil économique, social et environnemental (Cese), en remplacement de Aminata Touré. Celui qui est arrivé deuxième à l’issue du scrutin de février 2019 et qui a contesté sa réélection à minuit. Ce n’est pas de la fiction ! Même si rares étaient ceux qui auraient pris le risque de faire un tel pari. C’est donc un retour au pouvoir inattendu du fils de Thiès qui, apparemment, a décidé de jouer la carte de la réalité politique. Idrissa Seck a préféré, depuis des mois, rester silencieux sur les questions les plus brûlantes et ne pas critiquer la gestion du Président Sall. Ce qui avait présagé d’un «deal» volontairement envoyé comme un ballon de sonde d’une opinion exigeante sur les principes et l’éthique politiques. Un plat cuisiné depuis des mois et qui a été servi hier. Dans tous les cas, une forte personnalité comme Idrissa Seck, ancien Premier ministre, 2 fois deuxième à une Prési­dentielle, patron de Thiès, ne pouvait valoir moins qu’un «poste sénior», comme le dirait Jean Paul Dias. Et ça ne pouvait être qu’une institution comme le Cese, puisque le poste de Pm n’existe plus. Mieux, il a deux ministres, en l’occurrence Aly Saleh Diop et Yankhoba Diattara. Macky Sall règle deux choses en s’offrant Idrissa Seck : Réduire (encore) ce qui reste de l’opposition à sa plus simple expression et éviter, peut-être, une défaite dans certaines grandes villes aux Locales.

En pensant Locales
Entre Macky Sall et Idrissa Seck, deux anciens «fils» de Abdoulaye Wade, le remariage, après la parenthèse de l’incompatibilité d’humeur dans Bby, n’est pas anodin. Il ne peut pas y avoir qu’une affaire de postes. C’est un bail politique et électoral, car derrière cette «ouverture» et cette «unité» vendues par Seydou Guèye, il y a l’élargissement de la coalition au pouvoir. Une sorte de reconstitution de Benno bokk yaakaar originel. Si le chef de l’Apr a fidélisé ses alliés (Pit, Ps, Afp…), il vient là de frapper un coup politique qui est passé, sans doute, sur la calculette politique et électorale. Il y aura aussi des contrecoups politiques à ce choix de Idrissa Seck qui ne fait pas l’unanimité au sein de son parti et de sa coalition. Qu’importe, pour lui, au-delà du «contexte» économique, social, sanitaire qu’il brandit, le patron des Rewmistes tente aussi de se «refaire». Lui qui a perdu des militants et des responsables, faute de moyens financiers. Sa clientèle politique commençait à perdre patience et son crédit se délitait considérablement. Mais le maître de Thiès comptera toujours. Et à ce titre, il s’occupera de la victoire de la mouvance présidentielle chez lui. Si et seulement si les Thiessois qui lui vouent une fidélité presque fanatique lui pardonnent ce choix-surprise. Et ça ne fera que l’affaire de Macky. Et puis, en plus de Idrissa Seck, il y a ses alliés comme Malick Gakou qui, semble-t-il, sont dans la même dynamique de «travailler» avec le Président Sall. Là aussi, c’est un plus pour la majorité qui entend garder la banlieue de façon générale, et Guédiawaye en particulier, fief du leader du Grand parti. Des retrouvailles en vue entre Aliou Sall et Malick Gakou ? Alors, ce n’est peut-être pas Rewmi qui est démantelé, mais bien la coalition Idy2019 ou ce qu’il en restait.

La mort du statut de l’opposition ?
Le spectre de cet entrisme était déjà dans l’air et se manifestait dans la participation de l’opposition à ce dialogue national, mais politique d’abord au nom du Front de résistance nationale. Cette plateforme de l’opposition, un temps coordonnée par Malick Gakou, allié du leader de Rewmi, a joué un rôle de rapprochement entre l’opposition et le pouvoir au lendemain d’une Prési­dentielle théoriquement contestée par les quatre adversaires de Macky Sall, puisqu’il n’y a pas eu de recours devant le Conseil constitutionnel. Mais en acceptant encore la présidence du Cese, Idrissa Seck enterre le débat ou la polémique sur le statut de chef de l’opposition, parce qu’il ne peut être «un opposant au pouvoir». Et si la question devrait être de nouveau posée, elle le serait à l’avantage du Parti démocratique sénégalais qui contrôle l’opposition parlementaire. Sauf que là aussi, il n’y a pas encore consensus sur les modalités de désignation de ce chef. En revanche, si Ousmane Sonko revendiquait ce statut, c’est aujourd’hui qu’il le devrait. Un 3ème qui prend la deuxième place dans l’opposition extraparlementaire issue de la dernière Présidentielle. De fait, le leader de Pastef devient, en attendant, un adversaire coriace du Président Sall. Avec lui, Khalifa Sall qui se relance dans les prochains jours et Karim Wade éventuellement. Il y a eu des coups Sall et Seck entre Macky et Idy dès la première année de la deuxième alternance. Il y a eu une poignée de mains lors de l’hommage à Tanor en février 2020, puis lors des audiences au Palais, des coups de coude dictés par le Covid-19. Aujourd’hui, Seck et Sall travaillent main dans la main. A défaut de battre Macky Sall et lui succéder, Idy est quand même le 5ème Prési­dent du… Cese, après le retour de l’institution inaugurée par Mbaye Jacques Diop, puis Ousmane Masseck Ndiaye, Ami­nata Tall, Aminata Touré.