La Stratégie nationale de protection de l’enfant est dans une phase de mise en œuvre, mais bute sur des difficultés. La Conafe s’est réunie avec les acteurs de la protection de l’enfant au cours d’un atelier pour discuter des problèmes et proposer des solutions. Ils comptent poursuivre le plaidoyer pour amener le Premier ministre à tenir la réunion du Comité intersectoriel.

C’est à la suite d’un long processus de concertation que les acteurs de la protection de l’enfant ont élaboré la Stratégie nationale de protection de l’enfant (Snpe), cadre de référence pour les acteurs de la promotion des droits de l’enfant. Depuis 2013, la mise en œuvre est en train de se faire, mais avec beaucoup de difficultés. Déjà, il était prévu que le Premier ministre préside tous les 6 mois le Comité intersectoriel mais, révèle François Raoul Latoufe, président de la Coalition nationale des associations et Ong en faveur de l’enfant (Conafe), Mahammad Boun Abdallah Dionne a dit devant tous les acteurs qu’il ne convoquera pas de Comité intersectoriel tant qu’on n’a pas le Code de l’enfant. Or, indique le président de la Conafe, cela n’a rien à voir. Puisqu’à travers le Comité intersectoriel, «on peut régler le Code de l’enfant. Parce que dans le plan d’action de la Snpe figure l’adoption du Code de l’enfant», soutient le président de la Conafe qui exprime son étonnement. «On ne comprend pas que le Premier ministre puisse prendre une décision pareille sans pour autant que les gens ne réagissent.» Loin de se décourager, la Conafe a décidé d’adresser un courrier pour relancer le Premier ministre pour la tenue de la réunion du Comité intersectoriel. Mieux, elle compte faire un plaidoyer fort auprès de la plus  haute autorité.

Les préfets, facteurs de blocage dans la marche des Cdpe
Autres problèmes dans la mise en œuvre de la Stratégie nationale, la fonctionnalité des Comités départementaux à la protection de l’enfant (Cdpe). La plupart ne marchent pas comme le voudrait la société civile. Les acteurs de la protection de l’enfant incriminent les préfets et les maires qui président ces comités départementaux. «C’est la volonté du préfet ou du maire qui prévaut. S’il ne veut pas qu’une association fasse partie du comité, elle n’en fera pas partie. La société civile n’a aucune emprise sur l’autorité administrative», dénonce un des coordonnateurs régionaux de la Conafe. Or, souligne-t-il, «le Cdpe n’appartient pas aux préfets ni aux maires, c’est un outil du département».
Le coordonnateur de la Conafe à Thiès réclame des actions «concertées» et «partagées» avec la société civile pour la bonne marche des Cdpe. Ababacar Mbacké Diop fustige l’attitude de l’autorité administrative surtout quand des abus et des violences sont exercés sur des enfants. Il donne l’exemple du talibé qui a récemment perdu la vie dans un incendie dans un daara appartenant à un marabout. «L’autorité administrative a voulu étouffer l’affaire allant jusqu’à interdire le point de presse du Cdpe. Les considérations sociétales ne doivent pas être au-dessus de l’intérêt des enfants. La loi est là pour tout le monde. Elle ne doit pas être flexible pour X et rigide pour Y. Quels que soient le rang, le statut, fut-il le marabout, ou le simple citoyen, la loi doit s’appliquer à lui», estime-t-il. Des complaintes qui reviennent très souvent, d’après la représentante de l’Unicef à cet atelier. Elle suggère aux acteurs de la société civile qui demandent une révision des textes de proposer une solution face à ce problème des préfets et maires. «Discutez-en, amenez sur la table des solutions ou propositions ! Nous sommes associés avec 19 Cdpe et entendons souvent ces récriminations. Ce n’est pas négligeable», énonce-t-elle.

Problèmes de financement
A ces problèmes, il faut aussi noter la question du financement. «Si l’Unicef se retire, il n’y aura plus de Cdpe qui fonctionne. Ces outils mourront de leur belle mort», indique le représentant de Sédhiou qui demande à l’Etat de mettre ses sous. Les acteurs demandent aussi une plus grande participation des enfants dans les Cdpe. «Les heures de réunion coïncident avec les heures de classe. Cela doit être revu. Pour les enfants qui assistent aux réunions, on doit aussi leur donner la parole et prendre en compte leurs opinions», relève un acteur de la protection de l’enfant.
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