Les Moustarchidines, Ndiéguène et Médina Baye célèbrent le MaouloudLe khalife général des Tidianes reste cohérent dans sa démarche. Face à la persistance de la pandémie du Covid-19, Serigne Babacar Sy Mansour vient encore de prendre des mesures inédites avec l’annulation du Gamou annuel de Tivaouane, en demandant aux talibés de célébrer le Mawlid chez eux.

Inédit ! Le Gamou marquant la naissance du Prophète (Psl) ne sera pas célébré cette année dans la ville sainte de Tivaouane. Alors que l’évènement lui a donné son éclat religieux, qui irradie la descendance de El Hadji Malick Sy. C’est une décision de la plus haute autorité religieuse des Tidianes, annoncée par le coordonnateur du Comité d’initiative, Serigne Mbaye Sy Abdou. «Le khalife général des Tidianes, Serigne Babacar Sy Mansour, a jugé utile et salutaire d’inviter les fidèles à célébrer le Mawlid de cette année dans leur intimité, car ce qui lui importe n’est ni la lettre ni le nombre de fidèles mobilisés, mais l’essence de cette commémoration qui, en tout point de vue, n’est que la reproduction du modèle prophétique tel qu’enseigné par Mawlana Cheikh Al Hadj Malick Sy. Lui dont l’invite rigoriste fustigeait qu’on le célèbre dans l’ostentation et la promotion de l’interdit», déclare Serigne Hamid Sy Al Amine, responsable de la Cellule communication du Gamou dont la célébration a traversé des siècles. Il enchaîne : «Le khalife nous invite à célébrer autrement le Mawlid de cette année dans le refus de la fatalité, dans la prière profonde et sincère, dans la prière sans foule et la célébration sans bain de foule, celle menée dans l’humilité de nos chaumières, le partage et l’amour du prochain, la quête de l’agrément d’Allah et de son Prophète, sous l’ombre salvatrice de l’Homme au parasol, Mawlana Cheikh Al Hadj Malick Sy.»
En 2020, le Covdi-19 a chamboulé toutes les habitudes, contraignant le monde à réajuster son fonctionnement. Et pour Serigne Hamid Sy, une telle décision inédite fait suite à «la persistance de la pandémie liée au Covid-19 dans notre pays et dans le monde entier, après avoir pris les conseils avisés des hommes de l’art et des jurisconsultes, conformément à l’injonction coranique : ‘’Interrogez les détenteurs du rappel si vous ne savez pas’’ et après une large concertation avec la famille de Cheikh Al Hadj Malick Sy, conformément à la devise de la large concertation dans le Coran que Serigne Babacar Sy Mansour a décidé de s’adresser ce jour aux musulmans du Sénégal et de la diaspora». Et à ses yeux, «cette adresse vient en cohérence avec les positions qu’il a déjà prises jusqu’ici, positions fondées sur la Sunna du Prophète Mouhamad (Psl) qui disait que ‘’la peste est une sorte de malédiction (…) si vous connaissez un pays dans lequel l’épidémie s’est répandue, n’y partez pas et si vous vous y trouvez, n’en sortez pas non plus pour la fuir’’». Aussi, «celles-ci se fondent également sur les traditions recueillies des guides de notre voie mouhamedienne, par excellence, qui se sont toujours distingués par l’assumation de leur responsabilité et par leur bienveillance lorsque la vie ou la quiétude de leurs coreligionnaires sont menacées». A ce titre, Serigne Hamid Sy Al Amine de rappeler que lors de pandémie de la peste de 1919, Seydi El Hadji Malick Sy avait, dans une lettre adressée aux mosquées de son obédience, écrit ceci : «Ne désobéissez pas aux recommandations des médecins qui vous demandent de ne pas cacher la maladie(…) ! Nous devons respect et considération aux médecins (…) Rien que pour honorer les paroles du Prophète (Psl), vous devriez les suivre à propos de l’interdiction d’entrer dans les zones affectées par l’épidémie ou d’en sortir.» C’est d’ailleurs tout le sens de l’annulation du Gamou à Tivaouane. Laquelle célébration, relève-t-il, avait été organisée pour la première édition à Tivaouane par Maodo et son disciple et ami El Hadji Rawane Ngom de Mpal. «Ils se sont partagés le Coran qu’ils ont psalmodié tout au long de la nuit.»

Restez chez vous !
Depuis ce jour, Tivaouane est devenue le point de ralliement des milliers de talibés. Cette année, ils étaient prêts à y mettre leur cœur pour chanter en chœur les louanges du Prophète (Psl). Le khalife des Tidianes mesure à juste titre leur déception. «Serigne Babacar Sy Mansour sait à juste titre l’attachement que vous portez (Ndlr : Talibés) à Tivaouane et à son guide éclairé Mawlana Cheikh Al Hadj Malick. Il mesure la profondeur de votre dévouement à prendre sur vous le risque pour sacrifier à la tradition qui veut que depuis 1902 et sans interruption le Gamou ait été toujours célébré dans la ferveur et la communion ici à Tivaouane. Rien ne lui ferait plus plaisir que de pouvoir communier avec vous à nouveau», souligne le président de la Cellule de communication du Mawlid. Mais, dit-il, «à l’impossible nul n’est tenu. Or l’impossible de communier rime avec le coronavirus qui, plus qu’une maladie, est une malédiction et un fossé qui n’est franchissable qu’au péril de notre santé et de nos vies». Or, fera-t-il remarquer, «il existe mille façons de rendre grâce à Dieu et de reproduire le modèle prophétique. Il y a mille leçons, mille chemins de vie pour célébrer le Mawlid. Une action de grâce et de solidarité faite ce jour à l’endroit d’un coreligionnaire nécessiteux peut être plus salutaire que mille prosternations». Il cite : «Une prière à l’adresse d’un malade cloué sur un lit d’hôpital peut avoir plus de bénéfice que nos propres actes de dévotion. Pensons à tous ces malades du Covid-19 dans nos hôpitaux et, pour eux, prions ce jour ! Une prière également pour tous ces morts par cette maladie est à coup sûr une forme de reproduction du modèle du Meilleur des Hommes, celui-là même dont le Coran nous assure qu’il n’a été envoyé que comme Miséricorde pour les mondes.» Dans son speech, Serigne Hamid Sy a encouragé les médecins et aides-soignants qui, «depuis 8 mois, n’ont pas de répit et veillent sur notre santé et celle de nos proches», avant de souligner que «le Mawlid étant également un prolongement de l’université populaire de Maodo, il y a également mille façons de rendre le savoir accessible à tous par l’alchimie des technologies de l’information et de la communication, mais aussi par les médias».