Après neuf mois de gouvernance, l’actuel régime continue de décrier la mauvaise gestion du pouvoir sortant. Et pour le Premier ministre Ousmane Sonko, qui peint un tableau assez sombre de la situation actuelle du pays, l’ancien régime nous a laissé un pays en lambeaux. Idem pour notre Président Diomaye Faye qui parle d’un Etat contraint dont les marges de manœuvre budgétaire et financière n’existent quasiment plus. Il faut dire que ce discours alarmant fait déjà réfléchir beaucoup de Séné­galais. Dans l’attente du déroulement du programme Sénégal 2050, Diomaye Faye et Ous­mane Sonko doivent donner aux Sénégalais la preuve qu’ils sont pour «un gouvernement qui sert au lieu de se servir».

C’est le Premier ministre Ousmane Sonko qui déclare devant les ressortissants sénégalais de Nouatchott : «Il y a des choix à faire. Voulons-nous faire du saupoudrage ou voulons-nous faire une révolution ? Une révolution n’est pas à confondre avec une révolte.» Il est également dit dans le communiqué du Bureau Politique (Bp) de Pastef qui s’est tenu le mardi 28 janvier 2025 : «Le don de soi pour la Patrie», «…la voie de la révolution populaire et citoyenne en cours laquelle ne saurait se contenter de simples réaménagements ou replâtrages cosmétiques».

Mais entendons-nous bien, le discours du régime actuel est tranché et radical, mais Pastef est loin d’être un Parti révolutionnaire !

Un pays comme le Cuba a subi des pressions politico-médiatiques, des harcèlements et même l’embargo de la part de la première puissance mondiale d’alors, les Etats-Unis, et du monde occidental, mais les leaders Fidel Castro et Che Guevara, qui sont de vrais révolutionnaires, ont pris sur eux des sacrifices énormes, afin de régler des questions essentielles (coût de la vie acceptable, système de santé satisfaisant et une politique d’éducation performante).  C’était également le cas pour Thomas Sankara qui avait montré la voie au Peuple du Burkina, en changeant complètement l’image négative que les populations avaient de leurs dirigeants.

Les Sénégalais qui aspirent à de vrais changements ne semblent plus se satisfaire des toilettages au sommet de l’Etat !  La reddition des comptes est certes une nécessité, mais les populations attendent mieux de ce régime, qui doit impérativement revoir son train de vie, qui est en déphasage avec la situation actuelle du pays, qui est toujours, selon Ousmane Sonko, dans un état d’agonie et de putréfaction.

Alors quand le Premier ministre Ousmane Sonko demande aux travailleurs de surseoir à leurs revendications, ce discours aurait pu avoir plus de portée si son gouvernement donnait l’exemple, en mettant fin à cette inégalité structurante qui sévit dans ce pays depuis belle lurette. Le changement systémique, qui est le cri de guerre des autorités, doit être une réalité au niveau de la sphère étatique, car on ne peut vouloir changer l’ancien système en maintenant les avatars de l’ancien système.

C’est ainsi que les nouvelles autorités du pays pourront convaincre les populations de leur volonté de sortir le pays de cet état d’injustice et de retard endémique. Au moment où l’écrasante majorité du Peuple est dans le désarroi, le train de vie de l’Etat peut offusquer ceux qui sont dans l’attente d’une rupture qui a été le cheval de bataille du régime actuel. Il sera très difficile de donner des gages de sincérité aux populations, s’ils n’acceptent pas de mettre fin aux privilèges injustifiés et aux avantages indus qui continuent de plus belle au sommet de l’Etat.

Le gou­vernement pense à la réduction de la masse salariale, à la bonne gestion du patrimoine foncier et bâti de l’Etat, au paiement des impôts et au rapatriement de tous les éléments inutiles qui sont dans les ambassades, consulats et bureaux économiques ; la réduction du budget de la Présidence de 80 à 49 milliards, celui de l’Assemblée nationale de 20 à 19 milliards et le budget de la Primature de 25 à 11 milliards -ce qui n’est pas rien-, mais ils doivent également éliminer tous les traitements de faveur, supprimer tous ces ministères, directions et agences qui n’ont pas donner la preuve de leur utilité, et en finir avec ce pléthore de séminaires, forums, assises et autres activités de prestige qui grèvent le budget de l’Etat…

Ous­mane Sonko, la révolution ce n’est pas de procéder à des réformes inutiles, inefficaces, intenables ou des réformettes ! Dans un pays qui est dans un état de déstructuration profonde et de sabordage manifeste -comme tu sembles le dire-, le choix qui s’impose c’est d’aller résolument vers une réduction drastique du train de vie de l’Etat.

Babacar Papis SAMBA
La Pensée complexe