Ofnac – Le secteur extractif du Sénégal bien vulnérable : De la corruption à tous les niveaux

Après l’étape de Kédougou la semaine dernière, la Cité du Rail a accueilli, le mercredi 28 septembre 2022, l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) dans un atelier d’élaboration de plans d’actions de lutte contre la corruption dans le secteur minier. Des acteurs-clés de l’Etat, des collectivités territoriales, des Forces de défense et de sécurité, des entreprises et organisations professionnelles minières, de la Société civile, ont mis en place un comité de veille et des plans d’actions de lutte contre la corruption dans le secteur extractif dans la région de Thiès.Par Cheikh CAMARA –
«En raison de son caractère sournois et complexe, la corruption constitue une sérieuse entrave pour le développement durable de notre pays et la vision d’une émergence économique à moyen terme qu’il porte.» La remarque a été faite par le chef du département prévention de l’Ofnac, M. Hugues Diaz, au nom de la présidente de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption, Mme Seynabou Ndiaye Diakhaté. Selon M. Diaz, «le coût de la corruption reste considérable. Selon les estimations de la Banque mondiale, les entreprises et les individus versent 1500 milliards de dollars de pots-de-vin par an, soit près de 2% du Pib mondial. Le coût humain de la corruption est également affligeant avec son corollaire de persistance accrue de la pauvreté, de menace de l’Etat de Droit». Il va poursuivre : «Les ressources extractives voire minérales naturelles sont indispensables pour le bon fonctionnement de nos économies et sont stratégiquement très convoitées. Elles sont ainsi particulièrement propices à l’émergence de la corruption. Le récent exemple des «Panama Papers» souligne à quel point la corruption peut se jouer des frontières de manière aussi discrète que pernicieuse.» Pour cette raison, note M. Diaz, «l’Ofnac, dans sa double mission de prévention et de lutte, a commandité une étude sur les vulnérabilités à la corruption dans le secteur extractif au Sénégal».
L’objectif d’une telle étude était de faire un diagnostic du cadre normatif et institutionnel du secteur extractif afin d’y identifier les pratiques, les risques de fraude et de corruption, tout en proposant des mesures préventives et correctives. Hugues Diaz informe que «les résultats de l’étude ont montré que le secteur extractif du Sénégal est vulnérable et même touché par des pratiques de corruption sur toute sa chaîne de valeur». Ainsi, dans le but de rendre le secteur extractif beaucoup plus transparent, des recommandations destinées au gouvernement, aux sociétés extractives, aux collectivités territoriales et à la Société civile, ont été formulées.
Trouver les outils appropriés et les stratégies pertinentes de prévention face au mal
Le fait que Thiès reste l’une des premières régions minières du Sénégal en termes de contribution dans l’économie nationale et de dynamisme dans les activités d’exploitation minière, a commandé le choix de la Cité du Rail pour abriter cet atelier de deux jours dont les objectifs étaient de «partager les résultats de l’étude sur les vulnérabilités à la corruption dans le secteur extractif au Sénégal, élaborer des plans d’actions de lutte contre la corruption dans le secteur minier dans la région de Thiès, mettre en place un comité de veille et de mise en œuvre des plans d’actions validés de lutte contre la corruption dans le secteur extractif au niveau de Thiès». Le chef du département prévention de l’Ofnac a insisté sur le fait que la rencontre était «une occasion importante de prendre des mesures concrètes dont les effets se feront sentir certainement à court, moyen et long termes». Cela, en soulignant que «pour bien s’attaquer à la corruption, il faut reconnaître le problème en toute simplicité et sans langue de bois, le diagnostiquer sans complaisance et mesurer son impact de manière aussi exacte que possible».
Combattre la corruption dans tous les secteurs socio-économiques et politiques
M. Diaz a rappelé que «la Stratégie nationale de lutte contre la corruption du Sénégal, impliquant et engageant toutes les parties prenantes, permet de combattre la corruption dans tous les secteurs socio-économiques et politiques pour contribuer au développement durable et inclusif de notre pays». Il pense que les acteurs ont le devoir «de veiller à la gestion transparente et concertée de nos ressources et leur investissement judicieux au profit des générations présentes et futures, ainsi que renforcer la prévention et la lutte contre la corruption dans toutes les sphères publiques comme privées».
Correspondant