La traite des personnes et le trafic illicite de migrants est un phénomène persistant. Malgré la dureté de la loi, les pratiques continuent à avoir cours dans le pays comme si de rien n’était. L’Onudc essaie de prendre l’affaire à bras-le-corps pour endiguer le fléau.Par Ousmane SOW –
Le trafic des personnes constitue, selon les Nations unies, la troisième forme de trafic la plus lucrative dans le monde, après le trafic de drogue et la contrefaçon. Bien sûr, le Sénégal n’est pas épargné par le phénomène. Cette situation interpelle l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc) qui essaie d’endiguer ce fléau. En compagnie de l’ambassade de Suisse, l’Onudc a tenu hier, un atelier de renforcement de capacités qui a ciblé prioritairement 30 acteurs judiciaires, à savoir des procureurs, juges, officiers d’instruction, officiers de police judiciaire, officiers de la gendarmerie en charge d’application de la loi, pour renforcer leurs capacités pour qu’ils connaissent la loi pour maîtriser les infractions liées à la traite et le trafic de personnes.
Chez nous, la traite des personnes et le trafic de migrants est assez «alarmante». Puisque, l’une des formes de traite les plus visibles est la présence «des enfants talibés». Ils seraient des centaines de milliers, qui sont exploités au quotidien. Hélas, il n’y a pas beaucoup de sanctions judiciaires à cause du poids de la religion et de la tradition. «Ce qui fait que la poursuite n’est pas systématique», soutient Mody Guirandou Ndiaye, Secrétaire permanant de la Cellule nationale de lutte contre la traite des personnes (Cnltp) au Sénégal.
Pis, avec la persistance de la migration clandestine, les jeunes africains sont victimes des trafiquants. «Il est inacceptable que nos compatriotes continuent à mourir comme ça et on n’en parle pas assez. Dans cette histoire de trafic de migrants, il y a beaucoup de personnes tapies dans l’ombre qui gagnent beaucoup d’argent. La lutte contre la traite des personnes, c’est la lutte contre l’industrie humaine. L’être humain ne peut pas être utilisé comme une marchandise», dénonce le Secrétaire permanant de la Cnltp. Il note que la traite des êtres humains connaît une ampleur inquiétante. «Elle touche les personnes les plus vulnérables d’où la nécessité de développer les connaissances pour faciliter l’identification des victimes de traite qui doit se faire et qui se fait par les professionnels», indique M. Ndiaye. Par contre, il est difficile d’avoir des chiffres exacts sur les personnes touchées par le phénomène. Mais, les profils diffèrent : «Il y a l’exploitation sexuelle des filles et femmes ou encore la servitude domestique interne et transnationale et l’exploitation des enfants dans la mendicité.» Malgré la dureté de la loi, le trafic persiste : elle prévoit des sanctions avec des peines d’emprisonnement allant de 5 à 20 ans et de fortes amendes. «Néanmoins, aujourd’hui, il y a encore un peu de faiblesse dans les enquêtes et les poursuites. Il y a encore trop de victimes. C’est une forme de criminalité qui, dans sa forme, est difficile à percevoir, précise M. Ndiaye. L’objectif de la lutte contre la traite, c’est de lutter pour la dignité de la personne humaine. Il faut que les personnes vulnérables soient protégées et nous nous évertuons à le faire du mieux possible.»
Il faut savoir que c’est un phénomène complexe et difficile à identifier. «Pour les migrants, on a du mal à détecter ceux qui organisent le franchissement des frontières. Des fois, ils se font eux-mêmes passer pour des migrants. Donc, on a besoin de renforcer des capacités pour que ces distinctions puissent se faire et qu’au finish, les poursuites puissent élégamment être menées», informe Issa Saka, responsable du projet au niveau Onudc, un projet qui lutte contre la traite des personnes et le trafic illicite de migrants. Selon le rapport mondial 2020 de l’Onudc, qui s’appuie sur des données provenant de 148 pays, contre la drogue et le crime sur la traite des personnes, les victimes sont majoritairement des femmes et des enfants. «Disons, ce sont des rapports mondiaux qui sortent tous les 2 ans, les victimes sont majoritairement des femmes et des enfants mais peuvent également être des hommes car aucune catégorie n’est épargnée par ce crime», détaille M. Saka.
Stagiaire