Au Sénégal comme dans plusieurs pays du Sud, la médecine traditionnelle est une offre de soins souvent sous-estimée. Avec son premier sommet mondial sur la question, l’Oms approfondit la réflexion sur cette science médicale. Par Ousmane SOW –

Au Sénégal, les pratiques de la médecine traditionnelle sont une réalité. En Afrique et dans d’autres pays du Sud, elle fait partie de l’offre de soins. L’Organisation mondiale de la santé (Oms) va organiser le premier sommet sur la médecine traditionnelle les 17 et 18 août 2023 à Gandhinagar, Gujarat (Inde). Il sera organisé parallèlement à la réunion des ministres de la Santé du G20, afin de mobiliser l’engagement politique et l’action fondée sur des données probantes en faveur de la médecine traditionnelle, qui constitue le premier passage pour des millions de personnes dans le monde pour répondre à leurs besoins en matière de santé et de bien-être. «Le Sommet mondial sera organisé conjointement par l’Organisation mondiale de la santé (Oms) et le gouvernement indien, qui assure la présidence du G20 en 2023. Il s’agira d’une plateforme permettant à l’ensemble des parties prenantes, y compris les agents de la médecine traditionnelle, les utilisateurs et les communautés, les décideurs nationaux, les organisations internationales, le milieu universitaire, le secteur privé et les organisations de la Société civile, de partager les meilleures pratiques et les bases factuelles, les données et innovations révolutionnaires sur la contribution de la médecine traditionnelle à la santé et au développement durable», note-t-elle. Elle est consciente que c’est une réalité dans plusieurs Etats. «Pendant des siècles, la médecine traditionnelle et complémentaire a été une ressource intégrale pour la santé dans les ménages et les communautés. C’est aux frontières de la médecine et de la science qu’elle a jeté les bases des textes médicaux conventionnels», dit l’Oms.

Il faut noter que 40% des produits pharmaceutiques sont désormais à base d’un produit naturel. L’Oms rappelle que les médicaments phare proviennent de la médecine traditionnelle, y compris l’aspirine, l’artémisinine et les traitements contre le cancer de l’enfant. De nouvelles recherches, notamment sur la génomique et l’intelligence artificielle, font leur entrée dans le domaine, et il existe des industries en croissance pour les médicaments à base de plantes, les produits naturels, la santé, le bien-être et les voyages connexes. «A l’heure actuelle, 170 Etats membres ont fait rapport à l’Oms sur l’utilisation de la médecine traditionnelle et ont demandé des bases factuelles et des données en vue d’éclairer les politiques, les normes et la réglementation pour son utilisation sûre, rentable et équitable», expose l’Oms.

Avec le soutien du gouvernement indien, il a créé en mars 2022 le Centre mondial Oms pour la médecine traditionnelle en tant que centre de connaissances dont le but est de mobiliser la sagesse ancienne et la science moderne en faveur de la santé et du bien-être des populations et de la planète. «Le Centre mondial Oms pour la médecine traditionnelle contribue au renforcement des capacités existantes de l’Oms dans le domaine de la médecine traditionnelle et complète les fonctions essentielles de l’Orga­nisation en matière de gouvernance, de normes et de soutien aux pays exécutées dans les six bureaux régionaux et au siège», selon l’Oms.

Il faut noter que les activités du Centre concernent essentiellement le partenariat, les bases factuelles, les données, la biodiversité et l’innovation afin d’optimiser la contribution de la médecine traditionnelle à la santé mondiale, à la Couverture sanitaire universelle et au développement durable.

Il faut savoir que la loi sur l’exercice de la médecine traditionnelle au Sénégal est toujours à l’Assemblée nationale. Son adoption va permettre de «catégoriser les tradipraticiens» et établir «des procédures d’autorisation de cabinets de tradipraticiens». Ce qui «permettra d’assainir» ce secteur. Le document de Politique nationale de médecine traditionnelle et de phytothérapie a défini les axes stratégiques. La création de la Commission de la pharmacopée et du formulaire national et du projet d’arrêté fixant les conditions d’octroi de l’autorisation de mise sur le marché des médicaments à base de plantes devrait permettre d’encadrer la médecine traditionnelle qui constitue un pan important mais sous-estimé des soins de santé dans nos pays.

Au Sénégal, la Cellule médecine traditionnelle a vu le jour en 2014 au sein du ministère de la Santé.