C’est un film hors du commun à voir sur Netflix. L’histoire d’une amitié entre un homme et une pieuvre. Ce documentaire sud-africain penche parfois trop vers le mélo, mais il est captivant, très émouvant et d’une beauté renversante. Il a remporté l’Oscar 2021 du meilleur documentaire.
La sagesse de la pieuvre a été récompensé par l’Oscar 2021 du meilleur documentaire. Excellente raison pour vous précipiter sur ce film hors norme à voir sur Netflix. C’est l’histoire folle d’une amitié entre un homme et une pieuvre. Nous sommes tout au sud de l’Afrique du Sud, au large du Cap. Craig Foster a une cinquantaine d’années. C’est un réalisateur en plein burn-out, qui n’a plus goût à la vie. Et il tombe nez à nez, au cours d’une plongée en mer, avec une pieuvre. Il a immédiatement l’intuition que cette créature singulière a des choses à lui apprendre. Le titre original du film, d’ailleurs, c’est My octopus teacher, Ma prof pieuvre.
Un rendez-vous quotidien
Alors il décide de retourner chaque jour au même endroit. Tous les jours, sans exception, pendant un an, il plonge dans l’eau glacée (sans bouteille ni combinaison, pour ne pas mettre de barrière entre lui et la nature), et fait connaissance avec ce céphalopode. Au début, la pieuvre se méfie, évidemment. Alors Craig laisse sa caméra au fond de l’eau pour la filmer sans la déranger. La pieuvre attrape l’appareil avec ses ventouses, les images sont savoureuses. Et peu à peu, l’homme et l’animal s’apprivoisent. La pieuvre allonge une tentacule et touche la main de Craig avec ses ventouses. La scène est magique. C’est le premier contact entre eux, et loin d’être le dernier. Ce documentaire a tendance à pencher un peu trop vers le mélo, notamment en raison de la musique omniprésente, et c’est dommage. Mais il se dégage de cette curiosité réciproque une immense douceur.
Immense intelligence
On en apprend beaucoup sur cet animal fascinant, au passage. La pieuvre commune, octopus vulgaris, a des capacités cognitives hors du commun. Elle possède 2 000 ventouses qu’elle utilise indépendamment. Comment y parvient-elle ? Imaginez-vous avec 2 000 doigts ! Son intelligence est comparable à celle d’un chien, d’un chat ou même d’un singe. Et pourtant c’est un mollusque. Merveille de l’évolution. Il faut voir les tactiques qu’elle déploie pour chasser le crabe, par exemple. Cet animal élabore des stratégies de chasse incroyablement variées. La pieuvre est aussi une virtuose du camouflage. La scène la plus spectaculaire du documentaire, à mon avis, est celle où elle échappe à un requin pyjama (ainsi nommé en raison de ses rayures). Par un ahurissant tour de passe-passe, elle s’accroche au dos du prédateur : elle se ventouse sur le dos du requin qui ne peut donc plus la manger. Il se dandine pour tenter de s’en débarrasser, mais rien à faire. Elle se balade sur le dos de son pire ennemi, elle le nargue presque. C’est l’occasion de vérifier, si besoin était, que tout est affaire de point de vue : on est bien content quand la pieuvre échappe au requin, mais on ne ressent aucune pitié pour le homard ou le crabe quand elle les dévore tout cru (…). On en ressort hypnotisé, impressionné par la capacité de cet animal à surmonter les pires difficultés, dans un décor d’une beauté renversante. La vie de la pieuvre dure un an seulement, mais c’est une vie qui dépasse l’imagination. Craig Foster a trouvé dans la relation avec cette pieuvre la force de reprendre goût à la vie. Et ce film raconte une histoire vraie : ce n’est pas une poulpe-fiction.
France Inter