C’est historiquement le premier directeur nommé par le nouveau régime à être débarqué. Et cela, juste après un seul trimestre de service. A croire qu’il n’a pas vu les chausse-trappes cachées dans les eaux de pluie qu’il était censé nettoyer.

Trois mois à peine, et puis s’en va. En Conseil des ministres hier, Cheikh Dieng a été remplacé par M. Séni Diène, ingénieur hydrogéologue, à la tête de l’Office national de l’assainissement (Onas). Nommé le 25 avril dernier, il est démis hier. Comme l’a dit hier un internaute sur Facebook, l’histoire retiendra que c’est le premier parmi ceux qui ont été promus par le nouveau pouvoir à connaître les effets du balai, ou de la serpillère, c’est selon. Il n’était pas évident d’avoir des explications à l’heure tardive où était rendu public le communiqué du Conseil des ministres. Néanmoins, des sources internes à l’Onas ont accepté de lâcher des informations parcellaires.

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A en croire ces personnes, M. Dieng n’a pas mis longtemps à se mettre à dos une bonne partie du personnel de la boîte. L’un d’eux a rappelé les paroles malheureuses du Dg nouvellement nommé, dès sa prise de fonction. S’adressant à une partie des cadres, il les a mis en garde avec ces propos : «Tapalé diekhna ! (Finie la distraction !).» Ce qui, pour ces personnels, était synonyme de ce que les gens ne travaillaient pas avant son arrivée dans la boîte. Et la pilule était restée en travers de la gorge de certains. Ainsi, alors que la maison avait mis en place un système de pointage plus ou moins performant, le nouveau Dg est venu imposer un mode de pointage par empreinte biométrique. Qui a eu pour conséquence que «les travailleurs se présentaient, émargeaient et allaient vaquer à d’autres besoins, avant de revenir pour marquer leur fin de service».

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D’autres lui reprocheraient également son zèle politique, qui aurait pesé sur son rendement professionnel. Même les brigades d’intervention rapide, mises en place pour aider à décongestionner certaines voies d’eau, ont été considérées comme faisant double emploi avec d’autres structures internes qui faisaient le même travail. Ce qui a réduit leur efficacité. Par ailleurs, l’activisme politique du nouveau Dg de l’Onas n’était pas toujours apprécié. Témoin, son séjour à Saint-Louis, à la remorque du Premier ministre Ousmane Sonko. Alors que ce dernier n’y a fait que le temps nécessaire, Cheikh Dieng a prolongé son séjour de 5 jours supplémentaires. Des mauvaises langues assurent qu’il serait resté sur place pour tenter de «recruter» des militants de son ancien parti, le Pds, pour le compte de Pastef. En dehors du cadre du travail politique. Pour preuve, assurent les mêmes personnes, quand son ministre de tutelle s’est rendu à Touba et Kaolack après les inondations, Cheikh Dieng ne l’a pas accompagné.