Comment incarner au cinéma une icône planétaire à l’aura aussi puissante que Bob Marley, un visage porté sur des millions de tee-shirts, auteur de chansons écoutées par des millions de personnes ? Quarante-trois ans après sa disparition suite à un cancer, à seulement 36 ans, ses héritiers, à commencer par sa veuve Rita et son fils aîné Ziggy, ont enfin trouvé le bon casting et le bon angle. One Love raconte deux années-clés de sa vie, qui séparent la tentative d’assassinat en Jamaïque en 1976 dont il réchappe miraculeusement avec sa femme et son manager, à l’enregistrement de l’album Exodus, en 1978, trois ans avant sa mort à Miami.

Les premières scènes du film sont un peu inquiétantes. L’acteur anglais Kingsley-Ben Adir, découvert dans les Enquêtes de Vera et révélé par la série Peaky Blinders,  a beau avoir 37 ans et un charisme évident, il nous paraît un peu tendre pour incarner le chanteur reggae plongé en pleine guerre civile à Kingston. Mais on est finalement pris par son histoire et sa musique, heureusement omniprésente. La narration est certes classique mais rythmée, avec des allers-retours entre son enfance pauvre, sa rencontre avec Rita, la révélation du rastafarisme et cette période aussi tendue que riche où il se bat pour imposer la paix dans son pays et enregistrer pendant son exil à Londres, l’album qui va faire de lui une star, Exodus, en 1977, avec les tubes Jamming et One Love.

Pas d’angélisme, et c’est tant mieux
Ses classiques se succèdent, les scènes de studio et en concert sont assez réalistes. On le suit lors de sa tournée européenne de 1977, on le voit rapidement lors du match de football à Paris disputé avec les journalistes français où il se blesse à un doigt du pied, une blessure qui révélera son cancer. Et le film ne ferme pas les yeux, comme on pouvait le craindre, sur son importante consommation de cannabis, ni sur ses relations tendues avec Rita et ses accès de violence, notamment sur son manager Don Taylor, accusé d’avoir détourné de l’argent. Si vous ne connaissez pas votre Marley sur le bout des dreadlocks, vous apprendrez des choses.
Le Parisien