La lutte antitabac permet d’économiser des milliards de dollars et de sauver des millions de vies, selon l’Oms. Car l’industrie sans contrôle coûte plus de 1000 milliards de dollars alors que les recettes annuelles provenant des droits d’accise sur les cigarettes pourraient augmenter à l’échelle mondiale de 47%, soit 140 milliards de dollars.

Ce rapport pourra inciter les autorités sénégalaises à concrétiser les mesures prises dans la lutte contre le tabac. Depuis la signature des accords d’application, le Sénégal reste à la traine malgré la campagne de sensibilisation des organisations de lutte contre le tabac. «Les politiques de lutte contre la consommation du tabac, notamment les taxes et l’augmentation des prix peuvent générer des recettes publiques importantes pour la santé et le développement, selon un nouveau rapport mondial de l’Or­ganisation mondiale de la Santé et du National Cancer Ins­ti­tute des États Unis d’Amérique qui fera date», avance l’Organi­sa­tion mondiale de la santé (Oms). Selon elle, ces mesures permettent aussi de faire beaucoup baisser la consommation du tabac et de protéger la santé des populations contre les grands facteurs de mortalité dans le monde, comme les cancers et les cardiopathies. Elle dit : «Sans contrôle, l’industrie du tabac et l’impact mortel des produits qu’elle fabrique coûtent aux économies plus de 1000 milliards de dollars (US $) par an à l’échelle mondiale en dépenses de santé et en perte de productivité, selon les constatations publiées dans The economics of tobacco and tobacco control [L’économie du tabac et de la lutte antitabac].»
Aujourd’hui, environ 6 millions de personnes meurent chaque année des suites de la consommation de tabac, selon des statistiques de l’Oms. La­quelle soutient que la plupart d’entre elles vivent dans les pays en développement. «L’impact économique du tabac sur les pays et le grand public est colossal, comme le montre ce nouveau rapport», indique Dr Oleg Chestnov, sous-directeur général de l’Oms pour les maladies non transmissibles (Mnt) et la santé mentale. «L’industrie du tabac fabrique et commercialise des produits qui entraînent des millions de décès prématurés, privent les ménages de ressources financières qui auraient pu être utilisées pour l’alimentation ou l’éducation et imposent aux familles, aux communautés et aux pays d’énormes dépenses de santé.» On compte dans le mon­de 1,1 milliard de fumeurs de tabac âgés de 15 ans et plus, dont 80% environ vivent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Environ 226 millions d’entre eux vivent dans la pauvreté.
En mettant en exergue les données d’une étude publiée en 2016, l’Oms affirme que les recettes annuelles provenant des droits d’accise sur les cigarettes pourraient augmenter à l’échelle mondiale de 47%, soit 140 milliards de dollars (US $), si tous les pays les relevaient de 0,80 par paquet. De plus, cette hausse augmenterait les prix de vente au détail des cigarettes de 42% en moyenne, entraînant une baisse de 9% des taux de tabagisme et jusqu’à 66 millions de fumeurs adultes en moins. «La synthèse des recherches dans cette monographie confirme que les interventions antitabac fondées sur des bases factuelles ont tout leur sens, du point de vue économique comme de celui de la santé publique», déclare le coéditeur du document, le Professeur Frank Chaloupka, du Département d’économie à l’Uni­versité de l’Illinois, à Chicago cité par l’Oms. Le poids mondial du tabagisme sur la santé et l’économie est énorme et pèse de plus en plus sur les pays à revenu faible ou intermédiaire. Dans ces pays vivent environ 80% des fumeurs dans le monde.

140 milliards de dollars de recettes
Par ailleurs, Dr Douglas Bettcher, Directeur à l’Oms pour la prévention des maladies non transmissibles, déclare que le nouveau rapport donne aux gouvernements un outil puissant pour combattre les affirmations de l’industrie du tabac selon lesquelles la lutte contre les produits du tabac a des effets négatifs sur les économies. «Ce rapport montre comment des vies peuvent être sauvées et les économies prospérer quand les gouvernements prennent des mesures d’un bon rapport coût/efficacité et ayant fait leur preuve, par exemple en augmentant sensiblement les taxes sur les produits du tabac, les prix et en interdisant la publicité pour le tabac et le tabagisme en public», ajoute-t-il.
La lutte antitabac est un élément fondamental de l’action mondiale de l’OMS contre les maladies non transmissibles, principalement les maladies cardiovasculaires, les cancers, la bronchopneumopathie chronique obstructive et le diabète. Elles sont responsables chaque année de 16 millions de décès prématurés (avant l’âge de 70 ans), évalue l’Oms. La diminution de la consommation de tabac joue un rôle majeur dans les efforts mondiaux pour atteindre l’objectif de développement durable consistant à réduire d’un tiers, d’ici à 2030, le taux de mortalité prématurée due à des maladies non transmissibles.
Stagiaire