Organisation des élections locales en juin 2020 : Les politiques ne s’alignent pas sur la ligne de la Société civile

La Société civile a proposé juin 2020 pour la tenue des élections locales. Ce n’est pas du goût des différents pôles qui participent au dialogue politique. Cheikh Sarr de la majorité dénonce un «manque de loyauté notoire» de Moundiaye Cissé et Cie qui participent aux concertations. Alors que Déthié Faye des non-alignés et Saliou Sarr de l’opposition estiment que, techniquement, il est impossible d’organiser ces élections en juin 2020.
Dethié Faye, Pôle des non-alignés
«La pression doit porter sur la nécessité urgente de lancer l’audit»
«En reportant les élections, la commission politique avait dit qu’on reporte les élections parce qu’il nous faut un code électoral consensuel. Alors, on ne peut pas avoir de code électoral consensuel si on n’évalue pas le processus électoral, si on n’audite pas le fichier pour que les recommandations qui en seront issues puissent être intégrées dans le Code électoral. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui la pression doit porter sur la nécessité urgente de lancer l’audit et l’évaluation du processus par un cabinet d’experts indépendants pour que nous puissions aller à des élections libres, démocratiques et transparentes. Faute de quoi, si on décidait d’aller aux élections le 1er Juin, alors que l’audit et l’évaluation ne sont pas faits, on donnerait l’occasion au gouvernement d’organiser des élections qui ne seront pas du tout transparentes. Ce qui serait extrêmement dangereux pour la stabilité de ce pays.»
Cheikh Sarr, Pôle de Benno bokk yaakaar : «La Société civile ne peut pas continuer à se positionner en donneur de leçons»
«La première remarque, c’est qu’il y a une volonté manifeste de créer la confusion parce que la Société civile a participé à la rencontre qui a abouti à un consensus devant reporter les élections. Et le report n’a pas été fait ex-nihilo. C’est parce que l’opposition a posé la nécessité d’auditer le fichier électoral et d’évaluer le processus électoral qu’on a dit qu’il n’était pas possible d’aller aux élections locales sans pour autant avoir rempli ces deux conditions. Et ces différentes activités demandent du temps. C’est ce temps-là qui a motivé le report des élections qui étaient prévues le 1er décembre. Ce qui est malheureux, c’est que la Société civile qui parle a participé aux discussions et a accepté la position. Nous pensons qu’il y a un manque de loyauté notoire entre les acteurs. La Société civile ne peut pas continuer à se positionner en donneur de leçons. Depuis longtemps, nous travaillons ensemble avec eux. Je pense qu’il devait y avoir plus de loyauté et de cordialité dans nos relations.»
Saliou Sarr, Pôle de l’opposition : «Impossible de tenir les élections en juin 2020»
«Si on dit il faut reporter, le report devrait dépendre de l’audit du fichier, de l’évaluation des résultats, de la validation. Et il faut un temps technique. Déjà, on a souhaité recruter un cabinet indépendant à partir d’un appel d’offres. Comme procédure, nous avons pris la décision de faire un appel à manifestation d’intérêt. Le temps d’élaborer les termes de référence, de dire comment on va faire l’audit et de choisir le cabinet, cela va prendre au moins 2 mois. Nous avons également parlé d’audit sur pièce et sur place. Donc, si on doit aller dans toutes les collectivités locales pour regarder ce qui se passe dans le fichier, nos griefs, nos recommandations, nos préoccupations… mais cela prendrait au moins 6 mois. Donc 2 mois plus 6 mois, cela veut dire que la date de juin 2020 est impossible.»