Le nouveau pouvoir du président de la République Bassirou Diomaye Faye avait annoncé la date du 15 mai pour une réduction des prix de certaines denrées de première nécessité. Au-delà du fétichisme des dates et de l’amalgame savamment entretenu, il y a lieu de dire pour la gouverne de nos concitoyens que l’économie réelle n’est pas une affaire de théorie économique, avec des virtualités académiques.

Cela dit, tout pouvoir dispose dans sa communication d’objectifs politiques de mobilisation, cela se comprend. En revanche, il est inadmissible de s’accrocher à une date pour remettre en cause fondamentalement l’option de réduction des coûts des denrées. Je dis à haute et intelligible voix que c’est bel et bien possible, malgré la grande conspiration déclenchée ces derniers jours pour dire le contraire. Chacun y va de son «wax sa xalaat» pour un seul objectif : convaincre l’opinion que le nouveau régime est incapable de respecter ses promesses, et par conséquent l’accabler d’incompétence. Regarder le profil de ceux qui sont intervenus sur la question depuis une semaine, et vous serez édifiés sur le dessein de démoralisation de nos concitoyens, ourdi par ces individus qui subitement sortent du néant. Où étaient-ils quand les candidats eux-mêmes exposaient leur programme ?

Tout est comme préparé avec des éléments de langage à deux sous, qui d’ailleurs comme un disque rayé, nous ont été servis quand Macky Sall est arrivé au pouvoir. «On importe l’essentiel de nos besoins alimentaires, donc on n’a aucune maîtrise sur les coûts, les subventions ne sont pas soutenables, donc les Sénégalais n’ont qu’à «trinquer».» Voilà leur leitmotiv. Pour les maîtres du Y a qu’a, faut qu’on, voilà le destin qu’on réserve aux Sénégalais ? Que fait-on alors de la volonté politique ?

Tout le monde se souvient du débat entre Moubarack Lô et l’ancien ministre de Abdoulaye Wade, Amadou Niang. On a l’impression de revenir à 20 ans en arrière par l’alchimie d’experts politiciens ou d’économistes dont on ignore tout de leur production scientifique dans un domaine sur lequel ils disent être maîtres de leur science. Nous les ignorants (rires), nous n’avons qu’à nous taire et écouter leur éternelle chanson, et ainsi ruminer notre détresse au quotidien en scrutant notre portefeuille.

Pendant ce temps, le pouvoir en place semble accréditer cette thèse de la facilité, qu’on nous impose à travers l’impossibilité supposée de baisser les prix des denrées. On ne les entend pas sur la question, ou faiblement. Dans toute chose, il faut de l’audace, et par les temps qui courent, de la volonté politique assumée.

D’ailleurs, la contradiction manifeste dans laquelle ces tenants de l’inertie s’enferment est de dire que Macky Sall avait baissé les prix une fois arrivé au pouvoir en un temps record, en occultant le fait que ceux-là qui le disent, avaient à l’époque opposé au candidat M. Sall la même réalité de la structure de notre économie, qui importe presque tout et donc incapable de maîtriser les prix.

Et pourtant, sa volonté politique a prévalu, et pendant 4 ans, le Sénégal a eu le plus faible taux d’inflation de la zone Uemoa, au point que certains experts préconisaient qu’on desserrât un peu la pression sur les prix.

Qui ne se souvient pas des interventions colorées du député Moustapha Cissé Lô à l’Assemblée nationale : «Avec le régime de Macky Sall, nous ne connaissons que la baisse… wagni rek.»

Aujourd’hui, par un tir groupé, on nous serre la même rengaine ; une attitude qui, à mes yeux, est suspecte par le portage qui est fait par certains cercles toujours réticents à des alternatives de progrès et de bien-être populaire.
Ceux qui au temps de Macky Sall avaient réussi à juguler le marché, du moins en ce qui concerne ce qui est communément appelé le panier de la ménagère, sont là et bien vivants, au sein et en dehors de l’Administration. Ils sont prêts, si on le leur demande, à reconduire les mêmes méthodes, et la même démarche en utilisant les leviers du Droit public économique, sur tout le spectre de la régulation, de l’homologation et de la concurrence. Comment peut-on parler de prix, de marché et de pouvoir d’achat, sans que les commissaires aux enquêtes économiques ne soient impliqués, sans que le Conseil national de la consommation ne soit réuni, sans que le Comité sur les prix réunissant les ministères du Commerce et des Finances ne soit instruit pour donner une base de travail ? C’est vrai, il y a un problème d’approche, mais c’est possible. We can !

Il faut mettre un terme à cette tendance à l’infox pour faire croire que rien ne pourra se faire dans le très court terme. Les solutions existent bel et bien, contrairement à ce qu’on nous assène à longueur de journées, et surtout dans une répétition qui a tout l’air d’un «bashing».

Sous le régime de Macky Sall, on avait réussi l’autosuffisance en oignon et quasiment pour la pomme de terre et la carotte, non. On me dira qu’on a reculé entretemps oui, faute d’infrastructures de stockage. C’est dire que l’affaire ne repose pas sur de l’intuition.

On nous dit que les Sénégalais préfèrent le riz importé, c’est archifaux ! Aucune donnée statistique fiable ne peut l’attester. Si on s’en limite aux faits (malheureusement ce n’est pas toujours le cas), il n’y a pas de stock en souffrance en ce qui concerne le riz local. C’est ça la vérité. Et donc le travail doit se poursuivre pour accroitre la production, car il y a un gap sur l’offre, mais les moyens de le résorber existent. Un mécanisme efficace avait été mis en place et les fonctionnaires qui étaient aux commandes à l’époque savent bien comment faire pour mettre en synergie les producteurs, les banques et l’Etat, et régler la question de l’offre de riz local, et rompre définitivement le fatalisme de la dépendance de notre pays vis-à-vis des pays asiatiques et aux aléas du marché mondial. Ce n’est pas cela la souveraineté que clame le Président Bassirou Diomaye Faye ?

M. le Président, renversez la table, c’est seulement par ce biais que vous allez faire échec à l’écheci, et répondre aux nombreuses et urgentes attentes de vos concitoyens. Il urge de le faire.

Mamadou NDAO
Juriste Consultant
Expert en communication
Diplômé des Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne
et de Montpellier 1
Liberté 6 Dakar
i Cet expression est de mon regretté aîné Babacar Toure PDG du Groupe Sud Communication (RIP). C’était en tant que président du Contan, à l’occasion de son allocution au palais de la République lors de la cérémonie du basculement à la TNT