Désigné début octobre pour succéder au falot Ban Ki-moon au poste de secrétaire général des Nations unies, l’ancien Pre­mier ministre portugais Antonio Guterres fait l’unanimité au moment de sa prise de fonction, dimanche 1er janvier 2017. Mais aura-t-il les moyens de réformer cette instance que de Gaulle surnommait «le machin» ? The right man at the right place ? A priori, et même sans a priori d’ailleurs, Antonio Guter­res, qui succède ce dimanche 1er janvier à Ban Ki-moon au poste de secrétaire général des Nations unies, apparaît bien comme «l’homme de la situation». L’homme le mieux armé humainement et intellectuellement pour s’atteler à ce que certains de ses prédécesseurs ont décrit comme «le job le plus difficile du monde». Ancien Premier ministre du Portugal (1995-2002), ex-Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés (2005-2015), parfaitement polyglotte (portugais, anglais, français, espagnol), à la fois humble, infatigable et expérimenté, le Lis­boète âgé de 67 ans cochait toutes les cases pour se voir confier le rôle de conciliateur-en-chef de la planète, particulièrement à une période aussi incertaine et potentiellement explosive que celle qui s’ouvre devant lui.
Fait assez rare pour être souligné, le 5 octobre dernier sa désignation s’est faite à la quasi-unanimité : treize voix sur quinze et deux abstentions, une nomination qui s’est déroulée à l’issue d’auditions publiques, ce qui, là encore, n’était pas dans les habitudes de l’institution new-yorkaise, autrefois baptisée «le machin» par le général de Gaulle. Signe qui ne trompe pas, ses concurrents pour le poste (cinq hommes, six femmes) ont salué sa victoire, à l’image de la Costa­ri­cienne Christiana Figue­res qui, bonne perdante, a tweeté ceci : «Résultat doux-amer. Amer : ce n’est pas une femme. Doux : de loin le meilleur dans la course. Félici­tations Antonio Guterres ! Nous sommes tous avec vous». Même le personnel de l’ONU (41 000 personnes) s’est réjoui dans sa très grande majorité de la désignation de celui qui sera son patron pour au moins les cinq ans qui viennent.
Catholique fervent, Antonio Guterres a voulu donner, selon sa propre expression, «une dimension transcendantale» à sa vie en se lançant très jeune dans l’action humanitaire, comme il le rappelait dans un discours prononcé en décembre 2012 alors qu’il était encore à la tête du Haut-Com­missariat aux réfugiés (HCR). «Lorsque je suis entré à l’université, racontait-il, je suis devenu membre d’une association d’étudiants catholiques gérant un certain nombre de projets de services communautaires et d’éducation dans les bidonvilles de Lisbonne». «Je me suis senti gratifié par l’action que nous menions pour venir en aide aux nécessiteux», poursuivait-il avant d’ajouter, lucide : «mais, en même temps, le Portugal était une dictature, opprimant non seulement ses propres citoyens mais également les peuples de ses colonies africaines. J’ai très vite compris que, pour précieuse que soit l’action humanitaire, elle ne me suffisait pas».
Rfi