Les résultats du rapport d’Amnesty international ne sont pas reluisants pour le Sénégal. D’après Seydi Gassama, la situation est catastrophique. Ainsi, il a cité les atteintes à la liberté, les arrestations des journalistes et les viols perpétrés sur des jeunes filles et des garçons dans les écoles coraniques. Cependant, l’organisation nourrit un espoir de changement avec l’accès au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye. Par Justin GOMIS –

Amnesty international a procédé hier à la publication de son rapport annuel. Bien sûr, il est accablant pour le Sénégal. Selon le Directeur exécutif d’Amnesty International-section Sénégal, «la situation des droits de l’Homme est catastrophique dans le pays». Seydi Gassama fait ainsi état des atteintes à la liberté de la presse. Parmi lesquelles, il cite : «Les suspensions de médias comme Walfadjiri dont la licence a été retirée à la télévision de ce groupe de presse. Une attitude qui participe à instaurer la terreur au sein de la presse.» Dans la même veine, le Directeur exécutif d’Amnesty Sénégal souligne les multiples arrestations arbitraires de journalistes notées lors des manifestations qui ont suivi l’interpellation du leader du parti Pastef, Ousmane Sonko. Il cite le cas de Papé Alé Niang, qui a bénéficié d’une liberté provisoire après plusieurs jours de grève de la faim, de Pape Ndiaye, Serigne Saliou Guèye, directeur de publication de Yoor Yoor. «En dehors de ces journalistes, il y a plus de 2000 personnes emprisonnées pour délits d’opinion, participation à des manifestations interdites, entre autres chefs d’accusation», note M. Gassama.
Par ailleurs, Amnesty international n’a pas apprécié les actes posés par les Forces de défense, la période allant de mars 2021 à mars 2023. Selon le rapport, elles ont fait un recours excessif à la force pour casser du manifestant. Des actes qu’Amnesty impute à la police et à la gendarmerie, «qui ont fait preuve d’une répression aveugle qui a entraîné la mort de plus de 60 personnes à Dakar, dans le Sud du pays et dans les autres régions». Et malgré toutes «ces vies humaines» perdues, remarque Seydi Gassama, «aucune information judiciaire n’a été ouverte». Pour lui, l’impunité ne doit pas être de mise alors qu’une loi d’amnistie a été déjà votée. «Amnesty a déjà déployé les moyens pour que toutes les victimes soient assistées sur le plan judiciaire», dit-il. Amnesty sollicite une audience avec les nouvelles autorités «pour voir ensemble comment ces victimes vont bénéficier du Droit et des réparations». Hier, le Président Faye a annoncé en Conseil des ministres, une Commission chargée des indemnisations.
Selon toujours le rapport d’Amnesty, les droits des femmes et des enfants sont bafoués aussi dans le pays. L’Ong cite les cas de viols en série sur des filles dans des écoles coraniques. Amnesty informe, à cet effet, avoir commis des avocats concernant 30 cas de viol. Nonobstant ces manquements relevés, Amnesty ne perd pas espoir avec l’arrivée des nouvelles autorités. C’est pour cette raison qu’elle plaide pour des réformes profondes, notamment sur les règles d’engagement de la police et de la gendarmerie, la Justice, qui sont des enjeux capitaux. Elle invite aussi à réformer le Code de l’enfant et le statut des écoles coraniques ou daaras en invitant Bassirou Diomaye Faye à «prendre son courage à deux mains pour faire le tour des autorités religieuses, afin de leur parler de manière sincère de cette réforme au niveau de l’enseignement coranique dans le pays».
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