Il y a de cela un peu plus d’une année, je qualifiais un des actes que voulait mener le commando du nom de «Forces spéciales», composé de militants et membres du parti Pastef, de «grave acte terroriste». Ce groupe funeste d’insurgés et de guerriers farfelus d’une révolution radicale, voulait dans une série d’attaques, détruire des infrastructures vitales dont la centrale d’électricité du Cap-des-Biches, des transports en commun comme le réseau du Train express régional (Ter) et des bus du réseau de Dakar Demm Dikk. Ce groupe sera pris la main dans le sac et les enquêtes dont le Procureur Ibrahima Bakhoum révélera une partie lors d’un point de presse, révéleront les sombres desseins pour le Sénégal que comptaient mener les groupes terroristes «Forces spéciales» et «Commando Pastef», tous deux rattachés à la formation politique Pastef qui vient d’être dissoute. De plus, ces groupes, dans leurs actions subversives, comptaient sur l’aide du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) qui, après les nombreuses débâcles face à l’Armée sénégalaise qui l’a poussé dans ses derniers retranchements, a voulu transposer à Dakar une guérilla urbaine. Il s’est ainsi produit entre mars 2021 et juin 2023, beaucoup d’actes violents pour attaquer la République, les personnes et leurs biens, en empruntant tout de la mécanique terroriste. Il faut oser nommer les choses par leur nom. Le Sénégal fait face à des terroristes et des insurgés, on les combat sans répit ! Aucune contorsion d’activistes de la Société civile voulant sous-estimer par pure mauvaise foi le mal auquel notre pays fait face, jusqu’à se refuser tout commentaire même empathique sur cette situation, ne nous empêchera de le dire.

Lire la chronique : Projet de sabotage du réseau électrique : un grave acte terroriste

Je me rappelle que lors des dossiers «Forces spéciales» et «Commando Pastef», il s’était trouvé des adeptes de novlangue pour nous reprocher la gravité des mots utilisés, la violence du ton, la logique belliqueuse dans laquelle nous nous inscrivions d’après ces juges de la bonne conscience et des droites vertus.
Pourquoi l’Etat sénégalais devrait-il négocier avec des gens dont tous les faits et gestes visent à fragiliser l’unité nationale et à combattre la République ? Quelle est cette folie criminelle d’attaquer un bus de transport en commun, rempli de personnes, en leur balançant un cocktail Molotov ? Quelle est cette pulsion diabolique qui pousse des concitoyens à célébrer en voyant des pneus en feu ou des rues bloquées par des barrages de fortune, tenues par des jeunes qui n’ont même pas quinze ans ?

Lire la chronique : Montrez-vous capable de nous diriger !

On a vu des avocats du diable et des partisans du mal qui, pour la simple bonne raison de ne pas perdre la face, ont vu dans l’attentat de Yarakh les prémices d’un complot. Ils ont cherché par tous les artifices à dédouaner leur camp politique : d’un montage grossier pour confondre l’identité du chauffeur à celui d’un officier de police, au cynisme voulant réclamer que des corps calcinés soient exposés pour croire à la véracité des attaques, on ne saurait mesurer la dose de l’opium auquel se saoulent les imbéciles complotistes et démagogues de nos cieux. Comment un pays comme le Sénégal peut-il regarder en tant que communauté nationale la famille du sieur Amadou Diallo qui vient de perdre d’une façon aussi tragique deux filles ?

Lire la chronique : La fin du cirque Branco

Tous les efforts doivent être déployés pour combattre toutes les velléités violentes, guerrières et terroristes de gens qui penseraient que parce que leur champion a fini en prison du fait de ses propres errements et turpitudes, toute une société doit payer sa peine. Les premières arrestations dans cet attentat terroriste ont pu être faites, toutes les zones d’ombre devront être levées et les auteurs de ces crimes sanctionnés à la hauteur des dispositions de la loi sénégalaise sur le terrorisme.

Le parti Pastef a fait de la violence un moyen d’expression politique que toute la société a laissé prospérer. Rien n’a jamais été gros pour eux. Des pelotons d’exécution faits d’anciennes têtes dirigeantes depuis l’indépendance à la marche vers le Palais avec une armée de 200 000 partisans pour déloger un Président en exercice, tout leur a été autorisé. Nous disions dans ces mêmes colonnes que partout dans le monde, le discours guerrier et violent, le verbe gras précédait les forfaits physiques. Insulter a pu être une stratégie politique payante en terrorisant toute une opinion et un Peuple, en arrivant à émasculer des intellectuels et médias, en faisant de l’outrage barbare face à l’adversité la seule forme pour contrer toute critique objective. Cela aura trop duré avant que l’acte fort qu’est la dissolution de ce vaisseau de haine et de frustration soit posé.

Lire la chronique : Insulter, stratégie politique payante

Avec la dissolution du parti Pastef, c’est une façon de faire de la politique qui doit être enterrée pour de bon. C’est le meilleur signal pour mettre fin à ce vent des faux prophètes, démagogues et faussement patriotes, usant de tous les ressorts populistes et qui pullulent partout en Afrique. Par cet acte, la vie publique de ce pays de Dieu doit être assainie en empêchant toutes les voix contre la République, contre l’union dans la diversité et la laïcité, de se faire entendre.

Il est drôle et intéressant d’entendre certains analystes dire que depuis 1961, avec les événements de Saint-Louis, aucun parti politique n’a été dissous au Sénégal, et vouloir indexer une dérive autocratique et liberticide. Ce serait bien de rappeler à ces esprits que depuis 1961, aucune organisation n’a tenu au Sénégal un discours aussi violent que celui du parti Pastef, et usé de méthodes aussi criminelles. Le mouvement des Moustarchidines, qui se rapprochait d’une telle voie, fut dissous par Djibo Leyti Kâ, ministre de l’Intérieur, après les événements de février 1994. Pour la petite histoire, c’est Mamadou Dia, président du Conseil, qui a dissous un parti politique en 1961. Le Grand Maodo n’est-il pas une des références ultimes du peuple de Pastef ? Que l’histoire de la politique au Sénégal peut être cocasse.

L’attaque terroriste contre un bus du réseau de l’Aftu à Yarakh n’est qu’un des actes ultimes d’une bête violente et aveuglée par la haine, ayant perdu toute lucidité et discernement. Au début, elle s’attaquait aux étrangers à coup de dégagisme. Quand elle n’a plus eu la France en face, quand l’Etat a pris le soin de protéger toutes les infrastructures vitales et tous les sites qui comptent pour que la République reste debout, elle n’a trouvé d’autre option que de s’attaquer à la population. Ne disions-nous pas que ce parti est une force politique qui a l’art d’écraser les petites gens ? Heureux qu’il disparaisse de notre échiquier. J’aurais entendu des gens dire qu’il y a des idéaux et états d’esprit qu’on ne peut pas enterrer. Tant que ceux-ci seront faits de haine, de violence et d’insolence, il y aura toujours des gens prêts à leur faire face et à les combattre.
Par Serigne Saliou DIAGNE / saliou.diagne@lequotidien.sn