Annoncé par Emmanuel Macron en septembre dernier, un One ocean summit s’est ouvert hier pour trois jours à Brest (Bretagne). L’océan, espace de transport et de nourriture, représente de surcroît le véritable poumon de cette planète. Olivier Poivre d’Arvor, missionné pour organiser l’événement, promet «un sommet de solutions et d’engagements» pour «protéger et exploiter durablement» les mers. Les Ong, elles, attendent de voir et cristallisent leurs critiques sur la zone d’ombre du programme : l’exploitation minière des grands fonds.

L’océan est le milieu naturel de tous les superlatifs. Il couvre 70 % de la surface terrestre, fournit 50 % de l’oxygène que nous respirons et retient dans ses abysses, 30 % du CO2 produit par l’homme, faisant de lui le premier puits de carbone de la planète. Il est le grand régulateur du climat. «Parler de changement climatique sans l’océan, c’est oublier le cœur-même de la machine climatique», estime l’océanographe émérite, Fran-çoise Gaill. En outre, l’environnement le plus sauvage est aussi l’un des plus vitaux. Plus de trois milliards de personnes dépendent de sa biodiversité marine et côtière pour vivre, selon l’Onu. Et si l’océan était un Etat, son Pib (sa richesse halieutique donc) ferait d’elle la septième puissance mondiale, «grâce à une production ann-uelle de biens et de services évaluée à 2500 milliards de dollars», avait calculé le Wwf en 2015.
Un trésor pourtant quasi-inconnu (10 % des profondeurs auraient été explorés) et qui s’érode à grande vitesse, faute de protection. Car «comment protéger ce que l’on ne connait pas ?», rappellent volontiers les chercheurs. Il est en outre très peu réglementé. Et pour cause : 64 % de l’océan se situe dans les eaux internationales dont les ressources, bien commun de l’humanité, appartiennent à tous et à personne à la fois. Véritable jachère juridique, la fameuse haute-mer s’étend au-delà des zones côtières, archipélagiques ou Zones économiques exclusives (Zee) qui appartiennent aux Etats. La France possède ainsi le deuxième espace maritime mondial, derrière les Etats-Unis. Cette «zone», comme les spécialistes l’appellent, échappe à toute juridiction, et donc à une protection digne de ce nom -autrement dit contraignante- face aux nombreuses menaces anthropiques : pollution plastique, surpêche, pêche illégale, destruction des écosystèmes, bruit en milieu marin et sous-marin, collisions entre les cétacés et les navires, extraction du pétrole et du gaz… Et bientôt, probablement, une exploitation des grands fonds, riches en minéraux.
Des engagements annoncés
L’océan valait donc bien un sommet entièrement dédié -il est souvent le parent pauvre des conférences sur le climat. Poser de nouveaux jalons pour réguler ce grand bleu international, afin de mieux protéger ses ressources : tel est l’objectif du One ocean summit qui se déroule du 9 au 11 février à Brest, baptisée «capitale de la maritimité» lors de sa présentation au Quai d’Orsay par celui qui présida la région, Jean-Yves Le Drian, local de l’étape. L’événement s’inscrit dans la foulée des One planet summit, organisés depuis 2017 (Finance climat, Action climatique, Afrique, Biodiversité). La France, qui organise l’évènement dans le cadre de la présidence de l’Union européenne dont elle vient de prendre la charge pour six mois, promet un «sommet de solutions et d’engagements», selon les termes de Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur des Pôles et missionné par Emmanuel Macron pour réussir ce rendez-vous.
Rfi