Dans les mariages en Afrique de l’Ouest du Centre, 27% des filles sont âgées entre 15 et 19 ans. Une situation réfractaire au développement avec comme conséquence 13 mil­lions de filles en âge de scolarité hors de l’école.

Ce n’est pas demain la fin des mariages précoces en Afrique. Selon une étude de l’Onu déclinée hier à Dakar dans le cadre d’un séminaire de haut niveau sur la fin des mariages des enfants dans la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, les filles sont cinq fois plus exposées que les garçons à ce phénomène. D’après l’enquête, «1% des garçons de 15 à 19 ans est marié contre 27% des filles du même âge». De plus, relève Fatoumata Ndiaye, représentante des agences de l’Onu, «sur 10 jeunes femmes, 4 ont été mariées avant l’âge de 18 ans et au moins une l’a été à l’âge de 15 ans». L’étude précise : «Cette région compte 6 des 10 pays qui ont la plus forte prévalence de mariages des enfants dans le monde. Aujourd’hui, des données témoignent d’une réduction de la pratique. Entre 1990 et 2015, la prévalence du mariage d’enfants en Afrique est passée de 50% à 39%. Ces progrès varient d’un pays à l’autre et 5 pays connaissent une réduction sensible du taux de prévalence.»
Aujourd’hui, l’objectif des Etats africains est l’éradication du mariage des enfants à l’horizon 2030. Pour cela, il faut permettre aux files d’aller à l’école et de poursuivre leur scolarité qui, d’après Mme Ndiaye, «est l’une des stratégies qui retardent l’âge du mariage». Cependant, cette région compte plus de «13 millions de filles en âge scolaire qui sont hors de l’école».
Au Sénégal, des chiffres de l’Unicef montrent que moins de filles sont mariées avant 15 ans. Le taux est passé de 12% en 2002 à 9% en mai 2016. Toutefois, une fille sur 3 au Sénégal est mariée avant l’âge de 18 ans. Un sondage mené en 2013 par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) a révélé que 72,7% des mariages à l’échelle du pays n’ont pas été enregistrés. Pourtant, le gouvernement du Sénégal a souscrit à la campagne de l’Union africaine, lancée en 2014, pour mettre fin au mariage des enfants.

«Chaque 7 secondes, une fille de moins de 15 ans est mariée»
Il a également ratifié la Convention des Nations unies sur les droits de l’enfant et son équivalent africain qui définissent l’âge légal minimum à 18 ans. Une directive non respectée par beaucoup de pays africains, y compris le Sénégal qui a fixé l’âge l’égal de mariage à 16 ans pour la fille et 18 ans pour les garçons.
«Au-delà de l’arsenal juridique, nous avons besoin de nous engager collectivement à la recherche de solutions avec les communautés à la base, avec nos leaders religieux et traditionnels, mais aussi avec notre jeunesse éduquée pour combattre cette grave atteinte à la dignité humaine», préconise le Premier ministre Mahammed Dionne. En attendant, s’alarme l’Onu, «chaque 7 secondes, une fille de moins de 15 ans est mariée» en Afrique de l’Ouest et du Centre.
bgdiop@lequotidien.sn