Ousmane Sonko : du syndicaliste des fonds communs au pourfendeur des fonctionnaires

Ousmane Sonko semble avoir trouvé son nouveau cheval de bataille : le «fonctionnaire-bashing».
Dans un exercice de communication bien rodé, il s’attaque avec zèle aux émoluments des agents publics, les érigeant en symboles d’un «système» qu’il prétend vouloir assainir.
En réalité, il s’agit surtout de désigner des boucs émissaires tout trouvés, pour flatter une base politique de plus en plus allergique à toute forme de réussite sociale qui ne soit pas validée par son dogme populiste.
Mais derrière ce numéro de moralisation feinte, les contradictions s’accumulent, et elles ne sont pas minces. Il fut un temps, pas si lointain, où Ousmane Sonko défendait bec et ongles… un fonctionnaire milliardaire : le directeur du Cadastre. Oui, milliardaire.
Dans son prisme de l’époque, cette fortune ne semblait poser aucun problème, tant qu’elle émanait du «bon» camp.
Et puisque nous parlons d’enrichissement, posons cette question légitime : comment expliquer qu’en à peine 15 années de service dans l’Administration, sans responsabilités de premier plan, M. Sonko soit aujourd’hui propriétaire d’un bien immobilier situé dans l’un des quartiers les plus huppés de Dakar, estimé à plusieurs centaines de millions de francs Cfa ? Quel est ce miracle économique dont il aurait été seul bénéficiaire ?
Une déclaration de patrimoine de sa part éclairerait utilement le débat. Mais elle se fait attendre…
Ajoutons à cela qu’en tant que syndicaliste, M. Sonko était l’un des plus fervents défenseurs des fameux fonds communs, ces primes de plusieurs millions de F Cfa octroyées à certains fonctionnaires, au nom de la «motivation» et de la «performance». Ce qu’il glorifiait hier, il le pourfend aujourd’hui, au nom d’un agenda politique opportuniste.
Au fond, ce n’est pas de justice sociale qu’il s’agit, mais bien de diversion politique. Car s’il y a une constance chez Ousmane Sonko, c’est bien celle de l’incohérence maquillée en radicalité. A défaut de rendre des comptes, il préfère faire les questions et les réponses. C’est plus simple, surtout quand les faits dérangent.
Aly BATHILY
Coordonnateur de la République des Valeurs/Réewum Ngor – France