Selon l’Oms, des efforts ont été faits concernant l’utilisation des moyens préventifs contre le paludisme. Mais le constat est que les progrès pour la réduction des cas et des décès imputables à cette maladie sont au «point mort» ; d’où l’appel lancé par l’organisation pour redoubler d’efforts et accorder un financement conséquent à la lutte contre le paludisme.

Ces dernières années, il a été constaté l’augmentation du nombre de femmes enceintes et d’enfants dormant sous des moustiquaires imprégnées et bénéficiant d’un traitement préventif contre le paludisme en Afrique subsaharienne. Ce qui est une bonne chose, selon l’Organisation mondiale de la santé (Oms). Toutefois, l’Oms estime qu’il faut «redoubler d’efforts pour réduire le nombre d’infections et de décès dans les pays les plus durement touchés». L’organisation, qui va publier en début janvier un rapport sur le paludisme, renseigne que les progrès sont «au point mort». Dans un document, elle informe que «l’année dernière, la maladie a touché 228 millions de personnes et en a tué environ 405 mille, principalement en Afrique subsaharienne». Selon l’Oms, «en 2018, d’après les estimations, 11 millions de femmes enceintes ont été infectées par le paludisme dans les zones de transmission modérée ou élevée d’Afrique subsaharienne». Conséquence : renseigne l’organisation, «près de 900 mille enfants ont présenté un faible poids de naissance». Partant de ce fait, elle souligne que «malgré les signes encourageants observés dans l’utilisation des outils de prévention chez la femme enceinte et chez l’enfant, le taux d’infection palustre mondial n’a pas baissé entre 2014 et 2018 dans les pays les plus touchés». Les femmes enceintes et les enfants sont considérés comme les couches les plus vulnérables face à cette maladie. Raison pour laquelle Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Oms, estime qu’il «faudra donner la priorité à ces deux groupes si nous voulons progresser». Selon lui, il y a des signes encourageants certes, «mais la souffrance et les décès causés par le paludisme sont inacceptables, car ils sont largement évitables». Poursuivant ses propos, M. Ghebreyesus déclare que «l’absence de baisse du nombre de cas et de décès imputables au paludisme est très préoccupante».

228 millions de personnes touchées par le paludisme en 2018
Pour réduire le nombre de cas et de décès imputables à cette maladie, l’Oms recommande l’utilisation «de moyens de lutte anti-vectorielle efficaces». Il s’agit de l’utilisation de «moustiquaires imprégnées d’insecticide ou pulvérisations intra-domiciliaires à effet rémanent, de médicaments antipaludiques préventifs pour protéger les femmes enceintes et les enfants». Cela suppose, d’après les experts de l’Oms, «des services de santé robustes offrant un accès élargi à ces outils et à d’autres outils éprouvés de lutte, y compris des tests de diagnostic rapides et des traitements rapides». Ces derniers, soulignent-ils, «sont essentiels pour atteindre les objectifs de la Stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme 2016-2030». Or, constate l’Oms, «trop de femmes ne reçoivent pas le nombre recommandé de doses de Tpig, ou n’en reçoivent pas du tout». D’ailleurs, informent les auteurs du document, certaines n’ont pas accès aux services de soins prénatals, d’autres se sont rendues dans un centre, mais n’ont pas pu bénéficier «du Tpig, car il n’est pas disponible ou n’a pas été prescrit». Pour les enfants de moins de cinq ans vivant dans la sous-région du Sahel, l’Oms préconise «la chimio-prévention saisonnière du paludisme pendant la saison des pluies, caractérisée par une forte transmission». D’après les statistiques, «en 2018, 72% des enfants remplissant les conditions requises pour le traitement préventif en ont bénéficié». Soulignant que «la rapidité des tests de diagnostic et du traitement joue un rôle vital», l’Oms regrette que de «nombreux enfants fiévreux ne sont pas redirigés vers un agent de santé qualifié». «D’après de récentes enquêtes nationales, 36% des enfants atteints de fièvre en Afrique subsaharienne ne sont pas vus par un médecin», informe le document. Pour pallier ce manquement, il est conseillé «la prise en charge communautaire intégrée du paludisme, de la pneumonie et de la diarrhée». Cette prise en charge, selon l’Oms, «peut combler les lacunes des soins cliniques dans les communautés difficiles à atteindre». Même si 30 pays mettent désormais en œuvre cette approche, l’organisation constate que «la plupart des pays d’Afrique subsaharienne éprouvent des difficultés à le faire, principalement en raison d’insuffisances dans le financement de la santé». Sur la question de l’insuffisance du financement, l’Oms souligne qu’elle «demeure un obstacle majeur». L’organisation précise dans son document qu’en «2018, le financement total consacré à la lutte contre le paludisme et à l’élimination de cette maladie a atteint, selon les estimations, 2,7 milliards de dollars Us». Ce qui, d’après l’Oms, est «bien en deçà de l’objectif de financement de 5 milliards de dollars Us fixé dans la stratégie mondiale».