Son nouveau statut n’atténue pas ses tirs. Ousmane Sonko réclame la tête du ministre de l’Intérieur et la suppression du Raw gàddu (scrutin majoritaire à un seul tour).

Etant parmi les plus forts, Ousmane Sonko reste. L’unique siège acquis ne lui enlève en rien sa verve et son amertume. Le leader de Pastef est loin d’être satisfait du déroulement et des résultats des élections législatives du 30 juillet dernier. La tête de liste de la coalition Ndawi askan wi/Alternative du Peuple estime que ces élections sont entachées de «fraudes» et de «défaillances organisationnelles». «Le ministre de l’Intérieur a failli. Cette élection est chaotique. Il doit jeter l’éponge. C’est un sabotage orchestré. Dans plusieurs localités du pays, mes bulletins étaient renversés ou absents. Sans ces tentatives, les voix seraient plus conséquentes», peste l’ancien inspecteur des impôts et domaines. Selon lui, le président de la République Macky Sall a «préfabriqué» la victoire de la coalition Benno bokk yaakaar qui, à ses yeux, est «minoritaire» dans le pays. Le natif de Bassire n’a pas confiance au système électoral. «L’audit du fichier électoral et la suppression du mode de scrutin inique dit Raw gàddu s’imposent», réclame-t-il avec fermeté.

«Attendez-vous au débauchage de grosses têtes»
Ousmane Sonko accuse le président de la République d’avoir utilisé les moyens de l’Etat. «Macky Sall a détourné l’argent du contribuable pour financer sa coalition et acheter les consciences d’une frange de la population», lance-t-il devant ses alliés. Il n’a certes pas tourné la page des Législatives, mais il se projette déjà à l’élection présidentielle de 2019. Sachant qu’elle ne sera pas une promenade de santé, il compte bien se préparer. «Il nous faut aller conquérir une base électorale pour préparer les prochaines échéances», révèle-t-il avec un petit sourire. Dans cette optique, l’opposant prédit des lendemains sombres pour la coalition Benno bokk yaakaar. «C’est inacceptable, avec 49% des suffrages, qu’elle s’octroie 76% des députés de l’Assemblée nationale. Avec ce taux, en 2019, il y aura un second tour. Le pouvoir est aujourd’hui partagé entre la honte et la peur de perdre la prochaine présidentielle. At­tendez-vous au débauchage de grosses têtes», avertit-il sur un ton taquin. A quelques semaines de son installation, le député de la coalition Ndawi askan wi dévoile sa stratégie : «A l’Hémicycle, nous serons un député du Peuple et nous allons le défendre contre les détournements, les mascarades, les surfacturations.»
Stagiaire