Dans une confusion savamment entretenue entre ses différentes casquettes, le citoyen Ousmane Sonko s’est adressé à ses partisans et, au-delà, à l’ensemble des Sénégalais.
En passant, il est intéressant de noter qu’il est un fait rare qu’un citoyen, seul, puisse mobiliser autant de moyens et de supports de communication pour échanger avec ses concitoyens !
Ce qui montre la difficulté de séparer le citoyen Ousmane Sonko de son rôle de chef de parti ou de sa fonction de chef de gouvernement. Il a précisé qu’il prenait la parole en sa qualité de citoyen. Nous lui concédons cela.
Donc, le citoyen Ousmane Sonko nous apprend que des «magistrats ont été achetés par des terrains, par de l’argent…» pour le faire condamner par l’ancien régime. Cette accusation est énormissime ! S’il le dit, il doit avoir certainement du béton entre les mains, à moins de bluffer comme il en a l’habitude.
Le procureur de la République devrait s’autosaisir.
Il doit apporter la preuve de ses accusations, car on ne peut jeter l’opprobre sur des personnes exerçant la fonction de juge au risque de miner la confiance envers la Justice. S’il existe des magistrats corrompus et que des faits de corruption soient avérés, le Peuple doit les connaître et le glaive devrait s’abattre sur eux. La confiance et la bonne distribution de la Justice ne sauraient s’accommoder de magistrats ripoux ! Par conséquent, le citoyen Ousmane Sonko doit s’expliquer et apporter la preuve de ses allégations. Le procureur de la République, s’il est conséquent et logique avec lui-même, ainsi que cohérent avec ses pratiques récentes, devrait convoquer Ousmane Sonko, sans délai, pour vérifier la véracité de ses accusations. Il devrait le faire aisément, car Ousmane Sonko a tenu ses accusations en sa qualité de simple citoyen.

Dédoublement de la personnalité
Nul besoin de procédures particulières, car le Premier ministre du Sénégal n’est pas concerné (pour retrouver Ousmane Sonko sur son terrain de jeu favori : le dédoublement de sa personnalité). Comme il l’a fait pour d’autres citoyens, déjà condamnés ou qui croupissent à Rebeuss en détention provisoire, le procureur de la République doit s’autosaisir. Si Ousmane Sonko ne prouve pas ses allégations, il devrait le poursuivre, à minima, pour diffusion de fausses nouvelles, diffamation, atteinte à l’honneur, etc.
La balle est dans le camp du Procureur. Nous l’observons et scrutons ses faits et gestes relativement aux accusations du citoyen Ousmane Sonko. Sa crédibilité est engagée, comme celle de l’Union des magistrats du Sénégal (Ums) qui est censée défendre la crédibilité du corps des magistrats, mais aussi ces derniers pris individuellement.
Pr Cheikh FAYE