Comme beaucoup de pays africains, après trois (3) siècles de colonisation, le Sénégal a eu son indépendance en 1960.
Avec son premier régime au pouvoir, Senghor-Dia-Diouf, malgré les crises politiques, sociales, les difficultés économiques, les ajustements structurels et la dévaluation du Cfa, le nouveau-né de l’indépendance a réussi à grandir jusqu’à atteindre l’âge de 40 ans de gouvernance avec le «régime socialiste». Avec la crise de la quarantaine, le grand changement (Sopi) s’opère dans les esprits avec l’alternance 2000, ouvrant ainsi la voie au «régime libéral» qui va durer 24 longues années dont 12 ans portés par le fondateur du Pds, Abdoulaye Wade, et les 12 années suivantes avec Macky Sall, le fils-politique du leader qui, suite au bannissement du père, se traça, en 2012, son propre chemin libéral qu’il nomma le «Yoonu Yokkuté -en français (le véritable chemin du développement)».

Lire la contribution – De la mythomanie à la dictature infantile

Avec cette vision politique de Macky Sall, le Sénégal, âgé de 52 ans depuis sa libération des jougs du colonialisme, se prend des ailes avec un nouveau contrat de développement économique et social. Un programme visant à mettre fin aux injustices sociales, à assurer les bases économiques du développement, à atteindre une productivité développante, à garantir la paix, la sécurité, la stabilité et à œuvrer pour l’intégration africaine, tout en faisant du Sénégal un modèle de démocratie exemplaire et une diplomatie reconnue.
Coup de massue ce jeudi 26 septembre 2024 ! Après ses 64 ans d’indépendance et autant d’années de luttes sociales, de consolidation démocratique, d’efforts économiques, avec des indicateurs financiers encourageants, le pays est déclaré «Etat en ruine» par le Premier ministre du nouveau régime au pouvoir !

Lire la contribution – Le Conseil supérieur de la Magistrature du 9 aout 2024 viole l’article 677-109 alinéa 8 de la loi n°2023-14 du 2 août 2023 portant création du Pool judiciaire financier (Pjf)

Dans ce point de presse de ce jeudi 26 septembre 2024, Ousmane Sonko déclare que «le régime de Macky Sall a menti aux Sénégalais et aux partenaires financiers en manipulant les chiffres des finances publiques» (..), et qu’après l’inventaire de l’état des lieux, Sonko déclare ceci : «Nous nous sommes rendu compte que le pays est au quatrième sous-sol de situation catastrophique, contrairement au premier étage du niveau catastrophique qu’il pensait que le Sénégal se trouvait avant leur arrivée au pouvoir.»

Cette déclaration d’Ousmane Sonko est extrêmement grave, car remettant totalement en cause tous les efforts de développement du pays depuis 64 ans après son indépendance, et remettant aussi en cause tous les fondamentaux de gouvernance et même entachant la crédibilité des relations du Sénégal avec les partenaires financiers qui soutiennent notre développement économique, lorsqu’il dit dans ce point de presse que «ces partenaires financiers avaient accepté que le Sénégal puisse aller en termes de levée de fonds au-delà de ce qui était annuellement autorisé». Ce qui constitue une accusation de complicité de tripatouillage des finances publiques.
En tant que citoyenne, j’exige des partenaires financiers du Sénégal, le devoir de rétablir la vérité, car il y va de leur crédibilité en tant qu’institutions financières internationales.

Lire la contribution – Elections législatives inédites au Sénégal, depuis le Code consensuel de Kéba Mbaye et l’Alternance 2000

Et sans s’en rendre compte, le Premier ministre Ousmane Sonko a exposé la signature du Sénégal et même mis en doute l’image de ces organisations financières. Ce qui est gravissime !

Et plus grave encore, si Sonko dit -je cite : «nous avions promis aux Sénégalais que nous les mènerions au sommet du gratte-ciel», que par la suite il trouve que le Sénégal est non pas au premier étage du niveau catastrophique, mais au quatrième sous-sol, ce qui veut dire qu’avec le régime Diomaye, le nouveau départ de développement économique et social va prendre source à partir du quatrième sous-sol du niveau catastrophique de la gestion du pays.
Si le Sénégal est dans ce bas-fond catastrophique, donc la transformation systémique prônée par Sonko n’est plus possible, même d’ici 2050. Faudra d’abord attendre d’émerger au premier étage. Pauvre Peuple ! Quel désastre quand la manipulation politique joue avec ton intelligence et ton avenir !
Plume Citoyenne
Marem KANTE