Après ce procès Iaaf, Lamine Diack devrait encore faire face à une autre procédure judiciaire au Comité international olympique (Cio). La juge du Tribunal français le lui a fait savoir hier après-midi.

Le Comité international olympique (Cio) a décidé, après le procès Iaaf, de poursuivre aussi en justice Lamine Diack pour corruption passive et abus de confiance. Après l’avoir bombardé de questions, la juge du Tribunal français l’a fait savoir à l’ancien président de l’Iaaf qui faisait face à la partie civile. C’est ainsi que Lamine Diack devrait se présenter en janvier 2021 dans un premier temps devant un juge d’instruction pour répondre sur les mêmes faits que l’Iaaf lui reproche, à savoir «corruption et abus de confiance».

Lamine Diack s’énerve à la barre
Et pour le moment, Diack n’est pas encore mis en examen. Il devra prendre son mal en patience en attendant de voir le sort que lui réserve ce procès Iaaf.
Mais bien avant, la tension est montée entre Diack-père les avocats de la partie civile. Ces derniers ont en effet voulu acculer à la barre l’ancien patron de l’athlétisme mondial. Leur stratégie a finalement irrité le père de Massata qui a sonné la réplique.

«Arrêtez… C’est ridicule, ce sont des délires, c’est du n’importe quoi»
«Arrêtez de me parler des lettres russes ou des contrats de sponsoring inventés ! C’est ridicule, ce sont des délires, c’est du n’importe quoi…», s’est-il énervé à la barre. Mais sa colère n’a pas du tout fait arrêter la razzia de questions de la partie civile et du Parquet. Les procureurs sont tous revenus à la charge pour tenter de le faire avouer qu’il aurait reçu des sommes d’argent venant de son fils Massata Diack. Lamine Diack tente toujours de contenir les assauts du Parquet. La juge aussi n’est pas en reste. Elle lui reproche d’avoir reçu plusieurs fois des sommes d’argent venant de Papa Massata Diack. Le procureur énumère les virements venant de la Société générale France qui avoisinent 600 mille euros. «Votre fils vous donnait régulièrement de l’argent. En quatre ans, il vous a versé 600 mille euros.» La réponse de Lamine Diack fuse : «Mon fils m’a régulièrement donné de l’argent qui était des remboursements de billets pour les Jo de 2012 et des quotes-parts en tant que membre de l’Iaat», se défend-il.
Diack-père campe donc sur sa position en réfutant ces accusations. Selon lui, l’argent qu’il a reçu de Massata Diack est strictement en relation entre un père et un fils. Il nie donc avoir reçu de l’argent de Pamodzi.
A la fin de l’audition, la juge a fait savoir à la barre à Lamine Diack que ses placements sont saisis par le Tribunal. La juge du 32ème Cabinet du Tribunal financier de Paris le lui a notifié séance tenante. Dans la même foulée, la juge Rose Marie Haunault lui a demandé s’il a encore des placements et une retraite. Lamine Diack a répondu qu’il a à peu près 1 600 euros de pension de retraite en tant qu’ancien député au Sénégal pendant trois mandats. Et une autre pension complémentaire en tant qu’ancien fonctionnaire, Inspect­eur des impôts. Mais s’agissant de ses placements, il a répondu par la négative. Mais son avocat vole à son secours en précisant qu’il avait effectivement des placements, mais qu’ils ont été saisis par la justice. Le montant précis n’a pas été révélé par le Tribunal.

«Je voulais renflouer les caisses de l’Iaaf avant de partir»
Revenant sur l’état financier de l’Iaaf, Lamine Diack indique que les prévisions n’étaient pas du tout bonnes pour les comptes de l’instance au moment où il devait décrocher en 2015. C’est pourquoi il est allé chercher des contrats pour renflouer les caisses avant de partir. Ce qu’il a réussi, selon ses propres termes. «J’ai signé avec l’Europe qui a versé 25 millions d’euros, 15 millions avec Sanzu et les autres sponsors que mon fils est allé chercher avec son patron direct, le secrétaire général Gabriel Stard», a déclaré Lamine Diack à la barre. La partie civile lui reproche de faire «évaporer» 28 millions d’euros par l’intermédiaire de son fils qui pilotait le dossier.