Processus international, intergouvernemental, volontaire et informel sur les questions migratoires et le lien entre migration et développement, le 14e Forum mondial migration et développement (Gfmd) s’est ouvert hier au Centre international de conférence de Genève (Cicg), sous la thématique du réchauffement climatique. L’une des principales causes du déplacement des personnes, il a fait plus de 30 millions de personnes déplacées en 2022. Présidant le forum depuis le 1er juillet 2022, la France a été représentée par Aurélien Lechevallier, Directeur général des Affaires économiques et culturelles mondiales au ministère de l’Europe et des affaires étrangères de la France.Par Pape Moussa DIALLO (Envoyé spécial à Genève) –
Le changement climatique et/ou son impact sur la mobilité humaine a été au cœur des discours qui ont alimenté la cérémonie d’ouverture du 14e Forum mondial migration et développement (Gfmd) sous la présidence française, en l’absence du Sénégal qui se serait désisté de la coprésidence à la suite du remaniement ministériel qui a emporté Moïse Sarr en sa qualité de ministre en charge des Sénégalais de l’extérieur auprès du ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur. Ce n’est pas fortuit si la question du changement climatique a été la thématique principale autour de laquelle 6 autres vont être abordées au courant des 3 jours que vont durer le forum. Il s’agit de l’impact du changement climatique sur la mobilité humaine, migration et droits humains, diasporas, migration de travail et inclusion socioéconomique, culture et discours, et enfin la gouvernance intergouvernementale de la migration. D’après l’organe des Nations unies en charge de la question climatique, dans un monde en proie au changement climatique, les migrations environnementales «prennent une ampleur sans précédent, se traduisant par les déplacements forcés de millions d’individus à travers le monde».
Conscient de l’impact que le changement climatique a sur la mobilité des personnes, Aurélien Lechevallier, Directeur général des Affaires économiques et culturelles mondiales au ministère de l’Europe et des affaires étrangères de la France, exprime des pensées émues à l’endroit des disparus des chemins tortueux de la migration. «Il faut renforcer le droit des migrants», a-t-il dit dans son discours, sans pour autant oublier d’appeler à des solutions qui doivent venir de «toutes et de tous». Toujours dans son discours, il assure que seule «une gouvernance multiniveau permettra d’apporter des réponses collectives aux enjeux des migrations». A en croire M. Lechavallier, ces dernières décennies «émerge» un nouveau paradigme dans le «traitement» et la «compréhension» des mobilités humaines en raison du dérèglement climatique et la dégradation de l’environnement. Avant de poursuivre : «Cette thématique est chère à la France et à l’Europe depuis les Accords de Paris 2015 sur le climat, et s’associe aux travaux sur les déplacements induits par le réchauffement climatique.» Pour Amy Pope, Directrice générale de l’Organisation internationale pour les migrations (Oim), «le changement climatique est au cœur des désastres qui minent la planète». Et, la directrice de l’Oim de faire savoir que le changement climatique est «l’un des principaux facteurs du déplacement des personnes». Elle informe qu’en 2022, «33 millions de personnes ont été déplacées dans le monde». Pour elle, il est impérieux, voire nécessaire de «traiter tous les facteurs contraires à la migration et de reconnaître l’apport des migrants aussi bien pour les pays d’origine que d’accueil». «Sans une nouvelle politique de gouvernance mondiale de la migration, on ne pourra pas atteindre les résultats escomptés», a-t-elle laissé entendre. Quant à Shoka Noda du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), «les conflits et violences, entre autres, ne cessent de s’étendre et poussent les gens à partir de chez eux dans des conditions jamais encore connues». Pour cette dernière, il ne fait aucun doute que les pays d’accueil bénéficient de l’apport de la migration. C’est pourquoi, convient-elle, qu’il faille «lutter contre les violations des droits des migrants, la montée du racisme, du discours xénophobe, et surtout initier de vraies politiques pour traiter les véritables causes qui poussent les personnes à partir de chez elles». Elle conclut en indiquant qu’il faille «amorcer un nouveau paradigme avec un monde plus sûr et plus juste». Présente à la rencontre, la Colombie, qui doit assurer la prochaine présidence du forum, n’a pas manqué de prendre la parole pour s’engager à poursuivre le travail déjà entamé dans un esprit inclusif et participatif de tous les acteurs. Gustavo Gallon, représentant permanent de la Colombie au sein du Gfmd 2024-2025, note que son pays, dans la perspective de la présidence de cette structure, va «proposer un agenda inclusif avec la participation de tous les acteurs». Ce, non sans promettre que son pays va placer sa présidence sous le signe du respect des droits humains. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) tire la sonnette d’alarme, prévoyant qu’en 2050, plus d’un milliard de personnes dans le monde pourraient être exposées à des risques climatiques tels que l’élévation du niveau de la mer, les inondations, les sécheresses et autres catastrophes naturelles. Sans actions pour réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre, «près de 216 millions de personnes devront se déplacer à l’intérieur de leur pays d’ici 2050», selon la Banque mondiale.