C’est un fait : les inégalités basées sur le genre constituent une entrave au développement. En s’intéressant à la corrélation entre le développement, la lutte contre la pauvreté et l’égalité entre les sexes dans un rapport, le groupe de la Banque mondiale a mis en exergue les discriminations basées sur le genre qui nuisent à certaines économies. Intitulé «Les femmes, l’entreprise et le droit », ce rapport va servir de document de base pour échanger avec des organisations de la société civile sur la question des droits des femmes afin de trouver des solutions pour parvenir à l’égalité et lutter contre la pauvreté. Dans le document, on note que «l’existence des différences de traitement juridique entre hommes et femmes est un phénomène courant : sur les 173 économies étudiées, 155 ont au moins une loi qui entrave la capacité des femmes à poursuivre des opportunités économiques». De même, il est aussi souligné qu’au total, «on dénombre 943 différences de traitement juridique entre hommes et femmes dans les 173 économies étudiées». Le rapport révèle aussi que dans «100 économies, les femmes se heurtent à des restrictions à l’emploi, fondées sur le sexe». Les auteurs de ce document, en donnant ces chiffres, attirent l’attention sur le fait que l’inégalité a un impact sur l’économie, notamment sur le Pib de ces pays.
Le rapport ne s’est pas trop appesanti sur le cas du Sénégal, mais d’après la présidente de l’Asso­ciation des juristes sénégalaises (Ajs), notre pays est en avance sur le plan de la législation. Selon Fatoumata Guèye Ndiaye, au Sénégal on est confronté à un problème de mise en œuvre et d’application des textes. «Nous avons des textes de lois. Ce que nous voulons, c’est l’application, l’effectivité des lois. Et pour ça, il faut l’harmonisation des conventions ratifiées avec la législation interne. Si cela n’est pas fait, il sera difficile de rendre effectif le droit des femmes», a-t-elle fait savoir. Con­cer­nant la participation des femmes aux activités économiques, la présidente de l’Ajs souligne qu’elles n’ont pas accès à d’importants financements qui peuvent leur permettre de produire et exporter. Parlant de l’accès au foncier, Mme Ndiaye qui relève que 70% des femmes travaillent la terre, mais seules 13% sont propriétaires, estime qu’il faut mener un plaidoyer pour combattre cette discrimination due aux pesanteurs sociales.
Abordant la question de l’égalité des sexes, le secrétaire général du ministère de la Femme, de la famille et du genre a soutenu que des politiques sociales d’entreprenariat féminin sont en train d’être mises en œuvre. D’après Sidy Guèye, «il s’agit d’étendre l’entreprenariat, d’encourager les femmes à aller dans les secteurs économiques, parce que les inégalités sont socio-économiques». «Nous favorisons la percée des femmes en leur permettant d’accéder aux financements, parce qu’elles participent à l’élaboration du Pib, contribuent à l’accroissement du revenu national par le biais de leurs activités. C’est pourquoi des mesures sont prises pour leur accès au crédit, pour les aider à développer des activités génératrices de revenus, pour favoriser leur insertion dans les autres secteurs du tissu économique», a-t-il déclaré.
dkane@lequotidien.sn