Le dialogue politique démarre aujourd’hui avant le Dialogue national prévu le 28 mai. Le Front de résistance nationale (Frn) regroupant les partis de l’opposition ira à la rencontre pour «porter un message». Les points tels que la date des locales, le statut du chef de l’opposition, l’application de la suppression du poste de Premier ministre sont au menu.

Par Mamadou SAKINE et Sitapha BADJI

Le Front de résistance nationale (Fnr) répondra à l’appel du ministre de l’Intérieur. En effet, Aly Ngouille Ndiaye donne ce matin, le coup d’envoi du dialogue politique. Le ministre de l’Intérieur a convié les partis politiques pour discuter des termes de référence contenant les points de discussion. Hier, les leaders des partis de l’opposition se sont réunis au siège de Bokk gis gis de Pape Diop pour dégager une position commune. Rien n’a filtré en ce qui concerne la stratégie peaufinée lors de cette rencontre qui a noté la présence de Idrissa Seck de Rewmi, Me Madické Niang, Issa Sall, Oumar Sarr du Pds, et Thierno Bocoum, entre autres. Moctar Sourang, coordonnateur du Frn, a déclaré hier : «Ce qu’on va faire, vous le saurez demain (aujourd’hui). L’objet était d’harmoniser nos positions par rapport à la rencontre de demain (aujourd’hui) convoquée par le ministre de l’Intérieur. Donc, il fallait échanger. On a trouvé des consensus très forts. On s’est mis d’accord sur une position et vous le saurez demain. Nous irons là-bas pour porter un message, chacun des partis membres du front.»
Il faut noter que ces concertations interviennent dans un contexte préélectoral marqué par le refus de l’opposition de reconnaitre les résultats issus des urnes le 24 février. D’ailleurs, il y a quelques jours, Idrissa Seck a publié un livre blanc dans lequel il dénonce ce qu’il qualifie de «hold-up électoral» et y propose 39 recommandations pour les prochaines échéances. Alors, cette rencontre est en principe censée permettre de clarifier les positions de tous les acteurs sur le processus électoral. Maintenant, il reste à savoir si l’opposition participera aux travaux ou elle ira juste pour poser un acte allant dans le sens de montrer son désaccord avec la démarche de Macky Sall.
Le président de la République appelle à discuter sur des points sur lesquels il a déjà pris l’initiative et entamé leur exécution sans concertation préalable. C’est l’exemple de la question relative à la suppression du poste de Premier ministre dont la loi a été adoptée samedi dernier, par l’Assemblée nationale. L’oppo­sition a appris la décision de la suppression du poste par voie de presse. Pourtant, en 21 jours de campagne électorale, Macky Sall n’a jamais parlé de révision de la Constitution surtout concernant ce point précis. Aujourd’hui, si l’opposition prend l’initiative de bouder la rencontre, ce dialogue risquerait d’être dénué de tout son sens. Parce qu’on ne peut pas discuter par exemple du statut du chef de l’opposition en l’absence des partis représentatifs au Sénégal et la décision qui sortirait de ces conclaves serait alors dénuée de tout crédit.
En présentant les Tdr du dialogue à ses alliés, le président de la République a reconnu que le parrainage a été expérimenté avec des «avantages et des faiblesses». Sur ce point, les concertations pourraient permettre de corriger certaines choses. On se rappelle, un collectif dénommé C25 avait été créé après qu’une liste de 25 candidats à la candidature a été recalée par le Conseil constitutionnel à l’étape du parrainage. Pour eux, ils avaient été «injustement» écartés de la course à la Présidentielle. Alors à quelques mois des Locales, initialement prévues le 1er décembre, où l’idée d’un report est agitée, il est pertinent de parler du parrainage pour ces joutes à venir. D’ailleurs, selon les termes de référence, il sera également question de la date de ces élections locales, du système de parrainage, ses modalités d’organisation et de la caution.
Hier, après leur rencontre, l’opposition n’a parlé ni de boycott ni n’a posé de conditions pour répondre à l’invitation de Aly Ngouille Ndiaye. Toutefois par le passé, des partis de l’opposition dite significative, comme le Parti démocratique sénégalais (Pds), avaient boycotté les discussions. Le Pds a toujours posé d’abord comme préalable, le retour de Karim Wade. Et même si la coalition Taxawu senegal de Khalifa Sall, qui n’est en principe pas invitée, puisque seuls les partis politiques légalement constitués y sont convoqués, les «khalifistes» ont aussi à chaque fois exclu tout dialogue tant que leur leader est en prison. Tout sera clair ce matin.
msakine@lequotidien.sn