Le Sénégal a été auditionné hier par le Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (Cedef). Il a présenté aux experts internationaux, une dame avec des atours presque parfaits. Par Justin GOMIS

  – Le Sénégal a soumis hier au Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (Cedef), son huitième rapport périodique. A Genève, il y a un tableau extrêmement reluisant qui a été soumis aux experts onusiens, notamment l’implication des femmes aux instances de décisions. Selon le ministère de la Femme, des résultats importants enregistrés dont les plus remarquables sont l’accroissement de la représentation des femmes députées. Pour le Hcct, il y a 33,3 % de fem­mes.
Le rapport mis en ligne par le Cedef a insisté sur leur jouissance des droits économiques et sociaux. Sur le plan éducatif, le ministère de l’Education nationale a, dans le cadre du Paquet, mis un projet «d’appui à la lutte contre les violences basées sur le genre en milieu scolaire» pour améliorer l’accès et la rétention des filles à l’école par «la mise en place d’environnements d’apprentissage sûrs et sensibles au genre et la réduction des inégalités de genre dans l’accès et le maintien à l’école, en particulier des filles». Bien sûr, il y a les autorités politiques de promotion de l’éducation des filles avec le Cadre de coordination des interventions en faveur de l’éducation des filles (Ccief) qui a permis d’améliorer le taux d’accès, de promotion des filles à tous les niveaux. Sans oublier la mise en œuvre du Plan de promotion de la femme enseignante (avec un bonus genre pour leur accès aux postes de responsabilités, création d’un réseau de femmes enseignantes pour appuyer la politique du ministère en matière de promotion de l’éducation des filles). Il y a aussi l’évolution du taux de scolarisation des filles dans l’élémentaire qui passe de 88,6 % en 2008 à 93,86 % en 2017 «avec un indice de parité de 1,15 en faveur des filles». D’après le rapport, plus de filles (65,8 %) achèvent le cycle élémentaire que les garçons (54,3 %). «Le taux d’achèvement au moyen a connu une variation en deux phases. De 2008 à 2014, il est passé de 27,20 % à 40,80 %, soit une hausse de 13,60 points de pourcentage et en 2017, ce taux est plus important chez les filles (40,09 %) que chez les garçons (34,18%), son niveau indique qu’il y a lieu de renforcer les stratégies de lutte contre la déperdition scolaire (redoublement et abandon). Le nombre de femmes ayant accès aux postes de responsabilités dans le secteur de l’éducation est passé de 0,1% des effectifs à 13 % de 2013 à 2018», note le rapport dont les chiffres datent de décembre 2019.
Sur les questions sanitaires, les autorités sont revenues sur l’amélioration de l’accès à l’offre de service Santé de la reproduction, l’introduction dans le Programme élargi de vaccination, du vaccin pneumocoque rotavirus Rubéole, contre les infections du Papillomavirus humain chez les jeunes filles pour la lutte contre le cancer du col de l’utérus, la gratuité de la césarienne, la promotion de l’adhésion aux mutuelles de santé pour améliorer l’accès des femmes aux structures sanitaires,… Si la prévalence au Vih est de 0,5 % dans la population générale, elle est de 0,8 % chez les femmes. Quelles sont les mesures prises pour changer la situation ? Il y a «le plan de rattrapage de l’élimination de la transmission du Vih de la mère à l’enfant, le dépistage de toutes les femmes vues en (consultation prénatale) et le dépistage du couple, l’élaboration du guide de prise en charge et suivi des professionnelles de sexe».
Si des efforts ont été faits dans d’autres secteurs comme l’accès à la Justice, il y a néanmoins la persistance de stéréotypes et pratiques préjudiciables aux femmes comme les mutilations génitales féminines, les violences féminines. Même si le législateur a érigé en infraction à la loi pénale, toutes les formes d’atteinte contre leur intégrité physique ou morale, l’insuffisance de programmes spécifiques les encourageant à accéder aux postes internationaux, les pesanteurs socioculturelles et religieuses se traduisant par une faible baisse du taux de prévalence des Mgf pour la tranche d’âge de 0-14 ans.
Au Sénégal, le débat sur les violences faites aux femmes est toujours d’actualité. Malgré les efforts des autorités pour améliorer leur sort, comme la criminalisation du viol, il y a encore des défis à relever comme les vio­lences domestiques et aussi l’autorisation de l’avortement mé­dical en cas de viol ou d’inceste.
Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes est un organe composé d’experts indépendants, qui surveille la mise en œuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Il est composé de 23 experts internationaux sur les droits des femmes, venant du monde entier. Les Etats parties à la convention sont tenus de présenter au comité, à intervalles réguliers, des rapports sur la mise en œuvre des droits consacrés par la convention.