Le mouvement Y’en  a marre vient de créer la structure «Karibu», qui est un programme novateur et original installé au Sénégal. Selon Mme Maïmouna Ndiaye, responsable administrative du mouvement, «Karibu», qui signifie bienvenue en swahili, serait une cité sécurisée d’accueil, de protection et d’apprentissage pour diverses cibles contraintes de quitter leur environnement, aussi pour diverses raisons. ««Karibu» est composé de nombreuses activités, catégorisées à travers 3 grands volets, qui abordent plusieurs chantiers de la vision du Nouveau type de Sénégalais du mouvement : formation à la citoyenneté, arts et cultures urbains, paix, solidarité et renforcement, etc. En Afrique, des régimes, démocratiquement élus pour la plupart, ne cessent de muter et de finir par prendre la forme de pouvoirs autoritaires et totalitaires. Ils restreignent les libertés des citoyens, tripatouillent les constitutions pour s’éterniser indéfiniment au pouvoir. Abusant de leurs pouvoirs à des fins personnelles, ils domestiquent les institutions, foulent aux pieds les droits fondamentaux des populations, les répriment souvent, ou pire les tuent», dit-elle. Face à la presse, Mme Ndiaye enchaîne : «Des voix se sont élevées contre ça. Elles sont celles de femmes et d’hommes militants, activistes, journalistes, artistes engagés, lanceurs d’alerte, etc. Malheureusement, vulnérables face à ces régimes violents, illégaux et disposant d’un  rapport de forces défavorable, ils sont de plus en plus persécutés et/ou contraints à l’exil.» Mme Ndiaye renseigne que ces répressions physiques et intimidations contraignent bon nombre d’entre eux à partir pour rester en vie. «Un départ soudain qui se passe dans des conditions extrêmement difficiles, souvent hors du continent, loin des leurs. Cette problématique spécifique existe parce qu’il manque en Afrique des lieux dédiés, offrant sécurité, hospitalité et protection à ces porteurs de voix», explique Mme Ndiaye. Cette structure est destinée à accueillir les défenseurs des droits fondamentaux, les citoyens africains et les artistes engagés. ««Karibu» ouvre ses portes en Afrique, plus spécifiquement au Sénégal, et au sein de cet espace, les militants/activistes africains, issus des diasporas ou des autres continents, et toutes les personnes ayant trait à la défense des acquis démocratiques, les artistes engagés, pourront se retrouver et se renforcer. Pour pouvoir continuer à jouir un minimum de leurs droits fondamentaux essentiels et/ou protéger leurs proches. «Karibu» est une opportunité d’avoir une mainmise sur l’exil des militants et/ou défenseurs des droits fondamentaux, fait la plupart du temps en dehors des frontières du continent. Réduisant la distance avec leur pays d’origine, la relocalisation offerte par «Karibu» sera dorénavant face aux obstacles cités, une solution, notamment via la conservation de l’hospitalité continentale», ajoute-t-elle.

Sur un autre registre, les initiateurs renseignent que «Karibu» vise aussi à parfaire une stratégie militante et repenser l’exil en proposant des approches et services de protection et d’accompagnement avec des espaces de loisirs, d’apprentissage et de travail, de l’assistance juridique, médicale et psychologique. «Cette cité est également un espace de référence dans les domaines de la promotion et de la mobilité citoyenne, de production de connaissances et de savoirs artistiques. Ainsi dans cet espace, les hôtes, habitants et habitués de «Karibu» pourront surtout dialoguer et échanger sur les problématiques qui les touchent et trouver ensemble des solutions.
En œuvrant pour le développement et la promotion de la citoyenneté africaine active et la défense des droits fondamentaux, toutes les compétences, expériences, savoir-faire des hôtes de «Karibu» contribueront à l’animation de l’espace sur les plans culturel, artistique, intellectuel, entre autres», détaille Maïmouna Ndiaye, responsable administrative de Y’en a marre.

Démarrage de la phase-pilote à Guédiawaye
Aujourd’hui, «Karibu», logé à Guédiawaye, est en phase expérimentale. Si le centre actuel est en location, Y’en a marre prévoit la construction de l’infrastructure sur un espace de 2000 m2 prochainement, qui sera une résidence d’accueil et d’hébergement pour des militants défenseurs des droits fondamentaux et des acquis démocratiques, africains et de ses diasporas, forcés à s’exiler.  «Gérer et animer, au sein de la cité, un espace dédié à l’apprentissage, la capacitation, l’échange et le partage d’expériences pour des militants, défenseurs des droits fondamentaux et des acquis démocratiques, issus du monde», renseigne Mme Ndiaye.
Par Abdou Latif MANSARAY – latifmansaray@lequotidien.sn