Le Coordonnateur central du Projet d’accélération de l’économie numérique au Sénégal souhaite une accélération de l’adoption de l’Intelligence artificielle (Ia) dans les politiques publiques, afin de faire du Sénégal un hub technologique. Samba Sène appelle ainsi les autorités à agir vite dans le domaine de l’Ia, en vue de saisir les opportunités qu’offre cette technologie, surtout en matière de création d’emplois. L’ingénieur en informatique et télécommunications intervenait hier à la 3e édition de la Rentrée numérique organisée par Gaïndé 2000Par Dialigué FAYE – 

Dans un contexte de digitalisation accrue et de transformations économiques profondes, l’Intelligence artificielle (Ia) doit être vue comme un vecteur de croissance inclusive. C’est du moins l’avis de l’essentiel des experts qui ont pris la parole hier, lors de la 3e édition de la Rentrée numérique organisée par Gaïndé 2000. Samba Sène, l’un d’eux, considère que dans tous les métiers augmentables par l’Ia, il y a de la matière à créer massivement de l’emploi. Ainsi, plaide le Coordonnateur central du Projet d’accélération de l’économie numérique au Sénégal, «le Sénégal doit agir très rapidement dans le domaine de l’Ia. On est en compétition, qu’on le veuille ou non, avec le reste du monde, le reste de l’Afrique. Il faut saisir cette opportunité, former massivement les jeunes à l’Ia, quels que soient leur niveau de qualification, leur niveau d’études. Cela devrait se traduire par une création massive d’emplois. Ce n’est pas une affaire d’un an, c’est une affaire de maintenant. Saisissons-nous de cette affaire, qu’on soit du privé, du public, travaillons ensemble pour mettre en place les programmes de formation qu’il faut pour aller de l’avant, avec l’espérance de créer massivement des emplois».
Il recommande aussi d’accélérer l’adoption de l’Ia dans les politiques publiques pour que le Sénégal soit un hub technologique. «Il faut que nos décideurs soient acculturés aux technologies d’une manière générale. Dans toute organisation, c’est le décideur qui impulse, qui donne la direction. Chacun, dans son métier, doit savoir quel usage il peut faire de l’Ia, et les décideurs, dans leur domaine, doivent le savoir. On est dans un monde de technologie, qu’on le veuille ou non. Ceux qui ne comprendront pas l’usage de la technologie seront dépassés. Et les pays qui ne prendront pas cette question-là à bras-le-corps seront les derniers de la classe. La technologie est aujourd’hui une chance pour nous», a déclaré l’ingénieur en informatique et télécommunications.
Cette année, Gaïndé 2000 a réuni les acteurs-clés du secteur autour de la thématique principale : «Les évolutions de l’Intelligence artificielle face aux défis de l’emploi.» L’objectif «est de promouvoir une compréhension approfondie des évolutions de l’Ia et de leur impact sur l’emploi, afin de préparer les secteurs public et privé à naviguer efficacement dans un environnement de plus en plus digitalisé». A ce propos, explique  l’Administrateur général de Gaïndé 2000, «le Sénégal a un grand défi en matière d’emploi des jeunes et en même temps, on se rend compte que la révolution de l’Ia dans certains domaines est capable de détruire des emplois».
«Donc, nous avons voulu avoir une réflexion de sorte que l’on puisse savoir comment maximiser le potentiel de l’Ia pour les entreprises et pour les individus, et comment justement limiter les risques de l’Ia», indique Ibrahima Nour Eddine Diagne.
A son avis, «l’Ia va augmenter l’intelligence des personnes, des professionnels. On parle maintenant de comptable augmenté, grâce à l’Ia, tous les métiers vont augmenter leur niveau de compétence». Il juge néanmoins nécessaire de «mettre en place un cadre réglementaire, à la fois pour contenir l’Ia et ses dérives, mais également pour protéger notre marché pendant un certain moment, le temps que notre économie soit tout à fait adaptée à cette nouvelle donne de l’Ia». C’est un défi, selon lui, «qui intègre à la fois le public dans le cadre des politiques, le réglementaire et également l’entreprise, et même l’individu lui-même, qui est le garant de sa carrière et de ses compétences. S’il attend qu’on lui dise de se mettre à la compétence de l’Ia, il aura raté une bonne partie de son temps professionnel».
Conscientes de cela, les autorités essaient d’anticiper. «Le Sénégal a déjà pris le virage de l’Ia. Le pays a déjà une stratégie sur l’Ia qui est en train d’être déployée. Les perspectives du ministère, c’est de développer la formation de l’Ia», rassure Bitilokho Ndiaye, directrice de la Promotion de l’économie numérique et des partenariats au ministère de la Communication, des télécommunications et du numérique.
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