Ouverture du Festival de jazz : Saint-Louis replonge dans ses belles sonorités

Du 28 mai au 1er juin, la ville de Saint-Louis sera à nouveau le carrefour du jazz sénégalais, africain et même mondial, avec l’organisation de la 33ème édition de son Festival international de jazz. La vieille ville, déjà dans ses habits de fête et fin prête, accueillera pendant cette période les amoureux du jazz de toutes les générations. Venus des quatre coins du monde, les férus de jazz y séjourneront plusieurs jours pour assister à la dizaine de concerts programmés à la Place Baya Ndar.
Saint-Louis s’apprête à sacrifier à une tradition vieille désormais de 33 ans, avec les premières notes de jazz attendues ce soir à la mythique Place Baya Ndar, lieu de tous les rendez-vous pour des milliers de festivaliers. Le branle-bas et l’ambiance festive, constatés surtout dans l’île où tous les réceptifs hôteliers ont déjà affiché le plein, laissent croire que la fête sera encore plus belle cette année.
Une programmation musicale alléchante
A l’image des dernières éditions toutes couronnées de succès, les responsables de la programmation de Saint-Louis Jazz international ont encore mis les petits plats dans les grands pour offrir au public un festival de rêve. Pour ouvrir en beauté et certainement marquer pour de bon les esprits, ils ont concocté une belle affiche à l’ouverture avec respectivement Saiko Nata et The Metz Fondation. Saiko Nata, qui sera une découverte sur la scène de Saint-Louis, est avant tout la rencontre plusieurs artistes qui ont décidé de ne faire qu’un. Une union matérialisée par la fondation du groupe qui se dote d’un nom symbolique et audacieux qui désigne, en langue mandingue, une vision nouvelle. Hélène Niddam (piano), Cheikh Yancouba Diébaté (kora), Fallou N’Diaye (calebasse) et Hichem Takaoute (basse) sont attendus sur scène pour une relecture et une réécriture musicales, sonores et rythmiques de grands morceaux de la musique classique, avec sans doute une intégration de l’univers africain pour une fusion inédite.
En deuxième partie, The Metz Foundation prendra le relais pour terminer la soirée dans une ambiance sûrement électrique. Le groupe fondé seulement en 2022 se fait reconnaître par son identité sonore électrique et énergétique. Le trio propose une musique incitant à la danse tout en mélangeant des sonorités brutes et bien rythmées avec des effets électroniques, le tout servi par un répertoire original et varié. Pour le jour 2, Saint-Louis Jazz propose au public Rosa Brunello, une bassiste et compositrice italienne connue pour sa polyvalence qui fait le lien entre l’improvisation libre, le rock électrique, le dub et les influences sud-américaines. Passionnée par le mélange de sons acoustiques et électroniques, elle transcende les frontières entre les genres, incarnant sa devise «musique sans frontières». Ses nombreuses années d’études et de représentations à Berlin, Paris et Amsterdam, et ses nombreuses tournées à travers le monde, mais aussi ses remarquables prestations au Canada, en Egypte et en Europe font d’elle une valeur sûre du jazz moderne et une belle attraction pour la scène de Baya Ndar.
Le Sénégalais Alune Wade, proposé pour la deuxième partie, est lui aussi un bassiste élevé au jazz fusion des années 90, il est devenu un instrumentiste couru et un compositeur inspiré. Citoyen engagé pour son pays et son continent, il a été de tous les combats en faveur de la démocratie, jusqu’à l’avènement de la dernière alternance. Désormais musicien XXL, il peint des arabesques et tisse des ponts entre les cultures. De Paris à Casablanca, en passant par La Havane ou New York, ce natif de Dakar, fils d’un joueur de cor d’harmonie qui fut patron de la fanfare militaire, est toujours sur les routes afin d’explorer de nouvelles saveurs musicales.
Son nouvel album, New African Orleans, le 6e, ne déroge pas à la règle. Paru le 2 mai dernier, New African Orleans a été mijoté aux confluences du jazz et de l’afro-beat.
Vendredi, le Portugal sera à l’honneur avec le pianiste et compositeur Marco Mezquida qui, déjà à l’âge de 36 ans, est auteur d’un impressionnant catalogue d’œuvres et de récompenses qui, pour de nombreux artistes, représenteraient l’œuvre d’une vie. Mezquida, devenu un musicien culte international, est un improvisateur et un arrangeur polyvalent, un pianiste virtuose et versatile. Il a enregistré plus de vingt albums en tant que leader, et plus de quarante en tant que sideman ou collaborateur sur de nombreux projets. Sa popularité l’a amené à se produire dans le monde entier, dans les plus grandes salles de concert et dans les festivals de jazz, de Tokyo à Buenos Aires. Une belle découverte aussi pour le public de Saint-Louis qui n’aura rien à envier à ceux de grands plateaux mondiaux du jazz.
Arnaud Dolmen de la France, pressenti pour la deuxième partie grâce à l’appui de l’ambassade de France et de l’Institut français, sera lui aussi l’une des attractions de la 33ème édition. Batteur, compositeur, producteur, il fait partie des artistes les plus plébiscités de la scène jazz contemporaine. Ses distinctions incluent les Victoires du Jazz, «Musicien français de l’année», «Top 3 des meilleurs batteurs de l’année» par Jazz Magazine et Jazz News. Saint-Louis Jazz accueille par son passage sur la scène de Baya, un des musiciens les plus plébiscités de la scène jazz contemporaine, une véritable tête d’affiche à découvrir à tout prix.
Pour une clôture en apothéose, Salvador Sobral du Portugal fera son baptême de feu sur la scène du Festival international de jazz de Saint-Louis avec le projet Timbre, son quatrième album. Un album de 11 chansons originales dont 10 sont écrites en collaboration avec le compositeur et producteur Leo Aldrey. Né en 1989, Salvador Sobral est un des noms les plus connus de la musique contemporaine portugaise dont il est, certainement, une des plus belles voix. Il a vécu au Portugal, aux Etats-Unis, à Mallorca et à Barcelone, où il a étudié le jazz pendant deux ans à la prestigieuse école Taller de Músics. Vainqueur du Concours de l’Eurovision en 2017, il multiplie, depuis, les prix et distinctions au Portugal et à l’international.
Pour le dernier concert de cette 33ème édition, le mythique groupe de jazz fusion Sixum de la France signera son retour sur la scène. Fameux sextet de fortes personnalités avec une complicité remarquable, les références de ce all-stars band demeurent encore aujourd’hui Weather Report et Miles Davis. Une véritable machine à Groove exaltant, un jazz très coloré aux allures funk et afro-caribéennes. Une section rythmique chaleureusement tenue par Michel Alibo à la basse et Paco Sery à la batterie. Une énergie et une puissance scéniques à vivre absolument pour clôturer l’édition 2025.
Après ces concerts In qui focaliseront l’attention des festivaliers, le grand public aura droit à une grande scène Off, avec le jeune Saint-louisien Tex et ses invités pour une sorte de Grand bal, histoire d’impliquer certainement tout le monde à cette grande fête de la musique jazz qui, désormais, est au premier rang des rendez-vous du jazz aussi bien au Sénégal qu’en Afrique.
Un programme artistique et culturel riche et varié
A côté du programme musical, l’association Saint-Louis Jazz a également concocté plusieurs activités parallèles pour agrémenter le séjour des festivaliers. Il s’agit, entre autres, d’une série d’activités culturelles dont un webinar, des expositions, des projections de films, une masterclass et des panels. Le Centre des jeunes dirigeants (Cjd) s’associe à Saint-Louis Jazz pour organiser une plénière autour du thème : «Art et culture : vecteurs de richesse et d’emplois.» Ce moment d’échanges, ouvert à tous, se tiendra le vendredi 30 mai au Centre de recherche et de documentation de Saint-Louis, ex-Ifan. Ce sera l’occasion de réfléchir collectivement au rôle stratégique de la culture dans le développement économique et la création d’opportunités pour les jeunes. Le cinéma sera aussi à l’honneur avec la projection du film Tukki, from Roots to the Bayou, de Alune Wade et Vincent Le Gal dans le cadre du projet New African Orleans du Musée Ker Thiane du quartier Sud.
Une exposition de peinture est aussi prévue avec Alioune Kébé dans Griot de la Peinture au Centre Ndar Weesul, dans l’île Sud, près de la cathédrale. Le public aura droit également à une exposition d’arts visuels -performances de danse avec Nd’art Moove à la Place Kawsara (Quai Nord près de la mosquée), une exposition photos sur le jazz et une projection du film documentaire Amonna fi de Bara Diokhané à la salle de cinéma de l’Institut français. Un programme culturel accompagné de séances de formation et de masterclass pour les plus jeunes en quête de formation.