L’événement a débuté le 12 octobre 2024, lorsque l’ouverture du barrage de Manantali a commencé à libérer d’importantes quantités d’eau dans le fleuve Sénégal. Rapidement, les premières habitations riveraines du village de Diawara ont été touchées, j’ai été contacté tôt le matin par un de mes collègues dont le domicile était complètement submergé par l’eau. Au fil des jours, l’eau n’a cessé de monter, engloutissant progressivement d’autres quartiers, touchant de plus en plus de familles et rendant les déplacements extrêmement difficiles.
Dès les premiers jours de l’inondation, de nombreuses familles, délogées par la montée des eaux, ont cherché refuge dans les établissements scolaires de Diawara, pensant y trouver un abri temporaire. Les salles de classe et les cours d’école, initialement épargnées, se sont transformées en centres d’accueil pour ces sinistrés, qui n’avaient nulle part ailleurs où aller. Cependant, à mesure que les jours passaient, ces lieux eux-mêmes ont commencé à être envahis par l’eau.
Petit à petit, l’eau s’est étendue, rendant inhabitable un nombre croissant de maisons et forçant plusieurs centaines de personnes à chercher refuge ailleurs.
En l’espace de quelques jours, tout le système éducatif s’est retrouvé paralysé. Les établissements scolaires, habituellement lieux de savoir et d’espoir, se sont transformés en lacs improvisés, forçant élèves et enseignants à abandonner les salles de classe. Quant aux enseignants, leur situation est tout aussi dramatique. Beaucoup ont perdu leur logement, englouti par les eaux, avec tout ce qu’ils possédaient : meubles, effets personnels, matériel de travail. Ces inondations ont non seulement détruit leurs habitations, mais également leurs conditions de vie et d’enseignement. Certains se retrouvent sans abri, forcés de chercher refuge chez des proches ou dans des abris de fortune. La perte de leur matériel pédagogique, ainsi que leur logement, complique encore plus leur retour potentiel en classe, les laissant sans ressources pour reprendre le travail une fois la situation stabilisée. Les conséquences se font déjà sentir pour l’année scolaire en cours. Même si la situation venait à revenir à la normale, les eaux stagnantes devraient être retirées de la ville de Diawara et des établissements scolaires, et une désinfection complète et un nettoyage intensif s’imposent dans l’urgence.
Les salles de classe, la cour des écoles et certains bureaux administratifs ont été submergés par les eaux boueuses, laissant derrière elles des risques sanitaires importants. Il sera donc indispensable de procéder à une décontamination totale des lieux touchés, non seulement pour assurer la sécurité des élèves et des enseignants, mais aussi pour permettre la reprise de l’enseignement dans des conditions saines.
Cheikh TOP
Professeur de philosophie au lycée de Diawara