Le Secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts), Mody Giro, a tiré, mardi, un bilan mitigé du premier Pacte national de stabilité sociale et d’émergence économique (Pnssee) alors que le ministre du Travail estime que des pas ont été franchis. «Je dois souligner d’emblée que les résultats (…) durant les trois années de sa mise en œuvre, restent tout de même mitigés, si l’on se réfère aux quinze paquets de mesures qui figurent sur la matrice, après la première évaluation du 6 avril 2017», a-t-il déclaré, à l’occasion de l’atelier tripartite d’évaluation du Pnssee.
Ce pacte a été signé en avril 2014, lors de la conférence sociale, par le gouvernement, les organisations d’employeurs et de travailleurs, pour une période de trois ans. Il avait pour objectif de «contribuer à l’instauration et à la consolidation d’un climat social apaisé, propice à l’émergence économique, à travers une transformation structurelle de l’économie, une amélioration significative des conditions de vie des populations et le renforcement de la sécurité et de la stabilité de la gouvernance, entre autres». Selon Guiro, en signant le pacte, les travailleurs avaient le double souci de préserver la paix sociale en milieu professionnel et d’accroître la productivité du travail et la compétitivité des entreprises.
Pour ce faire, a-t-il dit, les organisations syndicales signataires de la charte sociale, cadre d’impulsion du dialogue social au Sénégal, avaient émis des préalables avant toute signature d’une convention de cette nature, parmi lesquels, l’allongement de l’âge de la retraite à soixante ans dans le secteur privé. Il a aussi évoqué l’application des accords signés avec les syndicats de l’enseignement, de la santé, la justice, les collectivités territoriales et ceux du secteur agricole, ainsi que l’augmentation généralisée des salaires dans le secteur privé.
Pour le Secrétaire général de la Cnts, après trois années d’exécution, «il est fort regrettable de constater pour tous ces points auxquels le gouvernement s’était engagé à satisfaire, l’écart existant entre les actions prévues et leur niveau de réalisation». S’agissant des organes chargés du suivi et d’évaluation du pilotage du pacte mis en place, «aucun organe ne fonctionne à ce jour», a-t-il affirmé, hormis la réunion du conseil d’orientation convoquée par le Premier ministre d’alors en 2016 ainsi que l’atelier d’évaluation de 2017. A l’en croire, c’est faute d’un bon suivi que les résultats sont en deçà des attentes des partenaires sociaux, préconisant aux acteurs concernés de «faire le point sur les problèmes afin de déboucher sur des perspectives heureuses».
Pour le ministre du Travail, du dialogue social et des relations avec les institutions, Samba Sy, le fait de dire que le bilan est mitigé c’est également reconnaître que des pas «ont été faits». «L’un des résultats les plus tangibles auxquels nous sommes parvenus, c’est le fait que nous ayons cet espace de paix et de dialogue autour duquel nous pouvons partager et échanger, une grosse chance que tout le monde n’a pas», a-t-il avancé. Selon lui, c’est fort conscient de cet acquis que le chef de l’Etat, convaincu de la pertinence de ce cadre moderne et inclusif de dialogue social qu’est le Pnssee, a donné, le 22 mai dernier, en Conseil des ministres, «des orientations en vue de mener les diligences nécessaires pour l’adoption d’un nouveau pacte en phase avec la nouvelle séquence 2019-2024 du Pse».
Ledit pacte, a-t-il poursuivi, «devrait aussi épouser à coup sûr, les contours des priorités définies par l’Organisation internationale du travail (Oit), relatives à un avenir du travail centré sur l’humain et contribuer à la mise en œuvre du Programme des Nations unies pour le Développement durable à l’horizon 2030». Ainsi, «l’évaluation de la mise en œuvre du Pnssee, arrivé à expiration, permettra de consolider les acquis économiques et sociaux mais aussi de parfaire notre modèle de dialogue social à travers la conclusion d’un nouveau pacte», explique Samba Sy.
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