Chaque année, la Région africaine est confrontée au plus grand nombre de situations d’urgence sanitaire dans le monde. En novembre 2023, elle fait face à plus de 130 épidémies de maladies. Dans le Sahel, en Afrique de l’Ouest, plus de 33 millions de personnes, réparties dans six pays, ont besoin urgemment d’une aide humanitaire d’importance vitale.Par Alioune Badara CISS –
La gestion des situations d’urgence est une vraie préoccupation en Afrique confrontée régulièrement à des épidémies. Pour apporter des réponses à ces questions, l’Organisation mondiale de la santé (Oms) a ouvert à Pointe Sarène, la réunion inaugurale du groupe consultatif technique du Bureau régional pour l’Afrique sur la préparation et la riposte aux situations d’urgence. Cette rencontre a pour mission de donner des orientations stratégiques sur toutes les questions relatives à la préparation et à la riposte aux urgences de santé publique. «Composé de 16 experts distingués, sélectionnés selon un processus de candidature rigoureux, plus de 600 experts avaient présenté leurs candidatures, le groupe contient une richesse de compétences interdisciplinaires. Le but est de générer des recommandations spécifiques et réalisables sur des sujets de préoccupation urgente dans le cadre de la préparation et la réponse aux urgences sanitaires», souligne le représentant-résident de l’Oms au Sénégal.
Il a également déclaré que la Région africaine a connu, ces dernières années, une recrudescence des épidémies de maladies évitables par la vaccination. «Parmi les 131 urgences et épidémies en cours, 52% sont évitables par la vaccination, notamment des maladies telles que le choléra, la poliomyélite, la rougeole, la fièvre jaune et la diphtérie. Lorsqu’une urgence est déclarée et qu’elle est évitable par la vaccination, il est essentiel que les programmes d’intervention d’urgence et de vaccination soient alignés, travaillant en étroite collaboration, avec un objectif commun : arrêter l’épidémie et réduire la morbidité et la mortalité», indique Jean-Marie Vianny Yameogo.
Selon Dr Abdou Salam Guèye, directeur régional des Urgences en Afrique, le rôle de ces experts africains est de venir conseiller la directrice régionale en matière d’urgence. «Quand on parle d’urgence, c’est la prévention, la préparation, la réponse et le recovery en cas d’urgence. Ils vont travailler sur des thématiques qui n’englobent pas bien sûr toutes les urgences car c’est difficile de le faire, mais ça va englober les ressources humaines en matière d’urgence, ça va englober ce qui concerne la préparation en matière d’urgence et surtout ça va englober les aspects de financer des urgences. Et ce sont des conseils qui seront remis à notre directrice régionale pour que ça soit mis en œuvre», dit-il.
Interpellé sur la situation des urgences en Afrique, Dr Abdou Salam Guèye soutient que l’Afrique a beaucoup de situations à gérer. «Une partie de ces urgences est liée à des épidémies, c’est-à-dire à des maladies, il y a d’autres parties qui sont liées à des catastrophes. Que ce soit des catastrophes naturelles ou des catastrophes créées par des êtres humains. L’Afrique représente plus de la moitié des urgences dans le monde, et aussi comme on sait que l’Afrique n’a pas beaucoup de ressources, le rôle de l’Oms devient beaucoup plus important quand on est en Afrique. On travaille avec nos 47 pays membres pour les accompagner dans la détection des urgences, dans la préparation des urgences et dans la réponse des urgences. La plupart du temps, 80% des urgences en Afrique sont des urgences liées à des maladies et 20% sont des urgences qui sont liées aux catastrophes», estime Dr Guèye.
L’exemple du Cous
Face à ces situations, que faire ? Il cite l’exemple du Sénégal. «Il y a beaucoup d’urgences qui sont liées aux maladies, si nous regardons les 20 dernières années dans les études qui ont été faites. Mais ceci ne détermine pas seulement que le Sénégal est plus vulnérable, mais qu’il a un système de détection des urgences qui est assez efficace et des laboratoires comme l’Institut Pasteur qui est très efficace, il permet de détecter toutes les urgences», explique-t-il.
Le ministre de la Santé et de l’action sociale, Ibrahima Sy, qui présidait l’ouverture des travaux, attend des recommandations fortes, réalistes, innovantes et mesurables pour prendre en charge cette problématique sanitaire. «Quand on parle aujourd’hui des urgences sanitaires en Afrique, la question qui se pose est : est-ce que nos systèmes de santé sont très bien préparés ? Est-ce que nos populations sont bien informées ? Est-ce que nos personnels de santé sont bien sensibilisés par rapport à cette question pour réagir à temps ? Parce que souvent la question des urgences sanitaires est gérée à un niveau qui est central, alors qu’aujourd’hui, quand on parle de la riposte, elle doit se faire au niveau local. Ces recommandations pourraient être intégrées dans notre dispositif de gestion des urgences parce qu’au Sénégal, on a le Centre des opérations d’urgences sanitaires (Cous)», assure M. Sy. Pour lui, il faut être sûr que cela fonctionne au niveau local. «Il faut s’assurer qu’on a tout le dispositif, le personnel de santé qui maîtrise très bien le protocole, les procédures et toutes les techniques qui permettent de réagir à temps et d’éviter des risques beaucoup plus importants pour les populations. Cela se fera surtout avec l’aide de nos partenaires techniques et financiers dont l’Oms, mais aussi une bonne prise en charge des besoins des structures de santé dont les postes de santé, les centres de santé qui sont dans le domaine des soins de santé primaires. Il faut que les urgences intègrent cette dimension soins de santé primaires, qui concernent à peu près 65% de la population», rappelle le ministre de la Santé et de l’action sociale.
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